Couple de rhododendrons géants, Quimper (Finistère)

Il y a quelques années, alors que je me trouvais au Sud de l’Inde, j’avais rencontré des voyageurs qui arrivaient de l’Himalya. De tous leurs récits d’aventure, une description m’est restée en mémoire comme une légende. Sur les contreforts des montages au Buthan, ils avaient pu déambuler dans des forêts géantes de rhododendrons… « Des forêts » clamaient-ils, car les spécimens couverts de fleurs dépassaient largement les 25 mètres de hauteurs.

Parfois dans mes rêves les plus fous où j’explore ces montagnes gigantesques et pleines de mystères, je me vois déambuler au cœur de ces forêts d’arbres à roses géants… Jamais je n’aurais pu imaginer que de tels arbres puissent s’épanouir sur notre territoire.

C’est Yvon, qui encore une fois [1][2], nous fait découvrir un prodige arboricole de Bretagne.

« Voici un massif impressionnant de deux rhododendrons Southamptonia qui culminent à environ 10-11 mètres de hauteur. Ils se trouvent à Quimper au lieu-dit Tréqueffellec en Kerfeunten. Ils auraient été plantés il y a environ 130 ans par la famille De L’Écluse. »

« Je dois cette trouvaille et ces informations à un ami, Jean-François, qui est un passionné de rhododendrons et qui en possède lui-même dans son jardin plus d’une trentaine. Les troncs sont multiples, je ne les ai pas mesurés car il aurait fallu rentrer dans la propriété. »

« Le rhododendron est parfaitement visible de l’extérieur de la propriété sans aucune gêne donc pour les propriétaires. La floraison de cette variété est assez hâtive, deuxième semaine d’avril cette année mais malheureusement assez brève. Il faut arriver au bon moment ! »

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Le vieux shinus de Menton (Alpes-Maritimes)

Parmi les nombreuses découvertes botaniques et arboricoles faites par Alexis dans le Sud au cours de cet été, il est un arbre qui occupe à ses yeux une place de choix.

« Partageant le podium avec le camphrier et la caroubier, le faux poivrier (Schinus molle) est un arbre que je ne connaissais pas il y a encore peu de temps, et c’est aujourd’hui un plaisir que de le croiser régulièrement dans les villes et les jardins du littoral méditerranéen. »

« Il y a plusieurs raisons qui me font l’apprécier et la principale est que ses fruits ne sont autres que les baies roses, épice que j’ai plaisir à utiliser en cuisine et dont j’ignorais jusqu’alors l’origine. J’aime beaucoup ses longues feuilles composées qui pendent délicatement, s’agitant au gré du vent, et je lui trouve aussi une très belle écorce. »

« Pour ce qui est de sa silhouette naturelle par contre, je n’ai pas encore eu le plaisir d’en profiter, tous les spécimens que j’ai croisés ayant subi des élagages répétés. C’est avec une joie non contenue que j’ai découvert un superbe représentant de cette espèce dans les rues de Menton, ville au patrimoine botanique impressionnant. »

« Il pousse dans les hauteurs de Menton, sur le boulevard de Garavan et mesure 3m90 de circonférence à 1m30 de haut. Son âge et son histoire sont pour moi un mystère mais son tronc creux et boursoufflé atteste le poids des années accumulées par cet arbre magnifique. »

« Je pense qu’il s’agit d’un rescapé d’un alignement aujourd’hui disparu et c’est un des arbres les plus intéressants que j’ai croisé dans ces alentours. »

Super content que tu aies accepté de partager avec nous ce reportage, grâce à toi j’ai enfin découvert d’où provenaient ces baies roses que j’utilise aussi régulièrement en cuisine (notamment avec des noix de Saint Jacques marinées à l’huile de noisette). Un très bel arbre avec une circonférence impressionnante, et avec un sacré contraste entre ses feuilles légères & effilées et ce tronc massif recouvert de bosses. Comme toi, je ne me risquerai pas à lui donner un âge, cependant nul doute qu’il s’agit là d’un bon centenaire.

Lire l’article original sur le blog d’Alexis, par ici.

L’araucaria de Canteleu (Seine-Maritime)

Évoqué par le passé dans un portrait [1] l’araucaria est un arbre qui m’épate depuis que je suis tout petit, et pourtant jusqu’à présent aucun « désespoir du singe » ne s’était montré sur le blog, mais c’était sans compter sur l’œil aiguisé de Sébastien !

« Il y a un arbre qui m’a toujours intrigué par sa forme et son allure étrange : l’araucaria. C’est pourquoi, à chaque fois que j’en croise, je ne peux me retenir de les observer. »

« C’est à Canteleu que j’ai pu voir l’un des plus gros. Du coup, il y a quelques jours, j’ai pris contact avec le propriétaire du parc où il se trouve. Génial, il me laisse rentrer pour prendre des photos et me donne des renseignements passionnant sur les arbres remarquables et plus particulièrement sur ce Désespoir des Singes qui à fière allure devant son manoir. (J’espère qu’il deviendra reporter à son tour !) »

« Cet exotique n’atteint pas encore chez nous la taille des géants des Andes et de Patagonie. Les plus vieux de France doivent avoir environ 200 ans. L’âge de ce spécimen correspond probablement à la première vague d’introduction car une photo du début du siècle montre le tronc déjà assez gros. En vieillissant l’arbre a pris petit à petit l’allure d’un parasol. »

« Il y a 12 ans, l’arbre se tenait bien droit, alors qu’aujourd’hui il penche de plus en plus. De profondes fissures sont apparues sur l’écorce à la base du tronc. On peut se demander si en retirant une grosse branche morte, le phénomène ne s’est pas accéléré. En tous cas, l’arbre ne sera pas abattu car le propriétaire souhaite le garder le plus longtemps possible. »

« Au niveau du sol, sa circonférence est de 4,90 m, ce qui est tout à fait respectable, alors qu’à 1,30 m il mesure 2,67 m. Les graines vides sur le sol permettent de déterminer que c’est un arbre femelle. Bien souvent les araucarias étaient plantés par deux, mais ici le second n’a pas survécu, il ne reste que la souche en terre. »

« L’araucaria se trouve dans un parc privé non accessible au public. L’araucaria est néanmoins visible depuis la rue Raymond Botté. Non loin de là il y a un vieux tilleul, un beau cèdre bleu de l’Atlas et de grands hêtres dominent le fond du parc. »

Merci pour la découverte de ce beau spécimen Sébastien, j’espère que cela ouvrira bientôt une catégorie en araucaria, ce sont de très beaux conifères ayant une grande longévité dans leurs contrées d’origine et atteignant des dimensions plus qu’honorables.

Afin de donner quelques précisions sur l’espèce, ainsi que quelques pistes pour retrouver les plus vieux spécimens, je citerai des extraits de l’ouvrage de F. Lesourd & E. Le Graverend [2]:

Tribu des Araucariées : genre Araucaria

En France, trois espèces sont représentées par des exemplaires de forte taille : l’Araucaria imbricata Pav. que l’on observe aussi bien en Normandie, Bretagne que dans le Sud-Est ; Araucaria bidwillii Hook. et Araucaria excelsa R. Br. ; ces deux dernières ne résistant en pleine terre que dans les régions les plus chaudes.

• Araucaria imbricata Pav. Syn. Araucaria araucana K. Koch.

L’Araucaria imbricata, le plus rustique des trois, est originaire du Chili, en particulier des montagnes du Sud ; on l’observe également dans les montagnes du Brésil et du Nord de l’Argentine, au Nord de la Patagonie et à la Terre de Feu. Il fut introduit en France en 1795.

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Vernis du Japon ?, Saint-Georges-sur-Layon (Maine-et-Loire)

Le reportage de Sisley & Francis sur le parc de Schoppenwhir [1] nous a présenté quantité d’arbres exotiques dont un fameux vernis du Japon, un arbre qui a rappelé à Gilles une de ses explorations en Anjou, où dans le village de Saint-George-sur-Layon il était tombé face à un ligneux qui lui avait posé du souci concernant la détermination de son espèce.

« Me rendant à Doué-la-Fontaine, j’ai freiné brusquement lorsque je l’ai aperçu sur la place centrale de ce petit village d’Anjou. C’était une silhouette imposante d’un type que je ne connaissais pas. En regardant les rameaux, ils me faisaient plus ou moins penser à ceux d’un noyer, mais la configuration générale de l’arbre ne m’évoquait absolument pas cette espèce. »

« Le hasard a voulu que je trouve quelques coques de noix à son pied, mais je me suis méfié. En regardant plus précisément, j’ai trouvé tout autour des grappes de graines plus caractéristiques [2]. Comme la mairie était fermée, je ne l’ai contactée que plus tard par téléphone.  La secrétaire m’a aimablement renseigné en m’indiquant qu’il s’agissait selon elle et ce qu’elle en avait entendu dire, d’un vernis du Japon [3]. »

« Un peu moins de 20 mètres de haut pour une circonférence à 1m30 de 3m80. »

« Malgré tout, le doute subsiste, car en cherchant sur la toile des renseignements sur cette espèce, il m’est apparu qu’il pourrait tout aussi bien s’agir d’une Ailante ou « faux vernis du Japon ». Cependant, je penche quand même pour la première hypothèse en m’appuyant sur la taille déjà imposante de cet arbre et le fait qu’il ne drageonne aucunement. »

« Je n’ai malheureusement plus l’occasion de retourner en mairie, mais une photo datant du début du siècle y est stockée dans les archives et elle montre la place du village avec ses routes en terres et le vernis tout jeune avec son tronc guère plus gros qu’un avant bras. C’est la seule pièce qui manque pour le portrait de cet arbre guère plus que centenaire. »

Merci pour la découverte de ce vernis du Japon Gilles, étonnant de trouver un tel spécimen sur une place de village, et puis il s’agit vraiment d’un beau centenaire en pleine force de l’âge et avec de belles dimensions (contacté la mairie afin d’obtenir cette vieille photographie, ainsi qu’une confirmation de l’espèce).

Du coup, nous allons bientôt pouvoir créer une nouvelle catégorie, car Sisley devrait bientôt nous présenter en détail celui qu’il a croisé dans le Haut-Rhin avec Francis.
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Reçu des photos anciennes du village où le vernis du Japon apparait.

Parc paysager de Schoppenwihr, Ostheim (Haut-Rhin)

Direction le Haut-Rhin, Sisley se propose de nous faire découvrir un parc arboré qu’il a visité au printemps avec Francis (comme il y avait plein de clichés j’ai opté pour un diaporama).

« Par une splendide journée de début avril, j’accompagnai notre cher Francis dans un dendro-trek et il ne se doutait pas une seule seconde de ce qu’il allait découvrir quelques heures plus tard. On visita pas mal de belles choses dans la matinée et le début d’après-midi (des articles seront bien entendu à la clé !) et 16h venue, je lui proposai un dernier arrêt, mais pas un comme les autres, le genre qui vous stoppe pour quelques demi-heures ! »

« On dut toutefois se dépêcher mais à la manière de reporters assidus ! En effet le parc fait pas moins de 40 hectares et les spécimens sont disséminés aux quatre coins de l’ensemble. »

« Une fois la grande allée de platanes traversée, on entre dans la cour du château, à notre gauche se tient un magnifique exemplaire de ginkgo biloba [1][2], qui semble ne plus être de prime jeunesse tout en ayant conservé une allure grandiose. Quelques pas plus loin nous amènent à contempler un spécimen de sophora du Japon qui malgré des dégâts de branchages semble avoir une certaine vivacité [3][4]. A peine retourné nous apercevons un chêne remarquable [5], moi et Francis constatons que la virée va être plein de surprises. Nous traversons des sentiers ombragés, en rencontrant un beau sycomore, un platane pour déboucher sur un étang, fièrement gardé par le doyen des lieux, un cyprès chauve comme j’en ai pas encore vu [6][7]. Sa silhouette et ses pneumatophores font qu’on ne peut se tromper sur son identification, il serait l’un des plus vieux d’Europe ! Le trajet continue et passant à côté d’un trio de platanes nous rejoignons un second chêne [8], tout aussi princier, et la moitié n’a pas encore été parcourue ! »

« En chemin, un jardinier du domaine nous informe que la pièce maîtresse du parc n’est pas loin, un chêne d’environ trois siècles, qui du être l’un des premiers arbres plantés ou déjà présent avant la ferme. En manquant un peu de qualificatifs, je dirai simplement que pour le troisième chêne vu, on va de plus en plus haut dans la prestance [9][10]. »

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« Continuant, un autre sujet nous interpelle, un vaste platane [11] qui nous amène tout bonnement à observer un gros cèdre du Liban [12] à la forme ne manquant pas de rappeler un chandelier. Arrivé au fin fond du territoire, nous rebroussons chemin pour explorer le côté sud. Tout en passant non loin d’un fameux hêtre, on rejoint le château et tombons au pied d’un mur où vit un curieux spécimen appelé vernis du Japon (toxicodendron vernicifluum ou rhus verniciflua) un arbre rare et singulier [13][14]. Puis on fait la rencontre d’un exemplaire de mélèze d’eau (metasequoia glyptostroboides) de belle taille [15], avant de poursuivre vers une lisière abritant un vieux chêne [16], le quatrième, qui semble avoir du mal à redémarrer, il est le dernier d’un trio, nous avait expliqué le jardinier. Ayant fait maints kilomètres, c’est en sortant du bois, qu’on remarqua un dernier arbre, et sur le coup, pas des moindres, un bel orme champêtre [17], fixant la limite du domaine, mais assez discret pour passer inaperçu aux yeux des plus distraits. »

« Le descriptif a été en somme assez rapide et non exhaustif, seulement c’est par souci de volume que j’ai décidé de faire plus simple. Des individus sont indiqués dans une brochure (ci-joint) avec le plan du parc et si je n’ai pas mis tous les arbres, c’est que certains ne me semblait pas correspondre au profil de la remarquabilité. »

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Petit détour par l’Afrique de l’Ouest

Au cours de l’année, j’ai rencontré plusieurs personnes qui ont soit habité en Afrique, ou alors qui s’y sont rendus en voyage. Et à les lire, ou à les écouter raconter ce continent, on sent bien qu’ils ont été profondément marqués par cette aventure. Ah ce que j’aimerai à mon tour me rendre en Afrique Noire, mais pour l’instant mes pas se sont arrêtés en Mauritanie, devant les sables du désert…

Du coup, je leur ai emprunté quelques clichés d’arbres rencontrés en Afrique de l’Ouest.

Suivons Jérônimo [1] à la rencontre d’arbres historiques en Guinée et au Sénégal.

“Pour le très vieux manguier de Kouroussa : la photo n’est pas de très bonne, la raison tient dans le fait que les gens n’aiment pas voir des blancs prendre des photos. En général je m’abstiens, je n’aime pas les palabres, mais pour ce balèze j’ai fait un effort… en sollicitant mon épouse native du pays pour appuyer sur le bouton. Kouroussa était un point fort de l’empire bâtit par Samory Touré, le rusé et sanguinaire chef malinké. A ses trousses, le colonel Archinard le poursuivit jusqu’en Guinée forestière où il fut capturé  en 1898 par celui-ci et le commandant de Lartigue.”

“Il est raconté que ce grand chef rebelle réunissait ses sofas (lieutenants) et rendait justice sous l’ombrage de ces grands arbres de Kouroussa.”

“On rencontre de bien plus grands fromagers que celui de Saraya. “

“En revanche, cet arbre à dû voir passer sur ses racines René Caillié. Il fit étape, comme il le relate dans son livre, dans ce petit village en 1828 lors de son incroyable aventure qui à pied lui fit relier la ville de Boké en Guinée au Maroc (prend un atlas pour visualiser son parcours et tu seras essoufflé, même dans ton fauteuil !).” Lire la suite