Le Gros Sapin de la Praille, Hauteville-Lompnès (Ain)

Retrouvons à nouveau François qui nous avait dévoilé de très beaux arbres en Suisse [1][2], mais aussi de notre côté de la frontière où il a déniché de fameux spécimens [3][4][5].

« Après avoir rendu visite au tilleul de Sully de Cormaranche-en-Bugey [6], on s’en voudrait de patrouiller sur le Plateau d’Hauteville-Lompnès sans monter au site de ski nordique de la Praille pour s’y oxygéner les poumons et rendre hommage à un sapin (Abies alba) aussi fabuleux que discrètement situé en forêt, à une vingtaine de mètres de la lisière au marais de la Praille 1108 m (IGN 3230 OT Nantua, GPS 704 150 / 5096 480). »

« Ce géant impressionnant est un chandelier à tiges multiples, au branchage serré, et il affiche un tour de taille de 512 cm. Un phénomène aussi remarquable que, semble-t-il, relativement méconnu hors de la région. »

« Pour s’y rendre, prendre à Hauteville-Lompnes la route D9 du col de la Rochette, parquer au site de la Praille, puis se diriger au N pour atteindre en un petit quart d’heure une bifurcation des itinéraires de ski au marais de la Praille 1108 m, quelques mètres après laquelle, sur l’embranchement de droite, un panneau fléché indique le Gros Sapin.  »

Merci pour cette belle découverte François, quoi de mieux qu’un sapin en fin d’année ?

Un fût court et puissant pour ce sapin au port en candélabre spectaculaire, les branches nombreuses et serrées sont du plus bel effet. Un sapin blanc qui me rappelle étrangement les sapins Gogants suisses [7] que nous a dévoilé Agnès au fil des ans.

Les sapins « vrillés », La Croix-aux-Mines (Vosges)

Direction les Vosges pour découvrir un phénomène surprenant au cœur de la forêt de des Hospices de Pompey sur la commune de La Croix-aux-Mines. Car si nous avons déjà publié sur des feuillus au tronc spiralé (châtaigniers, arbres de Judée, poiriers), nous n’avions pas encore rencontré de résineux montrant de telles caractéristiques (le phénomène existe chez de nombreux gymnospermes, mais la spiralisation y est beaucoup moins facile à déceler que chez les feuillus, et il faut retirer l’écorce pour la mettre en évidence). Les deux sapins blancs envoyés par Marie présentent eux une croissance en hélice fortement marquée.

« Voici le premier, un sapin mort sur pied n’ayant plus d’écorce. »

« Mesure du sapin vrillé sans écorce : 267 cm de tour de taille. »

« Le deuxième quant à lui est bien vivant, il s’agit également d’un sapin blanc situé au même endroit à quelques centaines de mètres de l’autre. »

« Une circonférence de 285 cm. »

« Les arbres vrillés… certain parlent de causes telluriques, c’est vrai qu’ici le sous-sol est argentifère et il y a aussi du cuivre (il y eu beaucoup de mines par le passé). Sur la zone de ces arbres-là, j’ai remarqué que beaucoup vrillaient plus modestement y compris des hêtres, et pour qu’un hêtre vrille il en faut de la force. Sur cette zone il y a de nombreux impacts d’obus. Voilà rien de bien scientifique : il ne s’agit que d’observations. »

Lire la suite

Le château de la Ménardière à Mazière-en-Gâtine (Deux-Sèvres)

Et si on retournait en Gâtine dans les pas de Yanick ?

« Dernier article de la série tir à l’arc du Lutin le vendredi soir, à moins que j’en ai oublié un. Et pourtant, c’est le premier que j’ai repéré l’année dernière lors de ces soirées découvertes. »

« Difficile en effet de ne pas repérer ce séquoia tant on peut l’apercevoir de loin. C’est dans le parc du château de la Ménardière à Mazières-en-Gâtine (aujourd’hui une maison de retraite propriété du Conseil Général) que se trouve ce beau séquoia d’une circonférence de 7m tout rond et d’une hauteur que j’évalue à 25-30m n’ayant pas assez de recul et le terrain n’étant pas plat pour le mesurer à la croix de bucheron. »

« Plus bas dans une jungle de lauriers, pousse aussi un sapin que j’ai eu le plus grand mal à photographier. Ici encore moins de recul, de plus je n’avais pas mon trépied et j’ai utilisé la méthode de Gilles pour le frêne de l’île Coton [1] en attachant mon appareil à une branche. »

« Sur le coup, je ne lui avais pas trop attaché d’importance n’étant pas très familier de cette essence. C’est en voyant les article de François que mon regard a changé et que je me suis dit qu’il serait bien de le présenter avec le séquoia. J’y suis donc retourné ce matin faire une photo de loin où on le voit avec le séquoia et le château. Sa circonférence est de 5m et pour sa hauteur, toujours le même problème de recul. Sur la photo il est à même hauteur que son compagnon, mais il est en contrebas de 4 à 5 m de celui-ci. »

« Un séquoia plus petit se trouve dans le parc, sa circonférence est de 5m tout rond. [2

« Sans compter quelques beaux platanes, chênes, érables, cèdre et frênes. »

Lire la suite

Le seigneur de Sallanchon, Gresse-en-Vercors (Isère)

Suivons François sur la trace d’un sapin d’exception du Vercors…

« Cela faisait maintenant trois fois que j’entendais parler de ce sapin-là. »

« La première, celle par laquelle j’ai pris connaissance de son existence, ce fut avec la lecture du fascicule de la FRAPNA iséroise (Fédération Rhône-Alpes pour la Protection de la Nature), fascicule intitulé « De feuilles en aiguilles » et recensant les arbres remarquables du département. La fois suivante venait d’une discussion avec mon ami Pascal, professionnel des livres de montagne, et qui connait comme sa poche tous ces flancs du Vercors et leurs particularités. Lorsque je lui ai donc demandé s’il connaissait un gros arbre, quelque part, ce fut vers ce sapin qu’il m’orienta de suite. Et la troisième fois, ce fut tout récemment, par Sisley qui, fournissant un lien vers la liste établie par zamalban [1], me fit réaliser que cet arbre, répertorié sous l’appellation de « seigneur de Sallanchon », ne pouvait qu’être un balèze ! »

« Ces mots-là, on ne peut plus flatteurs, finirent de me convaincre que la balade était incontournable : il me fallait aller voir ce sapin ! »

« La voiture est à garer à quelques kilomètres de Gresse-en-Vercors. Une large piste forestière remonte à flanc de vallée, traversant une magnifique sapinière. Ici, beaucoup de spécimens dépassent les 30 mètres de hauteur même si leurs troncs ne sont pas tous forcement gros. Mais ce spectacle est ébouriffant, et je me suis régalé tout au long de cette randonnée ! Un premier sapin remarquable se présente, qui fait 3,55 mètres de circonférence. Il est vraiment beau mais ce n’est pas encore le bon. »

« En bordure de la piste, de nombreuses souches ont été laissées par les exploitants forestiers. Leurs coupes sont franches et propres et je ne me prive pas de procéder au comptage des cernes sur plusieurs d’entre elles, dont une avec 213 cernes [2]. Sur un premier échantillon de ces souches l’épaisseur moyenne des cernes se situe à 0,18 cm, valeur qui est bien faible. En observant ces lieux de plus près, une remarque s’impose : ces anciens arbres étaient tous dans des travers pentus, loin du moindre ruisseau et peut-être ont-ils souffert de cet emplacement médiocre et leur croissance en a-t-elle été ralentie ? »

« Plus loin, par contre, d’autres souches placées proche du fond d’un vallon, donc avec de l’eau facilement accessible, donnent une moyenne de 0,29 cm par cerne. Sans en faire une conclusion scientifique, je garde à l’esprit ces constatations. »

« Il faut marcher une bonne heure pour atteindre le colosse, et le chemin semble d’ailleurs avoir été tracé pour passer justement à son pied. Là, le spectacle ne déçoit pas. »

« Vraiment, ce sapin est d’une catégorie au-dessus, dans cette forêt, et son tronc est franchement plus gros que tous les autres. »

« La circonférence est difficile à mesurer tout seul, car le talus aval, très raide, rend l’opération malcommode et placer le ruban à l’horizontale a demandé bon nombre de réglages… Le résultat donne 5,00 m à 1,50 m du sol. C’est magnifique ! Il faut noter, histoire de donner l’échelle, que le panneau en bois donnant les informations sur l’arbre fait presque 2,40 de haut. Pour mesurer sa hauteur, cela est encore plus compliqué à faire et je ne peux pas y arriver. Nous en resterons aux 40 mètres annoncés, qui ont d’ailleurs toutes les raisons d’être exacts. Cinquante centimètre sous le ruban, je constate un ancien marquage de peinture rouge (visible sur la photo), mais sans pouvoir m’en expliquer l’utilité… Reprenant le chiffre des 0,29 cm par cerne et les 5 mètres de circonférence, un petit calcul donne 275 ans d’âge pour cet arbre, ce qui ramène donc le seigneur de Sallanchon à l’année 1740, et recoupe parfaitement l’information inscrite sur le panneau. »

« Bien content d’arriver à corroborer toutes mes mesures… ! »

« Après un bon moment passé là, force est de repartir. Et je ne peux me décider à m’en aller qu’en me promettant d’y revenir, afin de continuer à fouiller cette si belle et accueillante forêt. Et de découvrir alors, peut-être, d’autres merveilles ! »

Décidément tu te spécialises en sapins d’exception [3], merci pour cette nouvelle découverte François ! Très beau spécimen, bien droit avec un très bel enracinement à flanc de talus. Une circonférence qui traduit un âge déjà bien avancé, et encore une fois tes mesures de cernes sur les souches trouvées alentours nous fournissent des renseignements précieux. C’est vraiment chouette de te suivre dans tes excursions et de découvrir tous ces trésors cachés de l’Isère.
Lire la suite

Les sapins de la Jarjatte (Drôme)

Suivons François dans le vallon de la Jarjatte à la rencontre de sapins renommés.

« Relevant la tête et scrutant les alentours, je sortais une fois encore le petit croquis, bien succinct, sur lequel quelques traits dessinés à la hâte étaient censés m’amener au but. Ce but, auquel je rêve depuis déjà 8 semaines, c’est un gros sapin : « Très gros », m’avait dit le monsieur. Ces mots-là, comme s’ils avaient de la magie en leurs courtes syllabes, avaient aiguisé l’envie de savoir, et le besoin de voir. Et c’est à cause d’eux que je marche ici. »

« Selon le croquis, il faut maintenant quitter la piste, et entrer dans le plein de la forêt. L’arbre doit être à peu de distance, sur une vague butte. Quasi à l’aveuglette, je pénètre cette végétation, et brasse au milieu des branches basses, les repoussant à droite ou à gauche. Effectivement, une trentaine de pas vont suffire pour qu’apparaisse LE tronc, ou plutôt pour que LES troncs apparaissent. Parce que oui, les explications du monsieur disaient aussi que l’arbre possédait deux grosses branches, et qu’elles formaient une énorme fourche à la base du tronc ! Était-il possible que ce fut un sapin Gogant [1] ? La première vision qui se présente n’est pas très flatteuse : l’arbre est entouré par de nombreux buis qui le masquent en grande partie, et par ailleurs son tronc est percé de nombreux trous. »

« Contournant l’arbre pour le voir sur l’autre face où une clairière permet de prendre un peu de recul, et de mieux se rendre compte de ses proportions. Là alors, les yeux s’agrandissent, et le sourire peut s’imposer : il s’agit bien d’un arbre remarquable ! »

« Ce fût de 2 mètres court et massif, donne naissance à deux troncs parallèles qui montent droit vers le ciel, le tout ancré au sol par un réseau de racines apparentes et herculéennes. Quel plaisir que d’être là, face à l’Arbre, et de l’admirer. De le toucher aussi… »

« Tout à l’émotion de la rencontre, j’entame les démarches rituelles de mesures et photos. »

« Pour la circonférence, voyant le décamètre défiler ses nombreuses graduations, je ressens plus intensément encore le crescendo de la joie. Et cette course circulaire un peu folle amène finalement au chiffre imposant pour un sapin de 4,20 mètres. Pour ce qui est de la hauteur, les végétations tout autour empêchent le recul, et il n’y a pas moyen de la mesurer. Même trouver une perspective pour voir la cime s’avère infructueux. Il faudra donc en rester là. »

« Au milieu de la fourche, il y a un trou d’environ 30 cm de diamètre, et le double en profondeur [2]. Visiblement le souvenir d’un tronc qui a dû casser et pourrir depuis.  »

« Contemplant ce sapin, je me demandais quel pouvait bien être son âge. »

« Ayant fini d’user la curiosité concernant ce magnifique sapin fourchu, et rassasié de lui suffisamment, je pouvais alors continuer à remonter le vallon. Ici les sapins sont nombreux, et je savais qu’un lot d’entre eux, également remarquables, se trouvaient un peu plus haut, à ce qui est appelé localement « le déchargeoir », un lieu tout à fait exceptionnel. »

Lire la suite

Sapin de Numidie, parc Sasso Marconi, Sassenage (Isère)

Voici un arbre qui a donné quelques difficultés à François pour l’identification (à nous aussi).

« Derrière l’école de musique de Sassenage se trouve un petit parc, aujourd’hui aménagé avec des jeux d’enfants, mais dans lequel les propriétaires du siècle passé avaient planté quelques beaux arbres. En particulier, il y a un sapin de Numidie de bonne taille (environ 20-22 mètres) au joli port conique, planté face aux montagnes du Vercors. »

« Le tronc fait 3.50 mètres de circonférence (à 1.50 m du sol) ce qui est déjà une dimension respectable. Les feuilles de cet arbre sont spéciales, en aiguilles rigides et perpendiculaires tout autour du rameau. Bien que surprenantes au premier toucher, elles ne piquent pas car le bout est légèrement arrondi. » (voir le feuillage en détail ici)

« Au sommet, un bouquet impressionnant de cônes était en place début août. Aujourd’hui en novembre, les cônes sont presque tous décomposés et il n’en reste que les rachis : cela fait une image originale et l’on croirait qu’il s’agit de fleurs qui se trouveraient en hauteur ! »

Lire la suite