Se référant à l’œuvre divine de la création et au plan du salut qui lui est inhérent, on appelle le processus alchimique le Grand Oeuvre (Opus Magnum).
L’Opus part d’une mystérieuse matière première materia prima où les parties contraires, encore isolées, s’opposent violemment, mais qu’on intégrera petit à petit et qu’on mènera à l’état de parfaite harmonie sous la forme de la « pierre philosophale » ou lapis philosophorum : « tout d’abord, nous unissons, puis nous putréfions, nous dissolvons ensuite ce qui a été putréfié, nous purifions ce qui a été dissolu, nous réunissons ce qui a été purifié et nous le coagulons. Et c’est ainsi que l’homme et la femme sont un. »
Arbre est le nom que les Philosophes ont donné à la matière de la pierre philosophale, parce qu’elle est végétative. Le grand arbre des Philosophes, c’est leur mercure, leur teinture, leur principe, et leur racine ; quelquefois c’est l’ouvrage de la pierre. Un auteur anonyme a fait à ce sujet un traité intitulé : de l’Arbre solaire, de Arbore solari. On le trouve dans le 6e tome du Théâtre Chimique. Le Cosmopolite, dans son Énigme adressée aux Enfants de la vérité, suppose qu’il fut transporté dans une île ornée de tout ce que la nature peut produire de plus précieux, entre autres de deux arbres, l’un solaire et l’autre lunaire, c’est-à-dire, dont l’un produisait de l’or, et l’autre de l’argent.
Arbre de Vie est le nom que les philosophes hermétiques ont donné quelquefois à leur mercure ; mais plus communément à leur élixir, parce qu’il est alors la médecine des trois règnes, ou leur panacée universelle ; qu’il ressuscite les morts, c’est-à-dire les métaux imparfaits, qu’il élève à la perfection de l’argent, s’il est au blanc, et à celle de l’or, s’il est au rouge. Ils l’ont aussi appelé Bois de vie. (clic les illustrations)
Arbre philosophique, J.D. Mylius, Anatomia auri, 1628.
Cette représentation de l’opus magnum est inspirée de la construction de l’arbre des séphiroth. Les forces dissolvantes et les forces conjonctives se font face, assises sur les branches collatérales, de part et d’autre du tronc. A gauche, on a le volatil mercure avec des ailes aux pieds et, lui faisant pendant, le soufre qui crache du feu. Un étage plus haut, diagonalement opposés à la figure à laquelle ils correspondent, on les revoit, sublimés et couronnés. Et, tout en haut, au troisième étage, ils s’unissent pour donner la teinture lunaire. Celle-ci enfante alors le soufre solidifié, le fils du soleil. Il porte sur son chef, la couronne des trois règnes, végétal, animal et minéral.
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Arbre symbolique portant les métaux et les planètes de même origine, Musaeum Hermeticum, ed. Francofurti, 1678.
Cette image qui parait à trois reprises dans la Philosophia Reformata est utilisée comme page de titre de la seconde partie de l’Œuvre (Liber secuncdus). Par ailleurs, la même gravure figure dans plusieurs autres traités et plus particulièrement sur le frontispice de Gloria Mundi alias Paradysi tabula, imprimé dans l’édition de 1678 du Musaeum Hcrmetitum. Elle s’inspire de deux gravures sur bois (datées de 1605) qui figurent dans Azoth sive Aureliae occultae en 1613. Dans l’Arbre de la Philosophie les étoiles représentent les Cinq premiers degrés de la Perfection. Le sixième étant la Lune (Albedo) et le septième le Soleil Parfait. Ces sept opérations dans les médaillon autour de l’Arbre sont en contraste les unes par rapport aux autres, par exemple Putréfaction et Résurrection. De part et d’autre, le Roi et la Reine représentent à la fois les Principes opposés et deux des Quatre Éléments ; le Dragon symbolise la Terre, le Roi le Feu, la Reine l’Eau, et l’Aigle l’Air. En opposition, au premier plan les Alchimistes Senior et Adolphus discutent.
.Salomon Trismosin, Splendor solis, 1582.
Enée, ici majestueusement vêtu de rouge, reçoit des mains de son fils Silvius une branche de l’Arbre de Vie, afin qu’elle le protège lors de son passage par la putréfaction et le feu purificateur des Enfers. Cela se terminera bien, puisque l’on sait, par Trismosin, que la tête du corbeau est passée au blanc.
« Plante cet arbre sur le lapis (…), afin que les oiseaux du ciel l’habitent et fécondent sur ses branches, car, sache-le, c’est de là que s’élève la sagesse. » (Theatrum chemicum)
Heinrich Jamsthaler, Viatorum spagyricum, 1625.
Nous retrouvons Rebis. Le corbeau symbole du noir, veut dire que le mariage philosophique, l’union du Soufre et du Mercure, du mâle et de la femelle a lieu pendant la couleur noire. Les trois serpents sont les symboles des trois principes. Le croissant et l’arbre lunaire signifient qu’il s’agit ici de la Pierre blanche, du petit magistère.
Arboris philosophica de Elixire albo i Solo Mercure,
Samuel Norton – Mercurius redivivus, 1630.
Les 12 opérations représentées dans l’Arbre Philosophique :
Calcination ; Dissolution ; Séparation des éléments ; Conjonction ; Putréfaction ; Coagulation ; Cibation (administration de la nourriture selon proportion) ; Sublimation ; Fermentation ; Élévation ; Accroissement ; Projections.
« Ce qui est en bas est comme ce qui est en haut,
et ce qui est en haut est comme ce qui est en bas »

Matthäus Merian – Médico-Opus Chymicum. (prêtez attention aux arbres)