Chênes pédonculés dans la forêt de Haguenau (Bas-Rhin)

Et hop, retournons avec Sisley & Francis dans l’Est pour découvrir une légende sylvestre.

« Alors une fois de plus ce fut avec Francis en rentrant de la virée à Offendorf, que nous nous sommes arrêtés dans le centre névralgique du massif forestier de Haguenau, 6e forêt de France de par sa superficie, quelques 21.000 hectares contre 60.000 au moyen âge. Bien que pas mal exploitée, de nombreuses parcelles sont gérées différemment et abritent de beaux spécimens, il est dit qu’environ 800 chênes ont 1 m de diamètre ou plus ! »

« Une aire de jeux, un chalet, une chapelle et des arbres, parmi ces arbres un vestige du début du siècle dernier, le gros chêne dit de Saint Arbogast, un spécimen impressionnant dont il ne reste plus qu’un tronçon originel provenant du milieu de l’arbre. 5,33 m de périphérie à 1,50 m du sol, ce chêne a subi le feu et la foudre ultime en 1913, tout cela à quelques années d’intervalle. C’est plutôt singulier de contempler un tronc vieux de plusieurs siècles et exposé ici depuis presque 100 ans. »

« Tombé à terre, on le débita et les menuisiers de Haguenau se partagèrent ce bois très convoité pour réaliser des pièces d’examen au brevet de maîtrise de leurs compagnons, avec l’espoir que Saint Arbogast implorerait la clémence du jury envers les candidats. »

« 12 m de tour à la base, 7 m à 2 m de hauteur, 21 à 22 m en taille pour plus de 500 ans, données de 1830 fournies par Bernard Lorentz [1]. Deux photos anciennes [2][3] présentant le chêne tombé en 1913, les personnages donnent un bon indice quant à la dimension de l’arbre. Histoire de Saint Arbogast et plein d’informations sur le chêne à voir ici. »

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Le gros chêne de la Chevasse, Saint-Sulpice-le-Verdon (Vendée)

En Vendée, le village de Saint-Sulpice-en-Verdon abriterait un chêne-chapelle millénaire…

Un arbre qui hante les listes de vieux arbres depuis fort longtemps, mais dont il est bien difficile de trouver des photos récentes et/ou des précisions sur son histoire. Tout juste évoqué dans le livre de Robert Bourdu « Arbre souverains », puis dans son autre ouvrage « Arbres de mémoire » où une petite photo de Georges Feterman nous le présentait [1].

Lors d’un déplacement en Vendée, Yanick a décidé de faire un détour pour rencontrer ce colosse légendaire. Et, triste nouvelle : l’arbre est mort depuis plusieurs années.

« Le chêne de Saint-Sulpice-le-Verdon est mort depuis plusieurs années comme tu le découvriras sur les photos. Ceci explique sûrement le peu d’information que l’on en trouve. »

« Malgré tout cet arbre dans son état actuel reste très impressionnant. J’ai pu en mesurer un 1/2 périmètre à 1,30m de 5m arrondi (avec l’imprécision que cela peu représenter). »

Merci pour le reportage Yanick, bien content de découvrir enfin ce chêne légendaire !  Un arbre mort depuis peu, mais son tronc conservé en place nous laisse l’imaginer du temps de sa splendeur, imaginez un peu : une circonférence à la base de 14,50m et de 9,50m à 2m de haut, ce qui faisait de lui un des plus gros chêne du territoire. On raconte localement que ce chêne est millénaire, car depuis fort longtemps sa présence est attestée, et il aurait même donné son nom à la commune. Enfin, cette petite chapelle dédiée à la Vierge à l’intérieur de son tronc, témoigne du respect et de la dévotion que lui ont voué les habitants des environs.

Bien qu’il soit mort, ce chêne vénérable a naturellement sa place dans la forêt du blog…
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Quelques précisions étymologiques et historiques sur ce vieux chêne (écrit en 1972)  :

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Le gros chêne du Baou de La Gaude, Saint-Jeannet (Alpes-Maritimes)

Voici un des chênes emblématiques du Sud de la France, situé sur la commune de Saint-Jeannet, légendaire car de par sa position dominante sur le sommet du Baou de La Gaude, il est raconté localement qu’il fut autrefois un chêne sacré.

Un chêne dont je cherche des photos & mesures depuis longtemps, et c’est sur un site internet consacré aux sentiers autour du village de Saint-Jeannet, que je découvre un itinéraire, quelques photos et une mesure de circonférence. J’ai contacté l’auteur qui a volontiers accepté de me prêter ses clichés, et m’a confirmé la mesure de circonférence.

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Entouré de quatre murets, l’arbre semble s’être installé dans une ancienne bergerie.

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Un tronc qui affiche 6,76 mètres de circonférence à 1 mètre de haut. (ou 8m ?)

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Un grand âge estimé à plus de 400 ans par certains botanistes ; son orientation Est-Ouest, et la présence d’une ancienne pierre polie à l’Est, laissent penser que ce chêne fut autrefois un lieu privilégié pour des cérémonies druidiques ou païennes. Lire la suite

Le chêne avaleur de Vierges, Bresilley, abbaye d’Acey (Haute-Saône)

Il y a quelques années on m’avait raconté l’histoire d’un vieux chêne en Franche-Conté qui avalerait des statuettes de la Vierge. Puis j’avais aperçu sa formidable silhouette sur le blog d’Eustache [1], mais comme d’habitude je voulais en apprendre plus. Ce chêne légendaire est situé non loin du petit village de Bresilley, et cela n’a pas été évident de trouver un reporter en rase campagne !

L’histoire dit que le chêne serait l’unique survivant de quatre arbres qui marquaient jadis les limites des terres de l’abbaye d’Acey. Du coup, j’ai pris contact avec les frères cisterciens-trappistes pour leur demander de l’aide, et cette semaine des photos sont arrivées, prises par une personne en retraite spirituelle durant quelques jours à l’abbaye.

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Un véritable colosse de 23 mètres de hauteur et une circonférence de 7,90 mètres à 1,20m.

Un chêne fantastique, surement vieux de plusieurs siècles, et si on croit la légende locale, le Roi Louis XI se serait posé à l’ombre de son feuillage entre 1470 et 1475. Ce vieux chêne doit son nom à une ancienne coutume qui consiste à lui offrir, en grande procession, une statuette bénie de la Vierge Marie à l’assomption. (clic les photos)

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Avec la croissance de l’écorce, la statuette disparaît au bout d’une quarantaine d’années (il y en a déjà 8 d’englouties). L’avant-dernière procession a eu lieu en Août 1949, et la dernière le 15 Août 1988. La dernière statuette n’est pas encore avalée. Lire la suite

Le Chêne des Saints, Bleurville (Vosges)

Averti de la présence d’un chêne sacré sur la commune de Bleurville, je me suis mis en quête d’infos supplémentaires. Sur le site de l’association Histoire et Patrimoine Bleurvillois, je découvre un article retraçant la longue histoire de ce chêne. Je contacte le président de l’association qui me fait parvenir les photos suivantes, et m’autorise à utiliser sans restriction le texte paru sur leur site.

“Le promeneur qui s’aventure à l’extérieur du village en direction du Cras, en suivant l’ancienne voie romaine menant à Darney, sera surpris de rencontrer un vénérable chêne planté au bord du chemin. Il s’agit d’un arbre ‘historique’ qui a marqué la vie du village depuis au moins 400 ans. Planté probablement à la fin du XVIe siècle, notre chêne a pris la suite d’autres qui ont matérialisé au cours des siècles le lieu où furent déposées les restes des deux martyrs locaux ramenés de la Comté toute proche.” (clic les photos)

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“En effet, au cours du Xe siècle, un noble clerc de Bleurville procéda à la translation des reliques des martyrs Bathaire et Attalein, assassinés sur les terres de l’abbaye de Faverney (Haute-Saône actuelle) en 766. De la chapelle de Menoux – à proximité de Faverney -, le prêtre Mérannus rapporta les reliques à Bleurville et les déposa dans une chapelle provisoire située à l’emplacement même du Chêne des Saints, au lieu-dit La corvée de Marinvelle. Les reliques seront ensuite déposées et vénérées dans l’église primitive qu’il fera construire au centre du village : cette église correspond probablement à l’actuelle crypte de l’ancienne abbatiale Saint-Maur.”

“Chaque année, le 6 juillet, jour anniversaire de la mort des martyrs francs-comtois, une procession conduisait les habitants jusqu’à l’arbre sacré où étaient déposées les statues de Bathaire et Attalein. Par ailleurs, chaque 15 janvier, nos deux martyrs étaient honorés en même temps que saint Maur en l’église du monastère bénédictin. A la Révolution, les reliques seront déposées à l’église paroissiale Saint-Pierre-aux-Liens.”

“En 1869, le curé de la paroisse, l’abbé Augustin Aubertin, envisagea la construction d’une chapelle néo-gothique à côté du Chêne des Saints afin d’entretenir la piété des fidèles. Mais la guerre de 1870-1871 fit capoter le projet.” Lire la suite

Chêne aux clous du Pâtisseau, Bonnoeuvre (Loire-Atlantique)

Au Nord-Ouest de Bonnœuvre, la forêt de Saint-Mars-la-Jaille abrite l’un des derniers arbres guérisseur du pays : le chêne aux clous du Pâtisseau.

Ce chêne serait le seul survivant d’un groupe de chênes rouvres abattus avant 1742, il est aujourd’hui isolé au milieu de sujets plus jeunes. Une circonférence de 4,20 mètres à 1 mètre du sol, il se distingue par une niche fixée à son tronc qui abrite une Vierge à l’Enfant, et surtout par un tronc recouvert de centaines de clous. (clic les photos)

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Dans les langues d’autrefois, le mot clou désignait les furoncles ; et la tradition populaire attribue à ce chêne le pouvoir de guérir de ces affections douloureuses. Un ancien rite païen est à pratiquer : « Il s’agissait de venir seul, la nuit ; à l’abri des regards ; frotter des clous de cercueil contre la partie malade de son corps ; faire ensuite sept fois le tour de l’arbre ; adresser une prière à l’âme de l’arbre ; planter les clous dans le tronc sur la face qui ne voit jamais le soleil. Partir à reculons en saluant l’arbre. »

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Une survivance d’antiques croyances païennes ; avec le temps cet arbre a été christianisé, et il semblerait dorénavant que ce soit la Vierge qui officie aux guérisons…

Localisation chêne aux clous (clic pour agrandir)Merci de nous avoir fait découvrir ce chêne Alan. Pendant longtemps j’ai recherché des photos de cet arbre guérisseur. Et il y a peu, sur le forum Allo-Olivier, rencontre avec Alan, arboriste grimpeur installé sur la commune de Bonnœuvre. c’est avec un réel enthousiasme qu’il s’est rendu dans la forêt pour lui tirer le portrait. Si vous avez besoin de faire entretenir vos arbres , faites lui signe [1].

« La plantation du clou ou de l’épingle a aussi pour but de transmettre l’incommodité dont on désire se délivrer. Dans les Vosges, le clou qui avait fait le tour d’une dent malade était ensuite enfoncé dans le tronc avec la ferme volonté d’y clouer le mal à la même place. Dans le Bocage normand, on a fait avec le clou un signe de croix sur la gencive. Dans la Hesbaye, province de Liège, des guérisseurs touchent la dent avec un clou et disent ensuite au patient de le jeter dans un arbre ; le mal doit disparaître au fur et à mesure que le clou s’enfonce. Dans un village voisin de Liège, une bonne femme, qui guérissait à l’aide de prières superstitieuses, emmenait après l’opération son client dans le jardin et l’invitait à planter un clou dans un arbre, disant que le mal ne pouvait désormais le rejoindre. A Dagueux, dans l’Ain, un arbre était couvert d’une multitude de clous enfoncés par les gens du pays pour se débarrasser du mal de dents. C’était probablement avec la même intention que l’on avait fiché dans l’écorce d’un vieux frêne, près de la fontaine de Faubouloin, de si nombreuses épingles. A Braine l’Alleud, dans la Belgique wallonne, une croix, disparue aujourd’hui, était plantée entre deux sapins séculaires. Suivant une coutume fort ancienne, mais qui n’est plus guère usitée, on allait enfoncer dans les sapins et même dans la croix, à l’effet d’obtenir la guérison des personnes atteintes de fièvres, des épingles ou des clous qui devaient avoir été préalablement en contact avec le malade ou avec ses vêtements. Sitôt l’objet placé, l’opérateur s’enfuyait au plus vite; celui qui aurait enlevé l’épingle ou le clou aurait certainement communiqué le mal à un membre de sa famille. »

Jacques Sébillot, Le Folklore de France – La Flore p.68-69.