Le chêne de Montvalent (Lot)

Pour fêter comme il se doit le 46ème article « exploration du Lot », Julien m’a fait parvenir une série de reportages concernant 11 arbres vivants ou morts. Au milieu de cette belle brochette, se trouvait le vestige du chêne de Montvalent. Véritable monument naturel ce chêne colossal était renommé dans toute la région, du coup j’ai eu envie de le détacher du reste et de lui consacrer un article. Fortement endommagé par la tempête de 1989, et achevé par la sécheresse de 2003, ne subsiste aujourd’hui que son fût imposant rongé par les ans.

« Direction le chêne de Montvalent, ce sera vraiment un de mes grands regrets de ne jamais avoir eu la chance de pouvoir l’observer de son vivant, et à chaque visite c’est la même rengaine plaisir de l’observer mais tristesse de revoir qu’il n’est plus. Certes les photos sont assez suggestives mais elles ne permettent pas vraiment de ressentir le sentiment de petitesse lorsque l’on se trouve à son pied. La foudre, la sécheresse et les capricornes ont eu raison de ce colosse qui était passé dans une émission de la carte aux trésors (dont j’ai heureusement la cassette). Petite histoire : lors la dernière visite le propriétaire du restaurant du vieux chêne qui est juste à côté nous avait raconté qu’autrefois il n’y avait pas un seul chêne mais tout un alignement qui se situait au bord de la Dordogne (qui a bien reculée depuis), et qu’ils avaient étés tous coupés sauf lui parce que son tronc vrillé ne présentait pas une bonne qualité pour les travaux de menuiserie. »

« Sa circonférence mesurée est de 6m90 à 1m30 mais comme on peut le constater il a perdu pas mal d’écorce, le morceau de la photo présente une épaisseur d’environ 6 cm [1], donc on peut facilement imaginer qu’il dépassait avant la barre des 7 mètres (je peux même ajouter que la circonférence à la base était de 8m30 [2], base qui n’est pas très évasée). »

Merci pour ce reportage Julien, c’était pour moi un arbre légendaire que je n’ai malheureusement jamais rencontré, et pourtant des amis me l’avait maintes fois conté. Que de regrets aujourd’hui…

Quel chêne fabuleux ce devait être du temps de sa splendeur !

Virée à Saint-Benoît et à Saint-André d’Hébertot (Calvados)

Alors que je m’étais mis en vacances du blog pendant quelques semaines, la boite mail se remplissait jour après jour avec de nouveaux reportages. Damien n’a pas chômé, et vous le découvrirez dans les jours à venir, nous aurons grâce à lui la preuve que la Normandie abrite surement la plus grande concentration du territoire en ifs séculaires. Suivons-le aujourd’hui dans le Calvados à la rencontre de deux vieilles connaissances.

« Il s’agit de deux chênes champêtres implantés au bord de l’autoroute de Normandie, dans une vaste prairie à Douet Ridel, sur la commune de Saint-André d’Hébertot. Cela faisait des années que je passais à côté en les ayant repérés par leur taille imposante, ils me faisaient à chaque fois tourner la tête sur le côté ! »

« Et un beau jour (enfin un mauvais car il pleuvait) je me suis décidé de tirer l’affaire au clair, est-ce que ces arbres seraient aussi impressionnants de près que depuis la route ? »

« Les deux arbres trônent dans leur pâturage, je prends photo sur photo en slalomant entre les gouttes et je m’approche du plus gros des deux. De près, je constate qu’il  abrite une cavité, sans doute la cicatrice d’une branche disparue il y a de cela fort longtemps. Ce chêne possède des racines très fortes, qui font penser à une main géante plongeant ses doigts dans la terre… [1][2

« En me rendant compte de la taille de ce chêne, je reste dessous quelques minutes à le contempler, puis je m’attelle à le mesurer. Les mètres défilent, 2, 3, 4, 5… et au final 5m80 à 1m30, puis je m’amuse à mesurer le géant à sa base en raison de ses puissantes racines : plus de 12m en tout ! »

« Des excroissances remarquables se situent sur le tronc : l’une est assez imposante pour s’asseoir dessus, une autre semble éclater l’écorce en la repoussant vers l’extérieur [3]. »

« Quelques branches mortes parsèment le houppier, mais il semble en bonne santé avec ses charpentières toujours présentes et son intégrité semble elle aussi préservée. Il a toutes les chances d’avoir encore de nombreuses années devant lui. »

« Le deuxième chêne [4] mesure 5m63 à 1m30 du sol, et plus de 10m à la base. »
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« Et voici l’if du cimetière de Saint-Benoît-d’Hébertot, juste à deux kilomètres des chênes. »

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Le chêne de Guernalo, Cléguérec (Morbihan)

Lorsque Yannick m’a fait parvenir le reportage sur le vieux chêne de Longueville à Locmalo [1], il n’a pas pu résister pas à l’envie de nous présenter un autre chêne breton dans la foulée, « tant ils sont l’antithèse l’un de l’autre ».

« Ils sont distants d’une vingtaine de kilomètres, et tout deux sont des chênes pédonculés. »

« Là s’arrête la comparaison ! »

« En effet, le chêne de Guernalo à Cléguérec, en impose par son tronc puissant et élevé (environ 6 mètres de tour), la splendeur de son houppier, d’un diamètre de 30 mètres et sa hauteur d’environ 24 mètres. Il trône dans la cour d’une ancienne ferme. »

« Le seigneur du lieu est l’objet de soins attentifs de la part de son propriétaire, suppression des branches mortes, et arrosage quand cela s’impose. On sent qu’il apprécie, son houppier présente un belle homogénéité et une forte densité de feuillage, preuve d’une grande vitalité. Quand à son âge, le propriétaire annonce 450 ans, toutefois, le sol étant fertile, la croissance a pu être rapide, il pourrait donc être bien plus jeune… »

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Le chêne rond, Les alleux, Louvigné-du-Désert (Ille-et-Vilaine)

Retournons en Ille-et-Vilaine avec Yannick [1] pour une découverte surprenante.

« Une des belles surprise de l’inventaire réalisé par la MCE, le chêne des Alleux à Louvigné-du-Désert, signalé par Jérome Evrard, élagueur du côté de Fougères. »

« Ici, pas de dimensions hors norme (hauteur : 10m, circonférence : 1,75m), mais un chêne au développement atypique. Un tronc parfaitement, droit mais un houppier tortueux et d’une densité remarquable. Il a donné au champ son nom : le champ du chêne rond. »

« Comment expliquer ce développement ? Plusieurs pistes s’offrent à nous, une mutation génétique, une anomalie du sol (la disparition du talus a-t-elle jouée un rôle ?), un virus… »

« Quelle qu’en soit la raison, cet arbre a une croissance lente, les propriétaires n’ont pas constaté d’évolution notoire depuis des décennies, les rameaux le long du tronc auraient une trentaine d’années… »

« Quand à l’âge, difficile de donner une estimation, je ne serais pas étonné qu’il ait au moins deux siècles, voir bien plus. En effet pour avoir déjà abattu des sujets chétifs dominés sur un talus, de circonférence moindre, j’ai compté 120 ans pour une circonférence de 1,1m. »

« Pour l’instant, le mystère reste entier ! »

Merci pour ce nouveau reportage Yannick. Quel chêne singulier, c’est vraiment étonnant qu’il se soit développé si lentement et avec une telle densité dans le houppier, la disparition du talus a mis en évidence une partie de son système racinaire et rajoute encore à la « bizarrerie » de ce phénomène ; la nature me surprendra toujours !
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Post-scriptum : « J’avais oublié de signaler la présence dans le village (à l’arrière du batiment au dessus du 77 sur la carte, manoir supposé du 13° s), d’un châtaignier de 5,20 m de circonférence [1], très dépérrissant. Il semblerait que la construction (assez ancienne) à son pied, ai été érigée en arrondi du côté de l’arbre afin de l’éviter. Peut-être aurait-il mieu valu construire plus loin, toutefois celà montre un certain respect ! »

Le chêne de Beauchêne, Orbigny (Indre-et-Loire)

Retrouvons Christian pour une nouvelle virée sur la commune d’Orbigny [1].

« Ce chêne pédonculé se trouve à l’entrée de la ferme de Beauchêne (la bien nommée) ».

« Mesuré en juin 2003 : hauteur 26 m / circonférence 6,60 m à 1 m / envergure 28 m. »

« À noter que son tronc creux est occupé par une très importante colonie d’abeilles. »

« C’est sans doute le chêne de Touraine ayant le plus gros tronc, avec 6,60 m de circonférence ; il est creux mais cela ne se voit que par le haut. Il a en effet été taillé de puis longtemps en « treusse » (terme local pour « truisse », c’est-à-dire « têtard »), ce qui avec le temps, a occasionné une attaque de la partie centrale, remplie de terreau aux dires du propriétaire, Jean Baron. De très grosses branches naissent à faible hauteur pour donner une envergure de près de 30 m. Il atteint environ 25 m de haut. » (extrait du livre : Arbres remarquables en Touraine)

Merci pour ce nouveau reportage Christian, un chêne remarquable avec un tronc court et massif soutenant des charpentières puissantes, et avec encore un port harmonieux malgré le poids des ans. Ça me donne envie d’aller me balader vers Orbigny…

Surtout que le coin recèle d’autres chênes, dont un très âgé, près de la croix dite « les Trois Croix » au Sud-Ouest de Montrésor sur la commune de Chemillé-sur-Indrois…

Christian tient un blog dans le « but de faire découvrir le patrimoine connu ou méconnu, grand ou petit, de la Touraine », faites donc un tour et découvrez toutes ces merveilles, c’est par ici.

Le chêne rond, La Buxerette (Indre)

L’Indre fait partie de ces départements pour lesquels il m’est bien difficile de réunir des informations, et bien que la première année du blog j’ai présenté un chêne rendu célèbre par George Sand [1], il aura fallu attendre deux années de plus pour découvrir un chêne colosse à la limite Sud du département [2]. Et aujourd’hui, c’est encore grâce à Jean qu’un nouveau chêne remarquable se dévoile dans le même secteur :

« Un autre chêne remarquable dans l’Indre: près du hameau de La Buxerette, sur la D 74 qui va d’Aigurande à Neuvy St Sépulcre, le chêne rond est signalé sur la carte au 25000ème. Il occupe un carrefour, il est soigneusement entretenu. Il est remarquable non tant par sa taille (4,80m de circonférence) que par son houppier : une multitude de branches droites partent toutes ensemble d’un tronc assez court, un peu comme un palmier. »

N’ayant aucune informations sur cet arbre, j’ai pris la liberté de retranscrire un article de la Nouvelle République où Christophe Colinet nous conte l’histoire de ce chêne de carrefour.

« Sur une route ombragée qui, de Neuvy-Saint-Sépulchre, mène à La Buxerette, une grande surprise attend le voyageur : sitôt qu’il a gravi la côte de La Font-Gallois, il découvre soudain, au centre d’un beau carrefour où viennent aboutir les routes du Courtioux et du Gannet, le plus magnifique chêne sans doute que l’on puisse admirer dans tout le Bas-Berry. »

« Ces lignes ont la marque de fabrique d’un maître d’école de la troisième République. C’est l’un d’eux, M. Lorilloux, instituteur à La Buxerette près d’Aigurande, aux confins du sud de l’Indre, qui les a non pas écrites, mais tapées à la machine avec ses élèves, après-guerre. »

« Son jugement était sûr. Le chêne rond dont il parle est une splendeur. Sous ses branches, on se sent à l’abri de tout, protégé par une force rassérénante qui a vu naître deux siècles. L’instituteur savait tout de l’arbre et il a transmis ce savoir à des dizaines de générations. Il leur enseignait qui l’avait planté : Pierre Bichat, probablement avant 1880. »

« De même, il leur contait comment il a bien failli disparaître. Car le chêne rond devait être déraciné « lorsqu’un paisible vieillard habitant l’une des rares maisons construites dans le voisinage pour former un hameau appelé Le Pâtureau des Noyers, vint et dit : « Laissez-le donc, ce joli chêne, si je veux m’y mettre à l’ombre ! ». Si bien que le chêne rond put croître, survivre à trois guerres et donner son nom au hameau. Là, dans une jolie maison de ferme, Lucienne Darchis, 72 ans, entretient la mémoire de l’arbre et peste contre les machines agricoles qui viennent parfois lui casser une branche. Lucienne raconte qu’un jour, une fête fut donnée sous le chêne. Dans ses notes, l’instituteur a consigné l’événement : « Il put une autre fois goûter les saines joies d’une fête champêtre et, couvrant de ses larges branches l’éclat des rires et des chansons, contempler à son pied le tourbillon des valses et le pas des bourrées ». C’était le 10 août 1930. »

Un article de Christophe Colinet – La Nouvelle République, 10 août 2005.

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