Le chêne rouge du manoir Papineau, Montebello (Québec)

Après nous avoir fait découvrir le hêtre à grande feuille champion du Québec [1], Charles nous emmène à la rencontre d’un chêne à haute valeur historique, un arbre qui « fait donc désormais partie des arbres patrimoniaux protégés et assistés quant à leur perpétuation ».

« Voici un arbre remarquable de Québec dont l’histoire est intéressante, il s’agit du vieux chêne rouge du manoir Papineau situé à Montebello en direction de la capitale Ottawa. »

« Louis-Joseph Papineau fut un personnage marquant de notre histoire. Il dirigea le mouvement patriotique qui fut démantelé en 1839 suite à l’arrestation, la mise à mort et l’exil forcé de nombre d’entre eux. Papineau trouva refuge en France où il y habita près d’une dizaine d’années. À son retour il se fit construire un manoir inspiré de ce qu’il avait vu en France. Il nomma ce lieu Montebello en raison de la montagne qui se trouve à l’arrière. Il conserva de nombreux arbres de l’espace boisé dont ce chêne âgé d’environ 350 ans. »

Mensurations en 2006 : 1,70 mètres de diamètre pour une hauteur de 20 mètres.

« Il s’agit d’un des plus vieux chêne rouge du Québec. Parcs Canada (parcs et lieux historiques nationaux) a mis en place trois béquilles en mélèze afin de lui assurer une plus longue longévité. Il s’agit ici d’une première en ce genre au pays je crois. »

Pour aller plus avant sur l’histoire de ce chêne, un article à consulter ici.

Merci pour ce nouveau reportage Charles, qu’il est bon de traverser l’atlantique et de découvrir des essences d’arbres dans leur milieu naturel (ici je n’ai rencontré des chênes rouges uniquement dans des parcs). Ce vieux bonhomme témoin d’une partie de votre histoire se montre fier et solide, les étais mis en place lui permettront d’aborder plus sereinement les décennies à venir (une technique qui a fait ses preuves en Europe, j’espère qu’elle se développera chez vous pour aider d’autres vieux ligneux).
____

Charles tient un blog où il expose aquarelles et dessins « d’un pèlerin pour qui les arbres sont des balises d’éternité ! », faites donc un tour c’est par ici.

Charles collabore à une page Facebook sur les arbres remarquables du Québec, à voir ici.

Parc municipal de Sarreguemines (Moselle)

Retour en Moselle avec Sisley, direction le parc de Sarreguemines qu’il connait depuis de nombreuses années, mais c’est en y travaillant quelques mois qu’il a appris à l’apprécier.

« C’est dans les années faïencières de la ville, époque de gloire où Sarreguemines était alors un vaste pôle de la fabrication de vaisselles & objets précieux [1], l’endroit où se situe maintenant le parc servait de carrière d’extraction d’argile, matière première pour la faïence. Puis vint la fin du XIXe siècle et vers 1890 on aménagea à la place un parc de promenade d’une superficie d’environ 4 hectares, c’est cette topographie particulière en forme de cuvette qu’on retrouve encore aujourd’hui et qui nous indique l’ancienne activité du lieu. »

« L’espace fut planté de diverses essences indigènes et exotiques, comme par exemples : pins noirs d’Autriche, ifs, chênes rouges, mélèzes, épicéas, chênes pédonculés, hêtres, orme pleureur, tilleuls, frênes, alisier… Parmi eux deux arbres ont attiré mon attention. »

• « Tout d’abord un magnifique chêne rouge d’Amérique de 4,65 m de tour pour plus de 24 m. Des dimensions peu courantes car malgré le fait qu’on l’ai utilisé en foresterie, il est cependant rare de le trouver en isolé avec un tronc aussi volumineux. »

« L’espèce est très reconnue pour ses qualités ornementales avec une feuille très découpée qui vire à un intense rouge l’automne venu. Il a un peu souffert de la tempête ayant marqué le nouveau millénaire, mais son houppier n’en a pas trop souffert. »

• « Non loin, se tient le deuxième spécimen remarqué, il s’agit d’un pin noir d’Autriche (pinus nigra austriaca) à la forme fourchue. Il atteint 3,16 m de circonférence pour 20m de haut. »

Lire la suite

Palmengarten et Grüneburgpark, Francfort – Hessen (Allemagne)

Retournons en Allemagne avec Sisley, et découvrons quelques arbres de Francfort.

« Après la France, place à l’Allemagne, c’est un jeu d’équité pour moi, comme ça il n’y a pas de jaloux. C’est en allant visiter le jardin botanique de Francfort « Palmengarten » avec mon frère, que j’ai pu admirer des hectares de verdure dont la diversité est à peine croyable, je n’ai rarement vu autant d’espèces de plantes sur un endroit ! C’est en effet un lieu de renommée mondiale pour ce qui est des collections abritées dans les serres tropicales. Tant dans les serres que dans les parcs et rocailles, un vrai bijou pour les amateurs de chlorophylle ! Si on associe les 22 hectares de ce jardin aux 29 autres du parc voisin « Grunerburgpark », on arrive à 51 hectares de pure merveille ! »

« Les deux domaines datent de 1868 et de 1837 (initialement du XVIIIe), avec une extension de ce dernier en 1946. Inutile de vous expliquer qu’il faut des heures pour pouvoir apprécier cet ensemble à sa juste valeur. Et de plus la concentration d’espèces dans les serres et la partie du jardin rocaille, alpinarium de l’université est assez impressionnante, je n’ai pas vraiment de chiffre quant aux nombres d’espèces, mais c’est un nombre démentiel ! »

• « De très beaux spécimens se tiennent ça et là, mais ce sont quatre individus en particulier qui ont attiré mon attention. Pour commencer, alors que sa forme peu commune m’interpella, je fus ébloui par la présence d’un massif chêne pédonculé ‘fastigié’, une forme bien propre à la variété et des dimensions très honorables. Un tapis de fougères l’encercle, le résultat fait bon ménage et ainsi une aire contre le piétinement est marqué par ces plantes. »

« Chêne fastigié : circonférence 5,56 m, 25 m de hauteur, un âge > 160 ans. »

• « Ce n’est que 100 m plus loin, qu’on entre dans une partie boisé et m’attendant forcément à voir de l’inconnu, je fus subjugué devant un superbe frêne élevé Diversifolia, espèce découverte en 1789 et apparue spontanément depuis, mais souvent reproduite par greffage, ce qui est le cas ici. Non seulement cette forme n’est déjà pas très fréquente mais avec une belle dimension comme ce spécimen, ce fut une surprise de choix ! »

« Frêne élevé diversifolia : circonférence 3,52 m, 22 m de hauteur, âge > 110 ans. »

« Il y a bien des arbres intéressants dans ce parc, mais n’ayant pas pu m’arrêter sur tous les détails, notamment les variétés, cultivars et espèces peu communes, je dus avoir une vision globale et le résultat en fut à la hauteur. »

• « C’est complètement dans l’autre partie du jardin, qu’une rencontre de poids se fit, en longeant une allée, un houppier dépassait fortement d’une haie en bordure, le tronc assez accessible je vis de suite à qui j’avais à faire, un super exemplaire de chêne, mais je ne savais pas lequel, un petit coup d’œil sur l’écriteau quercus x leana. »

« Le chêne de Léa, un hybride naturel entre le chêne des teinturiers (q. velutina) et celui à lattes (q. imbricaria), deux espèces nord-américaine. Il fut cultivé en Europe dès 1850. Il serait le ou l’un des plus gros d’Allemagne ! » (circonférence 6,31 m,  25 m hauteur, âge > 140 ans)

Lire la suite

Parc paysager de Schoppenwihr, Ostheim (Haut-Rhin)

Direction le Haut-Rhin, Sisley se propose de nous faire découvrir un parc arboré qu’il a visité au printemps avec Francis (comme il y avait plein de clichés j’ai opté pour un diaporama).

« Par une splendide journée de début avril, j’accompagnai notre cher Francis dans un dendro-trek et il ne se doutait pas une seule seconde de ce qu’il allait découvrir quelques heures plus tard. On visita pas mal de belles choses dans la matinée et le début d’après-midi (des articles seront bien entendu à la clé !) et 16h venue, je lui proposai un dernier arrêt, mais pas un comme les autres, le genre qui vous stoppe pour quelques demi-heures ! »

« On dut toutefois se dépêcher mais à la manière de reporters assidus ! En effet le parc fait pas moins de 40 hectares et les spécimens sont disséminés aux quatre coins de l’ensemble. »

« Une fois la grande allée de platanes traversée, on entre dans la cour du château, à notre gauche se tient un magnifique exemplaire de ginkgo biloba [1][2], qui semble ne plus être de prime jeunesse tout en ayant conservé une allure grandiose. Quelques pas plus loin nous amènent à contempler un spécimen de sophora du Japon qui malgré des dégâts de branchages semble avoir une certaine vivacité [3][4]. A peine retourné nous apercevons un chêne remarquable [5], moi et Francis constatons que la virée va être plein de surprises. Nous traversons des sentiers ombragés, en rencontrant un beau sycomore, un platane pour déboucher sur un étang, fièrement gardé par le doyen des lieux, un cyprès chauve comme j’en ai pas encore vu [6][7]. Sa silhouette et ses pneumatophores font qu’on ne peut se tromper sur son identification, il serait l’un des plus vieux d’Europe ! Le trajet continue et passant à côté d’un trio de platanes nous rejoignons un second chêne [8], tout aussi princier, et la moitié n’a pas encore été parcourue ! »

« En chemin, un jardinier du domaine nous informe que la pièce maîtresse du parc n’est pas loin, un chêne d’environ trois siècles, qui du être l’un des premiers arbres plantés ou déjà présent avant la ferme. En manquant un peu de qualificatifs, je dirai simplement que pour le troisième chêne vu, on va de plus en plus haut dans la prestance [9][10]. »

Ce diaporama nécessite JavaScript.

« Continuant, un autre sujet nous interpelle, un vaste platane [11] qui nous amène tout bonnement à observer un gros cèdre du Liban [12] à la forme ne manquant pas de rappeler un chandelier. Arrivé au fin fond du territoire, nous rebroussons chemin pour explorer le côté sud. Tout en passant non loin d’un fameux hêtre, on rejoint le château et tombons au pied d’un mur où vit un curieux spécimen appelé vernis du Japon (toxicodendron vernicifluum ou rhus verniciflua) un arbre rare et singulier [13][14]. Puis on fait la rencontre d’un exemplaire de mélèze d’eau (metasequoia glyptostroboides) de belle taille [15], avant de poursuivre vers une lisière abritant un vieux chêne [16], le quatrième, qui semble avoir du mal à redémarrer, il est le dernier d’un trio, nous avait expliqué le jardinier. Ayant fait maints kilomètres, c’est en sortant du bois, qu’on remarqua un dernier arbre, et sur le coup, pas des moindres, un bel orme champêtre [17], fixant la limite du domaine, mais assez discret pour passer inaperçu aux yeux des plus distraits. »

« Le descriptif a été en somme assez rapide et non exhaustif, seulement c’est par souci de volume que j’ai décidé de faire plus simple. Des individus sont indiqués dans une brochure (ci-joint) avec le plan du parc et si je n’ai pas mis tous les arbres, c’est que certains ne me semblait pas correspondre au profil de la remarquabilité. »

Lire la suite

Le parc du Château du Martreil, Sainte-Christine (Maine-et-Loire)

« Au début de mes recherches, Christophe m’avait transmis une liste d’arbres remarquables [1] dans laquelle figurait un cormier imposant, mais je ne m’y suis pas tout de suite intéressé. Or, il y a quelques temps, le propriétaire de ce fruitier magnifique a contacté Krapo directement pour proposer de présenter son arbre sur le blog.

Rendez-vous fut donc pris et je me suis rendu à Sainte-Christine au château du Martreil. J’ai été accueilli très chaleureusement par Patrick et Jacques de Romans qui m’ont tout de suite convié à les suivre pour un tour complet de leur propriété. » (clic les photos)

« Le cormier est visible dès l’entrée du parc et on se rend compte tout de suite qu’il s’agit là d’un individu hors norme. Son allure charpentée est digne d’un chêne tant ses branches sont épaisses et élancées. Il s’élève sur une petite vingtaine de mètres de haut pour autant d’envergure et sa circonférence de 3m65 à 1m30 du sol laisse songeur ! »

« Il s’agit du premier fruitier de plus de 3m de tour que je rencontre, et quel fruitier ! En sa présence on comprend aisément l’amour que notre ami Sisley leur porte. Cet arbre est entretenu régulièrement par un arboriste professionnel qui le purge avec parcimonie de son bois mort. Il m’a donc semblé en très bonne santé. Pourtant, mes guides m’ont expliqué qu’il entre progressivement dans une phase de sénescence qui impose de revenir l’entretenir régulièrement. Il faut dire qu’avec un âge qui a très certainement passé les deux siècles et demi, il est normal qu’il ait perdu de sa fringance. »
___

« Juste derrière ce phénomène subsistent côte à côte les deux doyens du parc. Ce sont deux chênes têtards quadri centenaires qui sont liés l’un à l’autre à tous points de vue. »

« Non seulement ils ont à peu près le même âge et la même conformation (leurs mensurations  étaient de 6m10 et 6m20 il y a deux ans  mais non content d’avoir été égaux dans la vie, il le sont dans leur dépérissement. En effet, l’année dernière, leurs troncs fatigués se sont fendus par le milieu à quinze jours d’intervalle sans que l’on ait d’autres explications. On se sentirait presque pris, dans un élan romantique, à imaginer qu’à la vue de son voisin de toujours défait par les éléments, le second chêne se soit sacrifié à son tour pour l’accompagner dans l’au-delà… » Lire la suite

Le Parc de la Guyonnière, Montreuil-Juigné (Maine-et-Loire)

(Un article de Gilougarou, l’arpenteur des bois)

En début d’année dernière, grâce au livre des arbres remarquables en Maine-et-Loire [1], Krapo m’avait mis sur la piste d’un magnifique tilleul dont les branches basses, en s’enracinant, avaient créé comme une petite forêt autour de l’arbre principal. On pouvait le trouver dans le parc de la Guyonnière à Montreuil-Juigné. (clic les photos)

Mais, première surprise, le tilleul a disparu et il ne reste de lui que le bosquet dû au marcottage. Après m’être renseigné, il apparaît qu’il était parasité par un champignon lignivore et qu’un beau jour, sans même l’aide d’une tempête, il s’est effondré. Son heure était venue, on peut simplement se rassurer en se disant qu’il n’est pas tout à fait mort…

Ce n’était cependant pas le seul représentant de son espèce. Juste derrière le panneau d’entrée, j’ai découvert un autre tilleul qui compense sa discrétion par sa circonférence imposante de 5m90 à 1m30. Un vieillard courbé par les ans et dont les tailles répétées devraient le prémunir de toute chute.

C’est juste après que l’on tombe nez-à-tronc avec les deux stars affichées de ce parc.

Tout d’abord, voici le plus gros. Un chêne que l’on pourrait mettre dans la classe des napoléons [2][3], magnifié par sa forme en lyre que lui donnent ses trois grosses charpentières. Il mesure une vingtaine de mètres de haut pour une envergure maximale légèrement supérieure et son fût pose sans complexes ses 6m de circonférence à 1m30 à côté de l’aire de jeux pour enfants. Lire la suite