Dans l’hindouisme, la forêt dans son ensemble (y compris les animaux qui la peuplent) apparait sous la forme d’une déesse du nom d’Aryanyāni.
Pour les anciens sages, aucun autre dieu n’était aussi important, et aucun n’avait autant de pouvoir que Vanaspati, le Roi des forêts वनस्पति (Rig Veda 10,146).
Dans la littérature védique, le règne végétal était divisé entre les Vrksa (les arbres), les Osadhi (herbes utiles à l’homme), et les Virudhas (lianes). Celles-ci sont subdivisés en Visakha (arbustes), Sasa (herbes), Vratati (grimpantes), Pratanavati (lianes) et Alasala (rampantes). Toutes les herbes sont classées séparément comme Tàňa, les plantes à fleurs sont Puspavati, et les porteurs de fruits sont Phalavati. Les feuilles des plantes sont placées sous le groupe, Karira.
D’après les croyances et les mythes védiques toutes les plantes et tous les arbres sont considérés comme sacrés, car ils possèdent les dons d’immortalité, de guérison et de prospérité. En raison de leur générosité infinie qui a permis aux hommes de s’élever, ils sont devenus aussi précieux qu’une mère et son lait, source merveilleuse de vie.
“Plants, O ye Mothers, I hail you as the Godesses” (Yajurveda IV.2.6)
Vanaspati est invoqué dans le Rig Veda et dans les aprisuktas ; et, le printemps, les rochers et les arbres sont vus comme autant de manifestations de l’esprit divin. Toutes les divinités des plantes, des arbres et de la forêt jouent un rôle prépondérant dans la religion du Rig Veda et dans l’Atharvaveda, ils sont invoqués principalement avec les eaux et les montagnes. Il apparait à la lecture de ces textes que les hommes vivant à l’époque védique étaient des adorateurs de la nature.
La littérature post-védique des Hindous, Bouddhistes et Jaïns est emplie de révérence, d’amour et de compassion pour la nature ; et aussi du concept – non seulement de l’unité de la vie – mais aussi de l’unité de ce qui vit (cetan) et de ce qui ne vit pas (acetana).
Le Śvetāsvatara Upanishad capture l’essence de cette unité lorsqu’il décrit la nature :
“The God who is in fire, who is in water, who pervades the whole universe,
who is in medicines, who is in vegetation, we salute that God”.
Dans la culture indienne, la sylve occupe une place très importante et, est considérée comme appartenant aux Dieux. La plupart des écrits anciens comme les Vedas, Purānas, Brāhmanas et Aryanakas ont été rédigés par des sages vivant dans la forêt. Dans ces temps reculés, les hommes considéraient trois types de vana (forêt) :
Mahāvana était dépourvue d’habitations humaines et l’impact des hommes était donc négligeable. De telles forêts étaient denses, vierges et naturelles – recouvrant de grands massifs montagneux ainsi que quelques plaines. Lord Śiva est considéré comme la divinité qui préside dans de telles forêts.
Tapovana était la forêt où les sages venaient pratiquer tapas (pénitence et méditation) ; les textes Upanishads et Aranyakas ont été écrits dans des forêts semblables. La plupart des tapovanas ont maintenant disparues. De nos jours, il en reste une aux environ de Haridwar. Ces forêts étaient pleines de plantes et d’arbres qui offraient des feuilles médicinales et comestibles, des racines, des fruits, de l’ombre et un climat plus hospitalier.
Śrivanas étaient les forêts locales, rattachées à un village ou une ville, et entretenues par un pancāyatas. Elles contenaient une grande variété d’essences d’arbres, ainsi le concept de la société sylvicole était connu des Indiens, même dans ces âges si lointains. Généralement, cinq espèces d’arbres (banyan, pipal, asoka, bela and harda) devaient se retrouver dans une srivana et formaient le pancavati, sorte de bois sacré que chaque village se devait de posséder, même s’il ne possédait pas de srivana.
Source : Bansi Lal Malla, Trees in indian art, mythology and folklore.
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Notes :
Védique voir Véda, ensemble des textes de la religion hindoue. La partie la plus ancienne, le Rig-Véda, daterait de 1800 à 1500 av. J.-C. (mais la transmission orale serait bien plus ancienne). La compilation de ces textes est attribuée au sage Vyāsa. Les parties les plus récentes du Véda dateraient de 500 av. J.-C.
Les Véda constituent sans doute le corpus de connaissance le plus ancien que l’on connaisse et sont la base de la littérature indienne. Ils traitent d’astrologie, d’astronomie, de rituel, et comment ceux-ci se relient à la vie spirituelle de l’humanité.
Les Upanishads sont une partie des textes faisant partie de la śhruti (des révélations reçues par les rishi – les sages des temps les plus anciens) et consistent en des spéculations philosophiques qui éclairent le Véda.