Une histoire de la forêt

Une histoire de la forêt par Martine Chalvet.
351 pages (24 x 16 cm), au prix de 20€, lien libraire ici.

Un très bon livre reçu pour mon anniversaire.

Entre domestication de la nature et fascination pour son côté sauvage, la forêt révèle toutes les aspirations et les contradictions de l’homme occidental au cours des siècles. Cette histoire de la forêt met au jour les conflits et les passions suscités, de la chasse et la cueillette à l’exploitation du bois, du refuge pour les bannis aux sorties du dimanche, de la déforestation au reboisement.

Mystérieuse, ancestrale, sauvage ou à conquérir, la forêt fascine, effraie, attise la convoitise. La civilisation s’est construite contre, à côté mais aussi avec ces espaces largement inconnus et étranges. Lieu d’exil, de refuge et spiritualité, terrain de chasse et de jeux, la forêt nourrit l’imaginaire. Dans le même temps, réserve de matières premières et de ressources énergétiques, les bois ont permis à la population européenne de vivre et de survivre. Martine Chalvet embrasse le temps long, de la Gaule « chevelue » des Celtes aux protestations écologiques actuelles. Elle analyse les différentes facettes des paysages forestiers, mais aussi les logiques multiples et concurrentes qui se sont affrontées autour de la possession, de la domestication et de l’exploitation des territoires boisés, enjeu économique, foncier et stratégique, source de revenus vitaux pour les uns et symbole de richesse foncière pour les autres. Si 2011 est l’année de la forêt, ce livre lui restitue son histoire, sa grandeur et souligne les menaces qui pèsent sur elle.
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La forêt, ce monde à part, est-elle menacée par la civilisation ? Pas partout. La déforestation progresse à grands pas en Asie et en Amérique du Sud. Elle n’est plus de mise en France et en Europe de l’Ouest, où la surface boisée au contraire s’étend. Mais ce n’est pas un univers sauvage peuplé d’elfes et de sylphides comme dans nos contes d’enfance. La forêt, depuis l’Antiquité, est un espace culturel, patiemment construit par l’homme.

L’idée mythique d’un vaste espace initialement recouvert de forêts primaires (la « Gaule chevelue » de César) a été remise en cause par des recherches récentes. La stabilité légendaire des arbres cache un paysage en évolution. Ce n’est qu’à la fin de la dernière glaciation (entre - 14 000 et - 10 000 ans) que les essences que nous connaissons furent en mesure de se développer. Puis, au Néolithique, l’exploitation agricole commença à changer l’aspect du paysage.

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Actes Sud Junior – Collection « Je suis un arbre »

Les éditions Actes Sud Junior lancent la collection « Je suis un arbre » qui propose de faire découvrir aux enfants les différentes espèces d’arbres, dans des petits livres qui tiennent presque dans la poche et qui entre photos et reproductions d’œuvres d’art de toutes les époques racontent l’olivier, le bouleau ou le chêne, et bien d’autres encore…

C’est Alain Baraton, qui travaille depuis plus de trente ans dans le domaine du Trianon et du Parc de Versailles dont il est devenu jardinier en chef qui a eu l’idée de cette collection. Conseils de jardinages, récits mythologiques ou témoignages d’artistes alternent pour dresser un portrait multifacettes de l’arbre choisi, qui parle à la première personne. Si certains passages peuvent paraître un peu compliqués à comprendre pour de jeunes enfants – récits bibliques, textes d’artistes – le petit format, les jolies illustrations et l’emploi de la première personne en font des ouvrages charmants que l’on peut ouvrir à n’importe quelle page et feuilleter librement. L’idée est originale et apprend à connaître la nature autant que l’art qui s’en est inspiré et que les textes bibliques ou mythologiques.

« Je suis un arbre », collection proposée par Alain Baraton,
Actes Sud Junior (12 x 15) 32 pages – prix indicatif : 9,50 €.
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Actes Sud avait sorti une collection à destination des adultes « Le nom de l’arbre ».

L’enseignement de l’arbre-maître

L'Enseignement de l'arbre-maîtrede Mario Mercier, 221 pages
au prix de 12€, lien libraire ici.

Peintre, écrivain, cinéaste français, Mario Mercier, initié à la Tradition chamanique universelle (et cette initiation est sans fin) a été l’un des premiers à nous faire découvrir l’esprit chamanique en Europe. J’ai découvert ses écrits par hasard, les pages tournaient et il me semblait entendre le bruit du tambour rythmant cette discussion, dont quelques paroles me sont resté en mémoire : “Chasseur d’immortalité, ostréiculteur des songes, orpailleurs des hautes pensées du cœur”… [1]

Du coup, je me suis procuré ce nouveau livre au titre si parlant ; et je n’ai pas été déçu ! Assis au pied de Noïark, un arbre géant qui veille sur une forêt française, Mario Mercier recueille un enseignement qu’il partage avec nous comme un trésor.

Extrait du livre, déjà publié sur Les Nouvelles Clés [2],

Je suis revenu dans la forêt. Entre la « porte » des deux arbres, j’observe le maître de ce lieu : mon arbre. Je n’ai pu résister à trois jours de séparation et cette fois, c’est sous les rayons d’une fin d’après-midi ensoleillée que je le contemple.

Je n’ose l’approcher, tant il m’impressionne. De plus, ce quelque chose d’indéfinissable qui émane de lui me prend entièrement. J’ai parfois l’impression qu’une force immense s’est établie à cet endroit pour prendre une forme majestueuse d’arbre.

Les rayons d’un soleil déclinant vernissent d’un or tremblant les bords des feuillages. L’air est strié de chants d’oiseaux. En contrebas sur le chemin s’attardent encore deux promeneurs.

Je me décide pourtant. Franchissant la porte végétale, je fais quelques pas dans la clairière, puis je m’arrête. Je rejoins l’arbre et après l’avoir caressé je m’assois contre lui, me cale entre ses racines. Ainsi arrimé, je peux reprendre mon rêve et m’imprégner du chant des oiseaux. Et tous ces chants sont comme un sang de vie, nourriture sonore des arbres qui semblent les écouter de toute leur puissance concentrée.

Je ferme les yeux pour mieux m’en pénétrer. Chaque trille, chaque roulade, met comme d’invisibles cellules de vie dans l’espace et va amplifier le gigantesque corps spirituel de la nature.

Je me prends à envier l’immobilité de mon arbre – immobilité d’ailleurs apparente. J’imagine que cela fait très longtemps que je suis là, me confrontant comme lui au pouvoir des saisons et les intégrant dans ma sève.

C’est cette immobilité qui fait ma force, car elle me permet de transformer la lumière en cellules et de boire les sucs de la terre ; par mes feuilles, je peux évaluer la sensibilité du plus ténu souffle de vent.

Puis je redeviens homme, car ma fonction est telle. Il me revient alors en mémoire ce que disait Yannis. mon fils, lorsqu’il avait cinq ans, à propos des arbres : « Les arbres rient quand ils sont contents. » Comme on lui fit remarquer, un peu pour en savoir plus, que les arbres n’avaient pas de bouche pour rire, Yannis se mit à réfléchir quelques secondes avant d’ajouter : « Mais ils rient avec leurs feuilles. »

Et comme pour souligner ce souvenir, l’arbre se met à rire de toutes ses feuilles. C’est sa façon à lui de diffuser, grâce à la complicité du vent, sa joie de vivre. Bientôt tous les arbres de la clairière frissonnent de rire.

Une feuille tombe et me touche le front. Je la prends cérémonieusement et la mets dans ma poche en gage d’amitié de mon arbre. Lire la suite

Aux origines des plantes

Un ouvrage indispensable pour tous ceux qui s’intéressent au monde des végétaux. Sous la direction de Francis Hallé & Pierre Lieutaghi, des botanistes internationaux nous exposent l’état des connaissances sur les origines des végétaux, leurs différents systèmes de reproduction, leur biologie, leurs modes d’adaptation à leur milieu et aux autres formes de vie qui les entourent, leur communication entre elles, etc… C’est un peu cher ; alors mettez-les sur la liste des cadeaux de Noël !

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Des plantes anciennes à la botanique du XXIe siècle,
2008 – 675 pages, au prix de 50€, lien libraire ici.

Un véritable hymne à l’évolution et à la biodiversité. Ce volume restitue toutes les grandes questions que soulève actuellement la connaissance des plantes ainsi que toutes les directions empruntées par les recherches contemporaines : . leur histoire depuis l’origine : des plantes anciennes – arbres, fougères – aux plantes à fleurs ; . leur sexualité si « inventive », l’évolution et les caractéristiques de leur génome ; . leur architecture (et sa modélisation informatique) et les composantes de leur anatomie ; . les plantes dans leur milieu, leurs relations avec les sols, les communications entre elles, les modifications qu’elles apportent à l’environnement ; . les relations qu’elles entretiennent avec les organismes voisins : les champignons, les insectes (merveilleux exemple de coévolution) ; . la mise au point de l’« arbre généalogique » utilisant aussi bien les fossiles que le séquençage du génome. Il porte également un regard très nouveau sur leur extraordinaire capacité d’adaptation : beaucoup plus plastiques que les animaux, les plantes ont su s’adapter au froid, à la vie dans l’eau, à la sécheresse, à la situation épiphyte et même aux influences lunaires. Cet ouvrage magnifiquement illustré s’adresse donc à tous ceux que les végétaux intéressent. Ils découvriront un univers d’une rare richesse, plus vaste, plus complexe, plus luxuriant que celui de l’être humain et des espèces animales.

auxoriginesdesplantes1.jpg Des plantes et des hommes,
2008 – 665 pages au prix de 50€, lien libraire ici.

Ce volume des Origines des plantes s’intéresse aux plantes et à leur relation avec les hommes et la société. Trente-deux spécialistes renommés collaborent ici à une oeuvre sans équivalent à ce jour en français, à la fois chronique et bilan, point sur l’histoire et interrogation sur les grands enjeux actuels associés au végétal. De la plante préhistorique aux grandes cultures d’aujourd’hui, de l’origine des légumes à leur devenir, de l’histoire et de l’importance de la forêt tempérée à la protection des régions tropicales, des origines de l’agriculture aux techniques d’agroforesterie, les thèmes abordés ici touchent autant à l’histoire qu’à l’avenir des plantes, à leur protection, leur transformation, ou aux questions brûlantes de l’utilisation des OGM. C’est aussi l’usage qui est fait par l’homme du végétal que l’on retrouve dans cet ouvrage : les plantes soignent tout autant qu’elles parfument, teignent ou ornent nos balcons, maisons et intérieurs. Les plantes sont partout : dans l’alimentation, la pharmacopée, l’habitat, l’industrie. Mais cultivée, transformée, la diversité végétale tend de plus en plus à diminuer : que faire pour la conserver et, de ce fait, pour préserver notre espèce ? Car si la plante est importante pour notre survie matérielle, elle l’est aussi pour la part symbolique de notre être : la présence de l’arbre dans les mythes en atteste, mais aussi la domestication des plantes toxiques, la cueillette comme pratique sociale ou les plantes médicinales. Un livre enrichi de magnifiques illustrations, qui contribue à élargir le regard sur la flore tout en affirmant son importance fondatrice dans l’ordre matériel d’abord, mais aussi dans les oeuvres d’intelligence, de consolidation et d’embellissement du monde.

Francis Hallé a accordé un entretien au magazine Télérama, à lire par ici.

Botaniste et biologiste, Francis Hallé est spécialiste de l’architecture des arbres et de l’écologie des forêts tropicales humides. De 1986 à 2003, il a dirigé les missions scientifiques du “Radeau des cimes” sur les canopées des forêts tropicales. Il a publié notamment Un monde sans hiver, Les tropiques : nature et sociétés ; Éloge de la plante, Pour une nouvelle biologie ; et, avec D. Cleyet-Marrel et G. Ebersolt, Le Radeau des cimes, L’exploration des canopées forestières ; Plaidoyer pour l’arbre.

Des Soins pour les très vieux arbres : principes et pratique – Robert Bourdu

Des Soins pour les Très Vieux Arbres

De Robert Bourdu, 160 pages.
Au prix de 24€, lien libraire ici.

Les très vieux arbres possèdent une valeur souvent inestimable, tant ils évoquent parfois des souvenirs familiaux, régionaux et même nationaux. Ils méritent de ce fait des égards particuliers. Leur sauvegarde pose toutefois des problèmes bien spécifiques qui font l’objet de cet ouvrage. Robert Bourdu nous livre ici la synthèse d’une vie largement consacrée à ce sujet.

La première partie du livre intitulée « Comprendre », fait le tour des caractéristiques des très vieux arbres et des agressions auxquels ils sont soumis. Ces caractéristiques sont importantes à prendre en compte pour pouvoir leur donner des soins appropriés.

La deuxième partie, intitulée « Agir », est plus pratique. Chaque cas étant unique, on n’y trouvera pas de recettes toutes faites, mais des propositions raisonnées, en considérant l’arbre non seulement sous son aspect biologique, mais aussi sous l’angle de ses relations avec l’environnement humain.
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Robert Bourdu, né en 1924, est professeur de physiologie végétale. Il a travaillé à partir de 1951 au CNRS avant d’être nommé à la faculté de sciences d’Orsay, en 1964. Il dirige également un laboratoire de recherche sur la structure et le métabolisme des plantes. C’est dans ce cadre que Robert Bourdu a été amené à s’intéresser à la sénescence des arbres, puis à mettre en oeuvre un inventaire national des arbres remarquables (président d’honneur de l’association A.R.B.R.E.S.) et près de trois mille ont été recensés à ce jour.
Auteur de nombreux livres sur les arbres dont : Arbres souverains, Arbres de mémoire, Ces arbres qui font la France, Histoire de France contée par les arbres

Traité d’histoire des religions – Mircea Eliade

Mircea Eliade - traité histoire religionDe Mircea Eliade, 395 pages.
au prix de 21€, lien libraire ici.

Mircea Eliade est un de mes ‘maîtres à penser’, une érudition et une puissance intellectuelle hallucinante…
Découvert lors de mes recherches sur le chamanisme (il fut le premier à le situer dans le cadre de l’histoire des religions), conquis par son approche je me suis empressé de lire son oeuvre irremplaçable sur l’Histoire des croyances et des idées religieuses. (3 tomes). Ce traité, complément indispensable, aide à percevoir les différences entre le sacré et le profane, et permet ainsi de définir le phénomène religieux… indispensable !

Un chapitre entier est consacré à la végétation, les symboles et rites du renouvellement ; je piocherais un peu dans ce savoir pour approfondir un peu plus les mythes liés à l’arbre. Un live que je conseille à tous ceux qui s’intéressent à l’histoire des religions.

George Dumezil a préfacé l’ouvrage :

« C’est toute une philosophie avant les philosophes qui apparaît, dès qu’on observe les plus humbles des religions, et qui résulte d’un effort d’explication et d’unification, d’un effort vers la théorie dans tous les sens du mot : le présent livre en fera sentir la cohérence et la noblesse et aussi, d’un continent à l’autre (y compris notre Europe), l’uniformité – une uniformité qu’il ne faut certes pas exagérer mais qui réduit heureusement le vertige dont souffrent parfois les débutants perdus dans le labyrinthe des faits.
Bien entendu, M. Eliade sait mieux que personne que toute synthèse de ce genre comporte, requiert des partis pris, des postulats que leur efficacité justifie, mais qui sont personnels, donc provisoires, du moins perfectibles. Cette armature n’est d’ailleurs pas l’aspect le moins attachant du livre : sur la structure et le fonctionnement de la pensée mythique, sur les notions, chères à l’auteur, d’archétype et de répétition, on trouvera des idées claires et éclairantes auxquelles on souhaite non pas une longue vie (ce qui est sans importance), mais une prompte et riche fécondité. »