L’Arbre Rond, l’érable de Beugin (Pas-de-Calais)

Pour la commémoration de l’armistice, Yanick nous emmène dans le Nord à la rencontre d’un érable qui a vu de près les batailles de l’Artois en 1915.

« Sur mon parcours nordiste, j’avais noté la présence d’un érable champêtre en pays Artois. Et c’est en fin de soirée de retour de visite au tilleul à Ch’Tin [1] que mon guide Jacky accepta de faire un petit détour par Beugin. »

« L’arbre, dit « l’Arbre Rond » ou « l’Arbre Crépin » se trouve à l’embranchement de deux chemins en haut d’un petit mont. D’ici la vue est superbe, le village en contrebas, la campagne verte et vallonnée et les terrils se détachant sur la ligne d’horizon. »

« Ayant plutôt l’habitude de voir cette essence sous forme de têtard dans mon département, j’ai été très agréablement surpris par cet arbre au port libre et son houppier rond. Je ne m’étais jamais imaginé qu’un simple érable champêtre sycomore puisse avoir si fière allure. »

« Durant la Grande Guerre, les Beuginoises se réunissaient à son pied pour observer la bataille de l’Artois [2] qui illuminait le ciel à l’horizon. Aujourd’hui, d’ici l’on peut voir la tour lanterne de Notre-Dame de Lorette [3][4]. »

« Mesure de circonférence relevée : 3,60 mètres. »

« Selon différentes sources, cet arbre aurait 140 ans, voir 200 ans et aurait été planté par un soldat (M Crépin) à son retour de la guerre de Crimée. Autre sujet à controverse, une petite statue de la Vierge déposée dans un creux de l’arbre, placée là pour certains par un abbé et pour d’autres par un soldat anglais en 1914. »

« J’espère que ces sujets ne créent pas trop de discorde au sein du village. En tout cas, il semblait bien calme à l’heure tardive où nous l’avons traversé. Nous n’avons vu personne à part deux demoiselles que je remercie pour nous avoir indiqué la direction de l’Arbre Rond. »

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Hêtre pourpre du parc municipal de Montville (Seine-Maritime)

Suivons Sébastien en Normandie à la rencontre d’un autre prodige normand.

« Après avoir présenté quelques photos de hêtres pourpres à un ami, il m’évoqua l’existence d’un autre, encore plus gros. Après vérification de l’envergure de son houppier sur photo aérienne, je me suis dit qu’une visite s’imposait. »

« Combien d’arbres majestueux ne sont ni classés ni même mentionnés dans les livres ? »

« Pourtant, un peu d’attention et de respect ne leur feraient pas de mal. »

« Témoin, ce hêtre pourpre de Montville qui à traversé les siècles, résisté au tempêtes… Même la tornade du 19 aout 1845 [1] ne l’avait pas déraciné. Et pourtant, il a perdu la tête il y a peu de temps, victime non pas des intempéries mais de la tronçonneuse. »

« Trop peu de renseignements sont disponibles en mairie : l’arbre fut probablement ‘soigné’ de la sorte à cause d’une analyse révélant une attaque par des champignons… Plutôt déconcertant et draconien comme mesure ! [2] »

« D’autant plus qu’estimé tricentenaire par certains, il pourrait bien être encore plus vieux. »

« Du coup, ce hêtre semble lutter pour se refaire une santé. Combien d’année pourra-t-il tenir dans ces conditions ? Rien ne semble être installé pour empêcher les infiltrations d’eau. »

« Lors de ma première visite dans ce parc de Montville cet automne, j’ai rencontré un ancien garde de chasse en retraite lui aussi passionné par les arbres. Ayant connu ce hêtre au meilleur de sa forme, il le décrit comme étant auparavant à la fois élancé (il devait atteindre 30 m) et à la fois pleureur car sous le poids des feuilles, les branches ployaient largement. »

« Le tronc est vraiment colossal à sa base (17,35 m de tour), et ces racines tressées sont une vraie œuvre d’art. On ose à peine marcher dessus pour prendre des mesures. »

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L’érable champêtre de la Bonninière, Saint-Pardoux (Deux-Sèvres)

Quittons la Normandie pour le Poitou de Yanick qui recèle encore bien des trésors…

« Tracez une ligne droite entre le chêne du Hibou [1] et le châtaignier de la Proutière [2], en plein milieu, vous tomberez sur le lieu-dit de la Bonninière. Lors de mes recherches du vendredi soir que j’y ai repéré une grosse masse sombre dans une haie. Sur le coup j’ai cru avoir affaire avec un chêne têtard bien râblé. Mais il était trop tard pour m’en assurer. »

« Une semaine plus tard je m’approchais donc du petit gros, et ce n’est qu’à 50 mètres que je m’aperçus que mon chêne était en fait un érable champêtre à la carrure peu commune. »

« Une envergure de 23m, une hauteur de 12m et une circonférence au plus creux (ht: 40cm) de 5,70m. Au dessus, il se sépare en deux troncs, le plus gros faisant lui 4,05m. »

« Je n’étais pas mécontent de moi. Depuis que mon lutin avait découvert celui de Boisne [3], je m’étais un peu plus focalisé sur cette essence et commençais à désespérer d’en trouver un plus gros que le sien. Maintenant le balle est dans son camp ! »

Belle trouvaille ! Merci pour la découverte de cet érable champêtre Yanick, déjà qu’avec l’érable de Virollet [4] tu avais repoussé les limites en Acer monspessulanum ; sur ce coup-ci tu as déniché une véritable pépite en Acer campestre : belle envergure, belle silhouette, et que dire de ce tronc magnifique ? Un enracinement saisissant, un tronc tourmenté à la circonférence impressionnante, soutenant un très beau houppier. Oui, c’est vraiment un très bel arbre !

Les érables du massif du Chasseral, canton de Berne (Suisse)

(Un article de Gilougarou, l’arpenteur des bois)

L’exploration du Jura Suisse continue avec François  ; car s’il nous avait déjà régalé avec des tilleuls [1], des sapins [2], et des érables sycomores [3] – il nous emmène maintenant sur la trace d’érables d’alpage tout aussi exceptionnels.

“Le massif de Chasseral est un paradis de l’érable sycomore, qui ponctue les pâturages, leur conférant caractère et rythme. Sur les contreforts Nord-Ouest,  au lieu-dit Les Pointes (1160 m), en bordure du domaine skiable des Bugnenets-Savagnières, on peut admirer le plus gros individu du massif. Ce vieux géant mesure 751 cm de pourtour à 130 cm du sol, ce qui est un gabarit de niveau national. (clic les photos)

Quantité d’érables se retrouvent à cette altitude,  et s’ils n’atteignent pas les dimensions de leur ainé, ils n’en demeurent pas moins remarquables. Lire la suite

Erables sycomores, La Ferrière (Suisse)

(Un article de Gilougarou, l’arpenteur des bois)

Certains évènements montrent que ce blog prend une bien belle dimension. Je viens juste d’entrer en contact avec François Bonnet qui nous a livré des précisions dendrologiques sur la Tille de Bracon [1]. Il se concentre pour l’heure sur les arbres remarquables de Suisse et de France voisine, dans la perspective d’une publication avec parcours de randonnée. Vivement intéressé par sa démarche, je lui demande s’il est d’accord pour nous faire découvrir quelques-unes de ces trouvailles. Je vous laisse savourer la valeur de son premier jet.

“Pour entrer en matière, je vous envoie des photos d’un érable sycomore (Acer pseudoplatanus) qui pourrait bien être le plus gros de Suisse connu à ce jour. Lieu : Sous les Planes, La Ferrière, Jura bernois (à quelques km de La Chaux-de-Fonds). Carte nationale 1124 Les Bois, coord. 559.210 / 221.080. Alt. 1045 m. (clic les photos)

Derrière la ferme de Sous les Planes, on se trouve sous deux magnifiques érables… sycomores, et non planes, comme c’est presque toujours le cas dans les pâturages du Jura, malgré les toponymes. Et le plus gros des deux est probablement l’un des plus gros de Suisse, sinon le plus gros: 885 cm de pourtour à la taille, qui se confond ici à peu près avec la hauteur de mensuration classique de 130 cm, et 1490 cm au sol. Peut-être issu de deux graines, l’arbre s’élance en deux puissants troncs et monte jusque vers 20 m. L’agriculteur propriétaire, soucieux de le protéger contre la casse, en a câblé les parties sensibles. Le cœur de sa base est creux de part en part de l’épaisseur du tronc. On s’introduit facilement à deux ou trois personnes dans cette cavité.

A côté, un “petit” frère dans la force de l’âge, affichant 498 cm à 130 cm du sol, un peu plus haut que son aîné. Un superbe et très remarquable duo.”

Alors là François, je suis épaté ! Je n’imaginais même pas qu’un érable puisse atteindre de telles proportions. Son creux et son tour de taille me font penser à l’un des plus gros chênes que j’aie rencontré [2], par contre, il semble bien plus vivace ! Un grand merci pour ce partage et je souhaite que ton projet de parcours de randonnées arrive à son terme. C’est vraiment une initiative remarquable et c’est avec plaisir que j’emprunterais ces sentiers balisés pour pouvoir rencontrer d’aussi beaux arbres.
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Erables, forêt de Woustviller (Moselle)

Après quelques séries d’arbres plutôt imposants, passons avec Sisley dans un registre secondaire, mais qui n’en n’est pas moins remarquable.

« Alors que je me baladais par une fin d’après-midi de fin d’été, en lisière, à la recherche de poiriers forestiers et autres alisiers, je fis une découverte tout à fait hors du commun. Car décidant de m’enfoncer dans le sous bois, je remarquais un vieil érable champêtre, après examen, la circonférence était de 2 m à 1,5 m et une taille supérieure à 14 m. Un spécimen qui était loin d’être banal par ici, il présentait des signes de vieillesse prononcés et le tronc est affecté sur 1/3 de sa surface, avec une charpentière morte. »

« En profitant du coup pour observer les alentours au cas où un doublé serait possible, je me déplaçais et 30 m plus tard je fis une trouvaille similaire, mais d’une autre envergure ! Un érable d’un tour identique, avec une hauteur dépassant les 24 m ! »

« Du jamais vu pour l’instant dans le secteur proche ; et donc un individu conjuguant un beau diamètre, une certaine rectitude et une taille peu courante. Il avait tout d’un sujet noble, ayant grandit premièrement en taillis pour concurrencer les autres arbres et avec les prélèvements de grumes avoisinantes, il a pu atteindre les étages supérieurs. C’est sûr que tout cela a mis un temps assez long, car malgré ses dimensions ne pouvant correspondre au chêne (souvent vu comme une essence de seconde catégorie, il reste néanmoins important de savoir qu’il peut devenir tout aussi considérable que d’autres espèces, si le temps et l’environnement lui en laissent la possibilité). Il peut avec l’autre sujet, être âgé de plus de 110-120 ans. Il y a quelques semaines, j’ai compté l’accroissement moyen d’un tronc de la même essence en forêt et les cernes ne dépassaient que très rarement les 4/5 mm. »

« Les plus vieux arbres n’arrivent que très peu à atteindre les 200 ans en milieu forestier et certains en port champêtre (parc, jardins, prairie,..) dépassent parfois les 350 ans. Son écorce est si caractéristique qu’on ne peut se tromper, des rectangles fins formant comme une armure et des fois une teinte d’un blanc-beige mat. Dommage que je ne l’ai pas immortalisé en parure automnale, car ça doit être un vrai régal, de contempler son feuillage d’un jaune intense sous les derniers rayons du jour. »

« Voici un exemplaire belge qui défraye les chroniques, considéré comme l’un des plus gros du pays, il faut dire qu’il a tout d’un monument. C: 4,28 m à 1 m ≈ 300 ans/ Emptinne. » [1][2]

« Il existe également plusieurs cormiers dans une zone assez délimitée sur la partie nord-est du massif orientée vers le sud. Mais cela sera pour une prochaine fois. »

Merci pour la découverte Sisley, certes moins impressionnants que d’autres essences plus longévives, mais tout de même des érables forestiers ayant dépassé le cap des 100 ans ! Merci pour l’astuce de reconnaissance grâce à l’écorce, j’espère que cela aidera des lecteurs dans de futures explorations.