Les arbres du Béryl Bleu

« Au Tibet, le XVIIe siècle est dominé par la personnalité étonnante du cinquième Dalaï Lama (1617-1642) ; il était assisté par un régent et le dernier qu’il se choisit fut le Régent Sangyé Gyatso. Fins politiques, ces deux personnages étaient aussi des érudits, ce qui explique leur intérêt pour la médecine. C’est à la demande du Dalaï Lama que le Régent révisa, pour en établir la leçon correcte, le texte fondamental de la médecine tibétaine – le Gyushi – considéré comme un texte révélé redécouvert au XIe siècle, ouvrage en quatre parties d’où son nom : Les Quatre traités (rGyud bzhi, souvent traduit, Les Quatre Tantras Médicaux).
Parallèlement, le Régent composa un ouvrage original qui, formellement, se présentait comme un commentaire au Quatre Traités mais qui, de fait, exposait sa synthèse personnelle des différentes écoles médicales et qui est largement connu sous son titre « ornemental », Le Béryl Bleu. Ce texte, clair et précis, devint l’ouvrage de référence pour toute la science médicale ultérieure, dans l’aire tibétaine. »

L’ensemble de thangkas illustrant Le Béryl Bleu, contient trois grandes compositions qui présentent – de manière synthétique et sous la forme métaphorique d’arbres feuillus (sdong-‘grems) – toute la science médicale.

L’arbre des physiologies et des pathologies

The Root of Physiology and Pathology-3

L’arbre des diagnostiques

The Root of Diagnosis 5

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L’arbre Nariphon – นารีผล

Partons sur les traces d’un arbre mythologique bouddhiste dont les représentations rappellent étrangement l’iconographie de l’arbre Waq waq [1].

L’arbre Nariphon (นารี ผล), également connu sous le nom de Makkaliphon (มักกะลีผล), est un arbre de la mythologie bouddhiste qui porte des fruits ayant la forme de jeunes créatures féminines attachées par leur tête aux branches de l’arbre. Cet arbre pousse sans la forêt mythique d’Himaphan où les fruits femelles sont appréciés par les Gandharvas qui les recoltent.

Le Nariphon est également mentionné dans le Vessantara Jataka dans lequel il est rapporté que le dieu Indra a placé ces arbres autour du bosquet où le Bodhisattva Vessantara méditait.

Nariphon - Wat Photaram murals

Selon la mythologie bouddhiste, le Dieu Indra a créé au coeur de la forêt un pavillon comme une demeure pour Vessantara, sa femme, et ses deux enfants. Chaque jour sa femme allait dans la forêt pour ramasser des fruits : elle risquait cependant d’être attaquée par des ermites ou des yogis qui y vivaient. Lire la suite

L’arbre refuge de Gelugpa, bouddhisme

Ce type de thangka est appelé un guru-parampara, une “lignée des gurus” (guru au sens d’enseignant). Il montre un arbre, pour ainsi dire, et sa fonction est d’indiquer une ligne de descente. L’idée est que la présentation doit être considérée comme un refuge pour les croyants. Il crée une sorte de structure dans le chaos ; certain nombre de divinités et des enseignants, en qui les croyants se réfugient, car ils aideront les croyants au cours de leur développement spirituel. Tous les portraits de personnages ont été rassemblés dans et autour de l’arbre, qui germe dans un plan d’eau.

A l’origine, cette manière de la représentation provient de l’Ordre Nyingma, et y trouve un parallèle dans la façon dont est né Padmasambhava : sur un lotus qui grandit dans un lac.

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L’arbre est un ancien symbole prenant ses racines dans les eaux vivifiantes et primordiales, et qui surgit par voie de terre dans les couches supérieures de l’air, de l’extension de sa couronne dans l’univers. Dans la pensée cosmique, les notions d’arbre et montagne sont interchangeables. La montagne cosmique, le mont Meru, où vivent les dieux, est également situé dans l’océan cosmique.

Situé dans le centre de la représentation, siège Tsongkhapa, il est le gourou du croyant sur le chemin spirituel. Il porte un petit Bouddha sur sa poitrine. De la figure centrale, de Tsongkhapa, deux rayons de lumière émanent et se terminent dans les congrégations de vénérables maîtres qui représentent le Madhyamika et les écoles Yogacara. Lire la suite