À propos des solstices

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Les Solstices d’été et d’hiver marquent l’axe vertical du monde, les deux extrêmes de la course du soleil.

Par analogie, l’axe vertical devient alors « l’arbre du monde » reliant le haut et le bas, porteur de vie, de durée et de sagesse.

Et l’on sait aussi que symétriquement, les racines de l’arbre imagent les origines de l’homme, son passé et son devenir.

Il suffit alors d’associer ces symbolismes à la « roue du temps » pour relier l’homme au Cosmos.

If de l’Église Notre-Dame-de-l’Assomption, Montgardon (Manche)

L’If du cimetière, plus que millénaire, sera abattu © Ouest France 24 septembre 2014.

If Montgardon - Han Van Meegeren - Monumental Trees

C’est un bel if qui fait partie des remarquables sur le répertoire du conseil général, qui va disparaître très prochainement. Avant l’hiver, il ne restera de l’If plus que millénaire, dans le cimetière, que le souvenir et les photos. Le vénérable arbre est devenu dangereux.

Une grande peine pour la municipalité. L’if, placé auprès des tombes, très près de l’église, a vu les générations de paroissiens, années après années, défiler auprès de ses ramures. Que lui est-t-il arrivé ? « Nous l’avons fait expertiser le 19 août, précise le maire Pierre Pitrey, par un cabinet spécialisé en arboriculture ornementale et forestière urbaine. Et cet if remarquable montre de graves défauts mécaniques, de son collet et de son tronc. »

En langage simplifié : l’if est creux « et de multiples fissures sur la hauteur du tronc et de sa circonférence, menacent l’environnement direct de l’arbre. » Verdict : il doit être abattu, pour sécuriser les personnes et les biens. Des devis sont en cours d’élaboration pour son abattage, par des élagueurs professionnels, car ce ne sera pas simple. L’arbre millénaire est vraiment placé très près de l’église et du cimetière. Cette opération sera coûteuse pour la municipalité, environ 3 500 euros, entre le diagnostic et l’abattage : et sa belle ramure et son tronc finiront à la déchetterie.

Plus de 9 m de circonférence.

On estime la plantation de l’if du cimetière, un if commun taxus baccata, entre l’an 1000 et 1200. Il a été distingué en 2005 en qualité d’arbre remarquable de la Manche, et répertorié comme tel par le conseil général. Sa circonférence est de 9 à 10 m, sa hauteur de 9 m et sa couronne de 11 m. Son tronc puissant est largement penché, mais semble retenu dans sa chute par une pierre tombale, glissée sous le renflement du tronc, qui paraît aider à tenir l’arbre en équilibre.

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Des photos de cet if millénaire par Han van Meegeren sur le site Monumental Trees, c’est ici.
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Yew Montgardon - Jos van Wunnik

Un dessin de l’if par Jos van Wunnik publié sur flickr.

« Wyndham’s oak », le chêne de Silton (Angleterre)

Après le chêne Oakleigh, Yannick nous emmène à la rencontre d’un autre chêne colosse anglais.

« Cela faisait un moment que je rêvassais devant les photos du merveilleux chêne pédonculé de Silton dans le Dorset. Je me suis donc décidé à retourner en Angleterre, l’an dernier avec mon père, car j’étais un peu resté sur ma faim l’année précédente,même si je ne t’ai pas encore envoyé mon dernier reportage de 2009… »

« Cet arbre est aussi nommé Wyndham’s oak, du nom d’un impopulaire juge ayant officié de 1659 à 1660 (nommé par le puritain Cromwell), courte période,car il a été destitué après la restauration de Charles II sur le trône, mais suffisante pour gagner assez d’argent pour racheter le manoir de Silton. Il aimait venir, dit-on, s’asseoir sous le chêne pour le contempler. »

« L’arbre a servit de potence pour deux partisans du Duc de Monmouth lors de la « rébellion de Monmouth » (1685), quand celui-ci à tenté de prendre le pouvoir. Période sanglante dont l’arbre a été bien malgré lui l’acteur et le témoin. »

« Aujourd’hui, l’arbre vit sereinement au milieu de la prairie situé derrière l’église de Silton, il n’y a pas de pendaison de prévue prochainement, heureusement, car avec les années sa ramure s’est plutôt réduite et n’offre plus une configuration optimale pour cet usage ! »

« J’ai visité cet arbre par un jour très pluvieux, (l’Angleterre ne faillit à sa réputation), ce qui ne m’a pas permis de prendre de belles photos, il est toujours possible de faire une recherche d’image sur Google, pour mieux vous rendre compte de la beauté de cet arbre. »

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Le Cormier et le Poirier de Saint-Christophe-sur-Roc (Deux-Sèvres)

« Depuis que Sisley nous enchante régulièrement avec ses fabuleuses découvertes en Cormier, je rêvais secrètement d’en trouver un moi aussi. Mais pas si facile que ça de trouver celui qui supportera la comparaison avec ceux de mon ami. Et puis par un beau jour d’avril alors que nous promenions le chien par ces petits chemins creux qui entourent la maison, un lapin passa devant la truffe de Cannelle. Celle-ci se mit alors aussitôt à ses trousses et disparut de notre vue en pénétrant dans une prairie où j’étais déjà entré autrefois pour mesurer deux frênes. »

« Ce coup-ci, je dus pousser un peu plus loin et traverser une haie pour retrouver mon chien. »

« Et c’est là, à quelques 800m de chez moi que j’ai découvert grâce à mon chien cet arbre tant rêvé depuis des mois. Un cormier superbe avec un beau houppier bien formé et en bonne santé.

Le bonheur ! Et, cerise sur le gâteau, un peu plus loin dans la haie un poirier pas vilain du tout. Le temps de profiter de ces découvertes, Cannelle était de retour bien essoufflée et bredouille. »

« Merci mon chien ! Retour à la maison pour récupérer de quoi dégager un peu les troncs sous les ronces, faire quelques photos et mesurer tout ça. Comment avais-je pu passer à côté de ces deux arbres depuis des années sans jamais les remarquer ? »

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Le gros saule de Tourly (Oise)

L’Oise est un des départements pour lequel nous avons peu d’informations, et jusqu’à présent seuls deux arbres se sont dévoilés : un vieux chênes forestier [1] et un tulipier de Virginie historique [2], mais la chance a sourit à Gilles lors de ses pérégrinations sur les routes de France.

« Voilà un bout de temps que je ne t’ai pas envoyé de reportage. Il me faut donc reprendre la rédaction avec une très belle surprise inopinée qui va venir encore rehausser les maximas d’une espèce. Je vais donc te présenter un gros saule argenté. »

« Je roule beaucoup ces temps-ci et parfois je suis amené à m’éloigner des chemins principaux. Sortir des routes toutes tracées, c’est souvent prendre des risques mais aussi très régulièrement un bonne idée. Ce conseil est valable dans la vraie vie, mais encore plus dans la recherche arboricole. »

« Je m’étais donc un peu perdu dans la campagne de l’Oise pour découvrir à la sortie du village de Tourly un tronc des plus alléchants. Il appartient à un saule argenté magnifique qui ne semble pas avoir été taillé, du moins pas récemment. Sa circonférence à 1m30 pulvérise les données dont je disposais concernant les saules français avec 7m70 ! »

« Son fût semble se scinder en deux par le milieu. Même si d’un côté, on aperçoit des « veines » qui les relient fortement, les deux charpentières son maintenant presque séparées par une zone dans laquelle le bois a pourri, formant ainsi un humus de première qualité. »

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Le marronnier de Pierrefitte-en-Cinglais (Calvados)

En ce début d’année, Alexis nous revient en fanfare…

« Il fallait pour commencer dignement cette année 2012 un arbre susceptible de marquer les esprits, et je suis heureux car je crois bien l’avoir trouvé dans le Calvados. Il s’agit d’un marronnier, remarquable par sa taille mais surtout par son port particulier et épanoui. »

« Son existence a été portée à ma connaissance par un article paru dans le bulletin de l’association A.R.B.R.E.S. ainsi que par un inventaire des arbres remarquables de Normandie publié sur l’excellent site du Krapo Arboricole. Ce marronnier, qui mesure 6m10 de circonférence à l’endroit où son tronc est le plus fin, c’est à dire approximativement à 1m10 de hauteur, se trouve dans une propriété privée sur la commune de Pierrefitte-en-Cinglais. »

« Il me semble que parmi les gens qui s’intéressent de près aux arbres naissent des affinités particulières avec certaines espèces ; il peut s’agir d’un choix délibéré de la part de la personne, mais il m’arrive aussi de penser que parfois c’est l’arbre qui nous choisit et vient régulièrement jalonner notre chemin de sa présence. »

« C’est un peu le sentiment que j’ai avec les marronniers, et je dois dire que pour moi ces arbres se parent d’un symbolique particulière. On en plante de moins en moins et souvent ceux que l’on voit sont en ville, poussant les pieds dans le bitume et subissant de manière répétée des élagages qu’ils supportent mal. Ils sont malades en ce moment et parfois je m’inquiète, je me dis que peut-être comme les ormes à terme ils disparaîtront, petit à petit, sans faire de bruit, et que bientôt plus personne ne se rappellera d’eux et de cette formidable puissance, de cette beauté qu’ils sont capable d’offrir à ceux qui les laissent s’épanouir librement. »

« Aussi quand se présente devant moi un spécimen qui incarne pleinement le potentiel auquel ces arbres magnifiques peuvent prétendre, j’avoue que je suis ému, ému devant cette masse de bois qui s’étire vers le ciel et parfois replonge dans la terre, et je ne peux m’empêcher de penser aussi au spectacle que doit être la floraison d’un tel arbre. »

«Le marronnier, de même que le tilleul par exemple, la platane ou le figuier, est un arbre qui présente une propension naturelle au marcottage, ses branches avec le temps s’affaissent jusqu’à toucher terre ou elles se ré-enracinent et se renforcent. »

« Il est assez rare de croiser des individus qui présentent ce type de port car celui ci apparaît avec la maturité de l’arbre et nécessite que ce dernier ai pu se développer sans entraves et avec beaucoup d’espace, ce qui est rarement le cas. »

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