Alexis a pour un temps quitté ses terres normandes pour le Sud de la France, mais il n’a pas pour autant arrêté sa quête de vieux ligneux, bien au contraire ! Sur son blog s’affichent de superbes reportages, tels le tilleul des Forgettes, le chêne vert des Courmettes, le peuplier de Poyols, l’orme de Gorbio, ou ce fameux schinus à Garavan… Encore une fois, il a souhaité partager avec nous ses rencontres arboricoles, et comme j’avais le choix dans ses reportages, j’ai sélectionné sa balade au cœur d’un peuplement de mélèzes centenaires.
« Il y a encore quelques jours les mélèzes étaient pour moi et pour ainsi dire des inconnus. Bien sur nous nous étions déjà croisés en quelques occasions, car bien qu’inféodés par nature aux régions montagneuses, certains d’entre eux, à l’âme sans doute plus voyageuse que le commun de leurs congénères, sont venus planter leurs racines dans les basses terres de ma région natale, la Normandie ; mais jusqu’à cette incursion récente au cœur de leur pays, aucun lien ne nous unissait. »
« C’est par une matinée pluvieuse que je me suis mis en route ; les signes depuis deux jours autour de moi s’étaient manifestés avec une étonnante clarté et c’est auprès de ces arbres que ce jour était ma place. Je me suis donc rendu sur la commune de Prads-Haute-Bléone, et c’est après avoir abandonné la route au profit d’une piste serpentant sur le flanc de la montagne, que j’atteignis enfin cette fameuse mélèzaie. »
« J’ai garé ma voiture et avant même d’avoir posé le pieds sur le sol détrempé de la montagne, j’ai su que j’allais vivre au cours des prochaines heures une des aventures arboricoles les plus intenses de ma jeune carrière d’arpenteur des vertes contrées. Car le moins que je puisse dire est que le spectacle qui s’offrait à mes yeux valait le déplacement. »
« La plupart du temps lorsque je vais visiter des arbres je me retrouve en ville, dans la campagne ou en forêt, presque toujours dans des endroits que la main de l’homme a marqué de son empreinte, et c’est je crois la première fois que je me retrouve ainsi au cœur d’un paysage, qui bien que proche de la civilisation, transpire aussi peu son influence. »
« Si l’on m’avait dit en cet instant que je venais de mettre les pieds au cœur d’une parcelle de foret primaire miraculeusement préservée, cela m’eut paru une vérité indiscutable. Car dans cette foret s’épanouissent des géants d’un autre age, qui pour l’occasion avaient revêtu leur parure d’automne; le sol est recouvert de mousse tendre et d’herbe grasse, et les tronc autant que les basses branches des arbres sont habillés de lichens grisonnants mettant en valeur les feuillages alors flamboyants et moribonds. »
« Je parle de géants car c’est je crois le terme qui sied le mieux à l’évocation des arbres qu’au cours de cet après midi j’ai côtoyé. Parmi les nombreux individus qui poussent sur ce flanc de montagne, un grand nombre, plusieurs dizaines sur une zone de quelques hectares, ont des circonférences dépassant quatre mètres et l’un d’eux frôle même sept mètres de tour. »