Le chêne séculaire de Vaillé, Nueil-sur-Layon (Maine-et-Loire)

Tout au long de l’année Gilles a arpenté l’Anjou en quête des vieux arbres disséminés sur ce terroir, et s’il s’est aidé des recensements précédemment effectués pour nous présenter quelques pépites [1][2][3], il y eut aussi de belles découvertes imprévues [4][5][6][7].  Suivons-le aujourd’hui au Nord de la commune de Nueil-sur-Layon car il a enfin trouvé un chêne colosse non encore répertorié.

“Je dois dire que j’ai tout d’abord été incrédule en le découvrant alors que je m’égarais un peu au-delà d’un itinéraire que j’avais prévu. Il faut dire que je commence à avoir un peu de flair pour dénicher les endroits susceptibles d’abriter des vieillards ligneux.”

“J’ai tout d’abord traversé le bois de Vaillé pour découvrir le, ou plutôt les châteaux de Vaillé, puisqu’il y en a un de chaque côté de la route, chacun datant de son époque. Impossible de dire s’il s’agit d’une ou deux propriétés distinctes. Toujours est-il qu’une grande propriété abrite presque toujours de beaux et gros arbres. Du coup, j’ai ausculté le paysage et je dois dire que certains spécimens de ces parcs mériteraient le détour (si je trouve le temps, peut-être…). Comme ils ne sont pas ouvert au public, j’ai pris la première petite route à gauche au cœur du hameau et c’est juste derrière la propriété que j’ai aperçu, dressé dans une haie entre deux prés cet arbre tout-à-fait bluffant.” (clic les photos)

Chêne de Vaillé 1

“Un colosse comme on en voit peu. Après avoir dégagé le pourtour du tronc qui était armé d’un mur de 2 mètres de haut et de large de ronces (Avec la bonne vieille technique de l’écrasement progressif, hé hé hé ! et même pas piqué na !), j’ai pu déterminer assez précisément sa circonférence à 1m30 qui s’élève à, excusez du peu, 7m15 !”

“Comment un tel monument a-t-il pu passer inaperçu dans tous les listings dont on dispose pour le Maine-et-Loire ? Il semble évident que les riverains doivent le connaître, mais son existence semble pourtant être demeurée secrète jusqu’à aujourd’hui.”

“Il n’est pas très haut puisqu’il ne dépasse pas les 18 à 20 mètres (les jeunes chênes du parc voisin le dominent d’au moins 5 mètres) sans aucun doute car il a toujours connu une station isolée. Pour témoigner de cela, on découvre sur son tronc un grand nombre d’anciennes très grosses branches aujourd’hui rompues. Il semble avoir subit bien des outrages. Il y a de cela cinquante ans environ, il devait encore être au temps de sa splendeur en présenter une parfaite boule de verdure à l’instar du chêne de Chambiers [8] mais en plus gros.”

“Maintenant, il est déjà creux et en flashant dans un trou à peine plus gros que la main sous la branche basse la plus creuse, la photo montre bon nombre de ce qui m’a semblé être des déjections de chauve-souris. Voici donc un arbre non seulement important par la taille mais par son intérêt écologique. Un véritable trésor.”

“A l’opposé de cette charpentière, première des disparues, son homologue a été tronçonnée relativement récemment seulement après, je l’espère, quelle se soit rompue (sinon, c’est un crime !). Et là j’ai enragé de ne pas avoir eu d’escabeau avec moi pour pouvoir dénombrer les cernes de cette branche qui devait dater de la prime jeunesse de ce vieillard.”

“A propos d’âge, si l’on se réfère à l’âge attribué au chêne de Chambier, on trouverait 520 ans.  Si l’on considère qu’un chêne isolé peut croitre de 2 cm par ans, on trouve un peu plus de 350 ans. Maintenant, si l’on considère qu’il est déclinant, je pense que 400 ans semblent assez cohérents. Mais soyons prudents, car quelques exemples mon montré qu’on peut se tromper de beaucoup.”

“C’est un patriarche de l’Anjou en tout cas et je pense qu’il serait grand temps de se préoccuper de sa santé afin de le préserver à tout prix.  En effet, il ne lui reste que trois grosses charpentières à son sommet, qui ne demandent qu’à se briser quand on sait que l’intérieur du fût est creux, donc fragile. Je n’ai observé aucun départ de jeunes branches basses qui seraient une garantie pour son avenir. Il ne semble donc pas très vivace (ce qui corrobore l’hypothèse d’un âge avancé) et toute rupture de branche dans un avenir proche précipiterait son dépérissement de façon irréversible.”

“Pour le protéger, je pense qu’il conviendrait tout d’abord de relier les charpentières entre-elles, technique efficace que l’on observe fréquemment sur les très vieux chênes européens qui sont entretenus. Ensuite, il faudrait le débarrasser de son lierre et le dégager durablement de la broussaille qui l’entoure afin de permettre à un éventuel rejet de se développer dans la partie basse du tronc. Si j’étais sûr de rester en Anjou, je monterais bien une association pour aider le propriétaire à mettre en valeur et pérenniser ce patrimoine méconnu et pourtant si important.”

Carte générale - Nueil-sur-Layon

Merci pour cette superbe découverte Gilles ! Quel bonheur de rencontrer un vieux chêne non répertorié… J’imagine aisément la sensation de joie lorsque tu as aperçu ses charpentières, et que tu t’es dirigé vers lui (à chaque pas  tu devais le voir grossir). Mais sur ce coup-là, il s’agit d’une trouvaille d’importance, un chêne vieux de plusieurs siècle – qui a certes lourdement subit les outrages du temps – mais ce patriarche qui a su se faire discret tout ce temps est un véritable patrimoine qu’il faudrait entretenir et protéger.

9 réflexions sur “Le chêne séculaire de Vaillé, Nueil-sur-Layon (Maine-et-Loire)

  1. Sisley

    En effet, un beau chêne colosse !
    Un fois de plus, le ‘hasard’ fait bien les choses.
    Il est vrai que c’est navrant, qu’il ait perdu autant de basses branches, de larges sections. Il devait autrefois, avoir une forme très touffue. Plutôt insolite comme architecture.

    Au vu des bourrelets de compartimentation sur les zones sectionnées, on peut penser qu’il possède encore une certaine vitalité, bien qu’il ne soit plus de première jeunesse.

    J’imagine ta frustration, en voyant que tu ne pouvais pas accéder à la zone récemment coupée.

    ………………
    Le seul souci avec un haubanage, c’est qu’une fois installé, il est nécessaire de faire effectuer une maintenance pour vérifier l’état du serrage et des cordes, tous les 3-4-5 ans.
    Et une installation efficace réside dans un bon calcul des forces en jeu, (position des branches, effet de balancement au vents, poids et tension des branches,…)

  2. Julien46

    Comme quoi même si on pense avoir découvert tous les arbres remarquables d’un département il y en a toujours qui se font oublier pour notre plus grand bonheur.

  3. Ping : Index pour les chênes « Krapo arboricole

Laissez vos mots...