Chêne aux clous du Pâtisseau, Bonnoeuvre (Loire-Atlantique)

Au Nord-Ouest de Bonnœuvre, la forêt de Saint-Mars-la-Jaille abrite l’un des derniers arbres guérisseur du pays : le chêne aux clous du Pâtisseau.

Ce chêne serait le seul survivant d’un groupe de chênes rouvres abattus avant 1742, il est aujourd’hui isolé au milieu de sujets plus jeunes. Une circonférence de 4,20 mètres à 1 mètre du sol, il se distingue par une niche fixée à son tronc qui abrite une Vierge à l’Enfant, et surtout par un tronc recouvert de centaines de clous. (clic les photos)

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Dans les langues d’autrefois, le mot clou désignait les furoncles ; et la tradition populaire attribue à ce chêne le pouvoir de guérir de ces affections douloureuses. Un ancien rite païen est à pratiquer : « Il s’agissait de venir seul, la nuit ; à l’abri des regards ; frotter des clous de cercueil contre la partie malade de son corps ; faire ensuite sept fois le tour de l’arbre ; adresser une prière à l’âme de l’arbre ; planter les clous dans le tronc sur la face qui ne voit jamais le soleil. Partir à reculons en saluant l’arbre. »

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Une survivance d’antiques croyances païennes ; avec le temps cet arbre a été christianisé, et il semblerait dorénavant que ce soit la Vierge qui officie aux guérisons…

Localisation chêne aux clous (clic pour agrandir)Merci de nous avoir fait découvrir ce chêne Alan. Pendant longtemps j’ai recherché des photos de cet arbre guérisseur. Et il y a peu, sur le forum Allo-Olivier, rencontre avec Alan, arboriste grimpeur installé sur la commune de Bonnœuvre. c’est avec un réel enthousiasme qu’il s’est rendu dans la forêt pour lui tirer le portrait. Si vous avez besoin de faire entretenir vos arbres , faites lui signe [1].

« La plantation du clou ou de l’épingle a aussi pour but de transmettre l’incommodité dont on désire se délivrer. Dans les Vosges, le clou qui avait fait le tour d’une dent malade était ensuite enfoncé dans le tronc avec la ferme volonté d’y clouer le mal à la même place. Dans le Bocage normand, on a fait avec le clou un signe de croix sur la gencive. Dans la Hesbaye, province de Liège, des guérisseurs touchent la dent avec un clou et disent ensuite au patient de le jeter dans un arbre ; le mal doit disparaître au fur et à mesure que le clou s’enfonce. Dans un village voisin de Liège, une bonne femme, qui guérissait à l’aide de prières superstitieuses, emmenait après l’opération son client dans le jardin et l’invitait à planter un clou dans un arbre, disant que le mal ne pouvait désormais le rejoindre. A Dagueux, dans l’Ain, un arbre était couvert d’une multitude de clous enfoncés par les gens du pays pour se débarrasser du mal de dents. C’était probablement avec la même intention que l’on avait fiché dans l’écorce d’un vieux frêne, près de la fontaine de Faubouloin, de si nombreuses épingles. A Braine l’Alleud, dans la Belgique wallonne, une croix, disparue aujourd’hui, était plantée entre deux sapins séculaires. Suivant une coutume fort ancienne, mais qui n’est plus guère usitée, on allait enfoncer dans les sapins et même dans la croix, à l’effet d’obtenir la guérison des personnes atteintes de fièvres, des épingles ou des clous qui devaient avoir été préalablement en contact avec le malade ou avec ses vêtements. Sitôt l’objet placé, l’opérateur s’enfuyait au plus vite; celui qui aurait enlevé l’épingle ou le clou aurait certainement communiqué le mal à un membre de sa famille. »

Jacques Sébillot, Le Folklore de France – La Flore p.68-69.

15 réflexions sur “Chêne aux clous du Pâtisseau, Bonnoeuvre (Loire-Atlantique)

    1. guyot bruno

      Cà y est, ils ont encore mis leurs statues de la vierge, ça n’a rien à voir avec l’arbre, celui encore qui veut y croire moi je ne suis pas contre mais arretez de mettre systematiquement des objets de ce genre. Moi je prefere cet arbre sans rien, pourquoi lui attribuer ces choses, les gens n’ont quà tout simplement faire cela si ça leur plait chez eux mais pas à la vue de tout le monde, je ne suis pas d’accord, c’est exactement la meme chose que pour les calvaires, moi cela me derange, respet dans les 2 sens SVP.

  1. Sisley

    Intéressant ce spécimen, lourd de croyance et de pratiques en tout genre.
    ( c’est juste le mitraillage de clous, qui me dérange, ils auraient peut-être pu mettre en place un autre rite,.. )

    ____
    Compléments sur les chênes têtards déplacés à cause du barrage dans le (64), en fait le fond de pensée est juste, mais la nature ne se laisse guère apprivoiser, comme un animal domestique !
    C’est juste dommage, que des milieux relictuels de ce type tendent à disparaître avec autant d’aisance..

    Cliquer pour accéder à Astelle%20005%20BasseDef.pdf

  2. Salut Sisley,

    les clous ne me dérangent pas, c’est avec grand respect qu’ils sont plantés,
    Certains arbres à clous sont vieux de plusieurs siècles, et il semblerait que cette pratique ne nuise pas trop aux arbres.

    merci pour les liens.

  3. Bonjour Hélène,

    j’ai été lire, mais ce texte apporte peu de précision supplémentaires :

    “Sur le chêne de Bonnoeuvre (Loire-Atlantique), les loques sont remplacées par des clous que les pèlerins plantent dans le tronc après en avoir fait sept fois le tour. Le clou qui a touché la partie malade d’une personne est planté dans le tronc pour lui transférer le mal […] Ce clou est un symbole, assez révélateur du mélange des croyances dans les rites populaires, car il fait probablement référence aux clous du Christ sur la Croix.”

    Je trouve le passage cité de Paul Sébillot plus riche d’enseignements…

    Enfin, pour moi il n’y a pas lieu de faire le rapprochement entre les clous de la Croix et ceux fichés dans le tronc des arbres. Il s’agit ici d’une ancienne pratique païenne que l’Église a tenté en vain de faire disparaitre en christianisant l’arbre. Ce sont de vieux cultes qui étaient en usage bien avant l’arrivée de Jésus et de sa crucifixion…
    ___

    ”Le culte des arbres en Perse, parait remonter à l’antiquité la plus reculée. Les arbres vénérés y portent le nom de dirakht i fazel, “les excellents arbres”. On les couvre de clous, d’ex-voto, d’amulettes, de guenilles, et les derviches et les fakirs accourent se placer sous leur ombre. Ce sont généralement des platanes ou des cyprès. Quelques uns de ces arbres sont d’une extrême vieillesse. Près de Nakhitchevan, à Ardubad, est un orme vieux de plus de mille ans, qui est l’objet du culte des habitants. Les persans attribuent à leur vertu divine l’étonnante longévité de ces végétaux, sur lesquels la présence des hommes saints qui viennent s’abriter sous leur feuillage, attire, disent-ils, les bénédictions. On brûle à leur pied de l’encens ou des cierges pour obtenir la guérison des malades ou l’accomplissement de ses vœux. Ceux qui s’endorment à l’ombre de ces arbres s’imaginent, dans leurs songes, goûter les félicités réservées aux aoulia.”

    Source : Alfred Maury “les forêts de la Gaule et de l’ancienne France

  4. Aimé Le Lann

    Un arbre dressé de toute sa hauteur, les bras levés menaçant tous les maux de la région. Maux cause du plantage de tous ces clous qui lui chatouillent désagréablement le corps. Je le plains ! alors que, peut-être, il est heureux du service qu’il rend dans son alentour… superbe dévouement ????
    Aimé

  5. Salut Papi,

    un arbre qui donne de sa personne pour nous prendre nos maux,
    son tronc aux centaines de clous me fait parfois penser aux fétiches vaudou, que les initiés recouvrait littéralement de pointes en fer :

  6. allie

    je trouve immonde de faire souffrir un arbre de cette maniere, en plantant de clous, on plante une pompe a energie, on le vide de sa vie, sa force, son me.

    1. loeiz vuc'h

      Ces arbres ne sont pas choisis par hasard , il sont puissant , sorte de « sorcier » de la forêt à qui ils procurent une énergie primordiale tel une source.
      Depuis toujours ces forêt nous abritent , nous chauffent , et nous nourrissent , nous leur sommes intimement liés , il est logique qu’elles nous soignent aussi…
      La souffrance est la vie , c’est un leurre moderne de croire en une vie sans souffrance , mais la force de ces arbres est bien plus grande , et chaque clou la grandit , cette souffrance n’est pas gratuite ni sadique , elle est échange et collaboration intime entre l homme et l’arbre. Une relation très puissante car c’est bien plus que du respect que nous rendons à ces arbres , par les clous que nous plantons , c’est une part non négligeable de nous qui se greffe à l’arbre et qui crée ce lien intime et indéfectible , une dette de vie…
      Le problème est de replacer bien HUMBLEMENT l’homme dans cet équilibre NATUREL
      Kenavo dit

  7. Bonjour allie,

    je ne suis pas en accord avec tes arguments, même si cela peut choquer les urbains du XXIè siècle, n’oublions pas que ces pratiques ‘paysannes’ remontent à des âges reculés, où les divinités étaient des forces de la végétation. De plus, il s’agit d’un pacte passé avec l’arbre en vue de guérison, et cela est fait avec le plus grand respect.

    On connait des arbres à clous qui ont largement dépassé leur espérance de vie… et pourtant la grandeur d’âme de l’arbre l’aura poussé à donner de sa force pour aider à la guérison des hommes.

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