Paris compte parmi ses arbres historiques, un arbre de justice encore célèbre dans le IVè arrondissement, l’Orme de Saint-Gervais. Le jeune orme actuel, planté en 1936 (?), se trouve sur le parvis de l’église Saint-Gervais – Saint-Protais, un arbre de 12 mètre de haut pour 1,50m de circonférence.
L’ancien qui devait se trouver au même endroit ou à proximité, est mentionné pour la première fois en 1235, à l’occasion d’une vente. Dès cette date, le respect qu’on l’entoure indique qu’il était là depuis une période plus reculée. En 1314, on le signale comme lieu de supplice : Philippe et Gauthier d’Aunay, accusés d’avoir entretenu des relations amoureuses avec les belles-filles de Philippe le Bel, furent suppliciés sous ses branches.
Il y a tout lieu de penser que l’orme fut remplacé plusieurs fois. En effet, une estampe du XVIIè siècle représente sur le parvis de l’église un orme jeune entouré d’une margelle : il n’a guère plus de 7 à 8 mètres de haut et ressemble fort à celui d »aujourd’hui. Sur un manuscrit du XVIIIè siècle, il n’est pas beaucoup plus grand mais toujours entouré d’un muret de pierre, muret qu’on retrouve sur toutes les représentations anciennes, sur de vieilles enseignes conservées au musée Carnavalet, sur une plaque de cheminée rue François-Miron, comme en-tête de facture d’artisans et de commerçants : « A l’Orme de Saint-Gervais » [1][2]. Cet orme a marqué profondément la vie du quartier et de la paroisse. Il figure sur les balustrades en fer forgé du premier étage des maisons de la rue François-Miron [3] et de la rue des Barres, sur les miséricordes des stalles de l’église, il orne la bannière paroissiale, le sceau et les jetons des marguilliers.
A la révolution, il est violemment menacé comme symbole de l’Ancien Régime. Premier Ventôse, an II : « La société populaire de la section de la Maison commune demande que l’on fasse abattre l’arbre planté par le fanatisme, appelé l’Orme de Saint-Gervais. » Cependant, nul n’est capable de préciser quand il fut effectivement abattu : pendant la Révolution ? en 1806 ? en 1811 ? ou plus récemment encore ? Quoi qu’il en soit, en 1847, le curé de la paroisse demande que les doubles rangées de platanes qui se meurent autour de la place soient remplacés par un orme. (Robert Bourdu, Arbres Souverains)
Merci pour les photos de cet orme Laurent. Un arbre légendaire inscrit dans la vie des parisiens depuis le Moyen-Âge, et dont on prit grand soin de toujours lui donner un successeur. Certaines histoires racontent qu’il fut autrefois le lieu de rencontre privilégié des Francs-Maçons, et aujourd’hui des magnétiseurs de la capitale…
J’en avais vaguement entendu parler, mais je n’imaginais qu’il y avait autant d’histoire(s) là dessous !
Le fait que ce soit un orme, le rend encore plus populaire et intrigant.
Espérons que celui-ci aura plus de chance que les précédents et qu’il atteigne le XXIIe siècle. On a le temps de voir d’ici là !
Salut Sisley,
bien content de te faire connaitre en détail l’histoire cet orme,
espérons qu’il survive au XXIè siècle et à la vie de la capitale !
Au fait, hier pic de connexion 2680 visiteurs !
Essentiellement en Normandie, la liste a l’air de marcher…
Un lieu chargé d’histoire. Celle-ci est bien lourde à porter pour un arbre encore bien menu et déjà atteint dans son intégrité.
Pas facile de survivre à la capitale…
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J’ai découvert en une du Petit Parisien daté du 11 mars 1914 un article illustré et intitulé : On a replanté l’ « Orme Saint-Gervais ».
Si l’orme actuel a été planté en 1936, qu’est devenu ce prédécesseur ? Mystère…
PS : j’adore faire des balades bucoliques sur votre blog. 😉
Page intégrale disponible sur Gallica.bnf.fr :
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5650016/f1.highres
Le Petit Parisien : journal quotidien du soir Éditeur. Date d’édition : 11 mars 1914