Exode – chapitre III, Le buisson ardent

La Tradition juive et chrétienne reconnait en Moïse l’un de ses plus grands prophètes : il fut un des personnages principaux de la Bible, mais aurait également écrit sous l’inspiration divine le Pentateuque (les cinq premiers livres de la Bible : la Genèse, l’Exode, le Lévitique, le Livre des Nombres et le Deutéronome).

Alors qu’il mène une vie de berger chez son beau-père, Dieu l’appelle de l’intérieur d’un buisson qui brûle sans se consumer, Moïse se voit révéler sa mission et le nom de l’Éternel.

Le buisson ardent

Moïse faisait paître le petit bétail de Jéthro, son beau-père, prêtre de Madian. Il mena le petit bétail au fond du désert et arriva à la montagne d’Élohim, Horeb.
L’Ange de Iahvé lui apparut dans une flamme de feu, du milieu d’un buisson, et Moïse regarda : voici que le buisson était embrasé par le feu, mais il n’était pas dévoré ! Moïse dit : « Je vais faire un détour et voir ce grand phénomène : pourquoi le buisson ne brûle-t-il pas. »
Iahvé vit qu’il avait fait un détour pour voir et Élohim l’appela du milieu du buisson, il dit : « Moïse, Moïse », et celui-ci dit : « Me voici ! »
Il dit : « N’approche pas d’ici, enlève tes sandales de tes pieds car le lieu sur lequel tu te tiens debout est un sol de sainteté. »
Puis il dit : « Je suis le Dieu de ton père, le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac et le Dieu de Jacob ! »  Moïse se voila la face, car il craignait de regarder vers Élohim.
(Exode III, 1-6)

00Moïse et le buisson ardent Schnorr von Carolsfeld - gravure extraite de La Bible en images 1851-60

Mission de Moïse

Iahvé dit : « J’ai bien vu l’humiliation de mon peuple qui est en Égypte et j’ai entendu sa clameur en présence de ses exacteurs, car je connais ses douleurs. Je suis donc descendu pour le libérer de la main de l’Égypte et pour le faire monter de ce pays vers un pays beau et large, vers un pays ruisselant de lait et de miel, vers l’endroit où se trouve le Cananéen, le Hittite, l’Amorrhéen, le Perizzien, le Hévéen et le Jébuséen. Voici donc que maintenant la clameur des fils d’Israël est arrivée jusqu’à moi et j’ai vu également l’oppression dont les oppriment les Égyptiens. A présent, va ! Je t’envoie vers Pharaon, fais sortir d’Égypte mon peuple, les fils d’Israël. »
Moïse dit à Élohim : « Qui suis-je pour que j’aille vers Pharaon et pour que je fasse sortir d’Égypte les fils d’Israël ? »
Il dit : « Je serai avec toi et voici pour toi le signe que c’est moi qui t’ai envoyé : quand tu feras sortir le epuple d’Égypte, vous servirez l’Élohim sur cette montagne. »
(Exode III, 7-12)

Révélation du Nom divin

Moïse dit à l’Élohim : « Voici que moi, j’arriverai vers les fils d’Israël et je leur dirai : Le Dieu de vos pères m’a envoyé vers vous ; et ils me diront : Quel est son nom ? Que leur dirai-je ? »
Élohim dit à Moïse : « Je suis qui je suis ! » Puis il dit : « Tu parleras ainsi aux fils d’Israël : Je Suis m’a envoyé vers vous ! »
Élohim dit encore à Moïse : « Ainsi tu diras aux fils d’Israël : Iahvé, le Dieu de vos pères, le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac et le Dieu de Jacob, m’a envoyé vers vous. C’est mon nom pour toujours et c’est mon titre de génération en génération. »
(Exode, III 13-15)

00Le buisson ardent Nicolas Froment 1476 - bois Cathédrale Saint Sauveur Aix en ProvenceMoise et le buisson ardent Michiel - enluminure sur vélin extrait de  Jacob van Maerlant's Rhimebible of Utrecht Museum Meermanno Westreenianum La Haye

Instructions relatives à la mission de Moïse

« Va ! tu réuniras les anciens d’Israël et tu leur diras : Iahvé, le Dieu de vos pères, m’est apparu, lui, le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, pour dire : Je vous ai réellement visités et je sais ce qui vous est fait en Égypte ; j’ai dit : Je vous ferai monter de l’humiliation d’Égypte vers le pays du Cananéen, du Hittite, de l’Amorrhéen, du Perizzien, du Hévéen et du Jébuséen, vers un pays ruisselant de lait et de miel. »
Ils écouteront ta voix et tu viendras, toi, avec les anciens d’Israël, vers le roi d’Égypte. Vous lui direz :Iahvé, Dieu des Hébreux, s’est présenté à nous. Maintenant donc, puissions-nous partir pour une route de trois jours dans le désert et sacrifier à Iahvé, notre Dieu ! Je sais bien que le roi d’Égypte ne vous permettra pas de partir, sinon par l’intervention d’une main forte. Mais j’étendrai ma main et je frapperai l’Égypte par tous les miracles que j’accomplirai en son sein, après quoi il vous renverra. Je ferai trouver grâce à ce peuple aux yeux de l’Égypte et il adviendra, quand vous partirez, que vous ne partirez pas les mains vides ! Chaque femme empruntera à sa voisine et à l’hôtesse de sa maison des ustensiles d’argent, des ustensiles d’or, des vêtements ; vous en chargerez vos fils et vos filles, vous dépouillerez l’Égypte ! »
(Exode III, 16-20)

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Ce passage m’intrigue depuis longtemps… car j’y ai toujours vu un « arbre » ardent.

Dieu s’est révélé à l’intérieur d’un buisson ? Chose étonnante car Iahvé s’est révélé à Abraham sous l’ombre bienveillante du chêne de Mambré [1], et dans la Genèse de nombreux grands arbres [2] sont évoqués (arbres qui appartenaient sans doute à une Tradition plus ancienne). Si certains de ces arbres-sanctuaires ont été usurpés par les Hébreux (comme le chêne de Moréh à Sichem), par la suite Dieu aurait commandé aux enfants d’Israël de détruire les Ashérah, les bosquets sacrés car c’était une abomination, au même titre que les images taillées, ou les statues des religions païennes des peuples voisins. Ainsi, peut-être faut-il voir dans ce buisson une tentative d’éradication du culte des arbres par les rédacteurs de la Bible, au profit d’un monothéisme patriarcal ?

Juda fit ce qui est mal aux yeux de Iahvé. Ils excitèrent sa jalousie, par les péchés qu’ils commirent, plus que ne l’avaient jamais fait leurs pères. Eux aussi, ils se construisirent des hauts lieux, des stèles, des Ashérah, sur toute colline élevée et sous tout arbre vert. Il y eut même des prostitués sacrés dans tout le pays. On agissait en tout suivant les abominations des nations que Iahvé avait évincées devant les fils d’Israël. (Rois XIV, 22-24)

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Il faut aussi signaler que le buisson ardent de la tradition biblique n’est pas mentionné en tant que tel dans le texte coranique, même si cet épisode qui concerne Moïse est décrit dans trois longs passages (20, 9-14 ; 27, 7-9 ; 28, 29-30). [3]

Moise et Aaron font apparaître un dragon pour lutter contre les magiciens du Pharaon - Qesas al anbiyâ - Histoires des prophètes et des rois du passé - Iran 1595 -%0AManuscrit Supplément Persan 1313 f. 79v - BNFEst-ce que l’histoire de Moïse t’es parvenue ?
Il vit un feu et il dit à sa famille :
« Restez ici !
J’aperçois un feu ;
peut-être vous apporterai-je un tison
ou ce feu me fera-t-il trouver une direction ? »
.
Comme il s’approchait, on l’appela :
« Ô Moïse !
Je suis en vérité ton Seigneur !
Ôte tes sandales :
tu es dans la vallée sainte de Tuwa.
.
Je t’ai choisi !
Écoute ce qui t’es révélé :
Il n’y a de Dieu que moi.
Adore-moi donc !
Observe la prière en invoquant mon nom. »
(Coran 20, 9-14)

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  • La Bible Ancien Testament, traduit par Édouard Dhorme, édition La Pléiade, 1956.
  • Le Coran, traduit et annoté par Denise Masson, édition La Pléiade, 1967.
  • Moïse et le buisson ardent Schnorr von Carolsfeld – La Bible en images 1851-60.
  • Le buisson ardent Nicolas Froment 1476 – Cathédrale Saint-Sauveur Aix-en-Provence.
  • Moise et le buisson ardent Michiel  Van Der Borch– enluminure sur vélin extraite de  Jacob van Maerlant’s Rhimebible of Utrecht Museum Meermanno Westreenianum La Haye.
  • Moïse Mûsa – Qesas-e Qô’ran – Histoires des prophètes et des rois du passé – Iran 1595 -Manuscrit Supplément Persan 1313 f. 79v – BNF
  • Moise et Aaron font apparaître un dragon pour lutter contre les magiciens du Pharaon – Qesas al anbiyâ – Histoires des prophètes et des rois du passé – Iran 1595 – Manuscrit Supplément Persan 1313 f. 79v – BNF

9 réflexions sur “Exode – chapitre III, Le buisson ardent

  1. Yanick

    Quelques photos d’arbres du Mont Sinaï où Moïse aurait reçu les tables de la loi



    Les oliviers du Monastère Ste Catherine:

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  4. « Buisson ardent » triptyque de Nicolas Froment, artiste avignonnais, réalisé au XVe siècle

    Le triptyque est commandité en 1476 par le roi René pour le tombeau de ses entrailles2. L’œuvre provient du couvent des Grands-Carmes, détruit sous la Révolution. Elle devait surmonter l’autel du couvent où le roi René souhaitait que ses restes reposent. Elle y est demeurée jusqu’en 1792, puis transférée en 1808 à la Cathédrale Saint-Sauveur d’Aix-en-Provence où depuis 2011 elle est exposée dans la chapelle Saint-Lazare.

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Buisson_ardent_(Nicolas_Froment)

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