Epicéas de Straiture, forêt de Haute Meurthe, Ban-sur-Meurthe-Clefcy (Vosges)

Un truc étonnant, en peu de jours d’intervalle, j’ai reçu deux reportages sur les épicéas de Straiture dans les Vosges ; le plus haut peuplement d’épicéas d’Europe a attiré à lui deux reporters arboricoles : Gilles & Francis. (clic les photos)

« C’est en quittant Gérardmer et son tilleul que j’ai poursuivi ma route à leur rencontre. Après avoir lu les articles sur la Douglaseraie des Farges [1] et sur les Douglas de Ribeauvillé [2], j’étais très désireux de me retrouver au pied de spécimens dépassant les 50 mètres de haut. Et je ne fus pas déçu. Ceux-ci ne sont pas les plus hauts arbres de France mais sans doute les plus hauts Épicéas. Qu’on en juge plutôt : le plus grand fut mesuré à 55.48 mètres en 1997 ! »

« Les chemins de promenades vosgiens sont très bien entretenus et balisés, aussi, n’y a-t-il qu’à suivre les panneaux et lire les renseignements y figurant pour tout savoir de ce peuplement naturel si majestueux. Mais pour être plus précis, je vous renvoie vers cet excellent document que nous avait fait connaître Sisley dans un de ses commentaires [3]. »

« Le « temps vosgien » (la pluie) étant au rendez-vous, j’ai slalomé entre les gouttes pour obtenir quelques clichés corrects de ces géants. Mais la pire difficulté a été de réussir à en prendre un en entier. Ils sont tellement hauts qu’on ne dispose jamais assez de recul et qu’il faut faire deux prises pour tailler le portrait d’un même individu. »

« J’ai mesuré les deux plus gros spécimens que l’on rencontre sur le début du parcours et j’ai ainsi pu comparer les données, n°303 : 3,61 mètres en 1997, 4 mètres en 2009. »

« N°304 : 3,40 mètres en 1997 et 3,90 mètres en 2009. »

« Ils sont donc en pleine santé et dans une période de croissance forte. L’un deux atteindra-t-il les 60 mètres ? En tout cas, ils ne doivent plus en être bien loin. »

Merci pour la découverte de ce peuplement Gilles, ça fait drôle de se retrouver au pied de tels géants des forêts, non ? Ils sont vraiment majestueux, de très beaux fûts bien élancés. Et puis quand même, plus de 50 mètres de hauteur pour des épicéas, ce n’est pas rien… Merci aux forestiers pour la conservation et l’entretien d’un tel peuplement.
___

Lire la suite

Excursion à Haspelschiedt (Moselle)

Repartons explorer le terroir de Sisley, cette fois il va s’agir d’une série mixte, située dans la Moselle-est au commencement des Vosges du Nord.

« La carte IGN est dépliée sur la table et le tracé est prêt, il nous reste plus qu’ à rejoindre le petit village d’Haspelschiedt derrière la commune de Bitche. Une vaste territoire parsemé de résineux et feuillus, qui poussent les pieds dans le grès des Vosges. Je poursuis ma route et emprunte une impasse me conduisant dans des petites vallées pour aboutir dans une ambiance champêtre, plus que quelques secondes et nous serons au croisement voulu. »

« Une dernière vérification sur l’emplacement exact, et je me lance à travers des bouleaux, puis vient une clairière, plus justement la clairière, car ici se dresse un chêne dont le gabarit laisse penser qu’il est bel est bien le digne représentant des lieux. » (clic les photos)

« Un tour de tronc de 4,18 m, une hauteur d’au moins 23 m et un âge qui selon le contexte peut être supérieur à 200 ans. En bref des dimensions plutôt élevées pour un chêne d’ici, car le sol n’est pas le plus nourrissant qu’on puisse trouver. Son état est satisfaisant malgré une cime abimée et une ancienne branche cassée en base. »

« Après avoir suffisamment observé le spécimen, je vous propose de continuer dans la partie du versant qui suit non loin d’ici. Je ne peux résister à la tentation d’aller explorer les environs. La descente est quand même assez raide, mais rien de bien décourageant, car le jeu en vaut la chandelle, en effet après quelques minutes des épicéas se laissent apercevoir et parmi eux un individu bien en volume. Dans le secteur il n’y a guère d’épicéas approchant le mètre de diamètre et pour une fois, j’ai l’occasion d’en rencontrer. Celui-ci a pour circonférence 2,80 m et 27 m de haut, pour ce qui est de l’ancienneté il doit s’approcher de la centaine d’années passée. »

« Comme dit si justement le proverbe, ‘jamais deux sans trois’, je continue de plus bel en rejoignant un chemin forestier en contrebas. Je contemple les alentours, un agréable calme règne, aucun sons parasites, comme bruit on peut juste entendre le vent s’amuser avec les branches et une source paisiblement couler à proximité, l’ambiance de l’hiver est au rendez-vous, quelques instants plus tard, je distingue des formes sombres très élancées, qui contrastent très nettement avec le tableau clair des hêtres dénudés. Un bref constat me permet de ne plus douter de l’essence en question, il s’agit d’un beau sapin de Douglas qui se tient fièrement au bord du chemin, légèrement en surplomb. » Lire la suite

Épicéa et Douglas, Sturzelbronn (Moselle)

Repartons avec Sisley découvrir le pays de Bitche et ses trésors arboricoles.

“Alors, tout d’abord, Sturzelbronn est un petit village dans les Vosges du nord coté Moselle et proche de l’Allemagne, et sur le sentier près de son étang, on pénètre dans une pinède typique pour monter sur une colline où se trouve un petit peuplement de sapin de Douglas. Mais avant cela, j’ai vraiment eu la chance d’apercevoir à une cinquantaine de mètres du chemin, un épicéa assez singulier.” (clic pour agrandir)

“Je m’y rend pour constater que l’individu en personne est tout simplement spectaculaire, un tour de  4,74 à 0,70 m ; 3,77 à 1,50 m ; 3,27 à 2,2 m. Il atteint allègrement les 30 m et pour un arbre de ce genre, avoisine 140 à 180 ans. Sa particularité se situe dans la forme de son tronc, qui est très prononcée, une base conique et forte en contreforts racinaires.”

“C’est d’ailleurs cette particularité qui à fait que je puisse le distinguer de loin. D’allure générale, il ne se diffère pas trop des épicéas communs, mais dans les dimensions il sort très nettement de l’ordinaire, et même si il résulte d’une ancienne plantation ou d’un semis y étant rapproché, il mérite de figurer par là.”

“Je continue en reprenant le sentier menant au sommet le plus proche et une fois arrivé sur le plat du terrain, je commence à observer les premiers Douglas. Je trotte quelques pieds et me voici dans un petit groupe d’arbres approchant la centaine où l’ayant dépassé. Et parmi eux, un m’intrigue beaucoup.”

“Il s’agit en fait d’un Douglas ayant deux départs en base ou d’un rassemblement de troncs. A 1,30 m il affiche 3,60 m de circonférence et franchit le cap des 25 m. Comme l’espèce est très vigoureuse, ce sujet n’a sans doute pas plus de 100 ans. Mais c’est le caractère général qui interpelle dans ce cas.”

Merci pour ces découvertes Sisley, dis-moi cet inventaire s’étoffe de jours en jours, et les essences répertoriées commencent à être bien variées, beau boulot, bravo ! En tout cas, joli spécimen ce vieil épicéa, j’aime beaucoup la base et les contreforts racinaires (consulté mes fiches, et il s’agit bien d’un digne représentant de l’espèce) ; quand au Douglas, même s’il est peu âgé, il offre  néanmoins un sacré spectacle avec ses deux troncs filant droit au ciel.

Epicéa muté, forêt du Massacre (Jura)

Avec Agnès, partons explorer les forêts du Jura, Il s’agit de forêts d’altitude (plus de 1000 mètres), de ce fait : des précipitations (1500 à 2000 mm d’eau par an) et des températures basses. L’épicéa y est fortement présent, et sur les sommets il forme des grands massifs : la pessière d’altitude. C’est au fin fond de la forêt du Massacre que se trouve cet arbre étrange.

L’épicéa muté est une fantaisie de la nature. Sa partie basse est celle d’un épicéa normal, sa partie haute celle d’un épicéa columnaire. (cela se produit en Laponie, voir ici)

“Il s’agit d’une bizarrerie de la nature et on suppose qu’une adaptation climatique pourrait être la cause ou alors une mutation génétique. C’est vrai que dans cette région il y a toujours le plus de neige (et qui reste beaucoup plus longtemps) que partout ailleurs. Ce sapin se trouve sur le ‘Tour de Crêt Pela’ (1495m) . Voir le plan ci-joint destiné à une balade à ski, mais qui permet de situer l’arbre, par ici.

Merci pour les photos & les infos Agnès, tu me fais découvrir cette partie de la France si loin de chez moi, mais si proche de tes montagnes Suisses. C’est vraiment étrange ces mutations observées sur certains arbres. Mais tu nous en diras un peu plus… (à suivre)
____

Mise à jour le 02/03/2010 : Loïc vient de me faire parvenir des photos hivernales

“Cet épicéa muté a vite titillé ma curiosité. La forêt du Massacre est splendide est abrite de nombreux épicéas columnaires. Il ne faut hésiter à s’approcher de ce fameux spécimen pour percer un peu de son mystère (…) une magnifique randonnée été comme hiver.”