L’imposture du label PEFC ?

Un film documentaire polémique qui lance le débat sur le label PEFC.

Créé en 1999 par l’industrie du bois, le label PEFC est aujourd’hui présent sur de nombreux produits de consommation courante : magazines, meubles en bois, emballages papier ou encore papier hygiénique. Alors qu’il est censé « promouvoir une gestion durable des forêts », un documentaire qui a pour cadre les forêts du plateau de Millevaches en Limousin, révèle l’imposture en montrant comment des pratiques peu scrupuleuses en matière d’environnement sont « éco-certifiées » par PEFC.

Les Amis de la Terre, qui ont participé à cette enquête, ont décidé, avec deux autres fédérations d’associations locales, de saisir la Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes (DGCCRF) en estimant que ce label était de nature à tromper le consommateur.

« PEFC: le label qui cache la forêt » documentaire de Télé-Millevaches, avril 2010.

Un chèque et vous êtes certifié !

Aucun contrôle préalable n’est réalisé chez un propriétaire qui souhaite être certifié PEFC. Il suffit simplement de s’inscrire en complétant un formulaire et en envoyant sa cotisation pour avoir le droit de vendre son bois avec le label PEFC. De nombreux propriétaires pourtant certifiés depuis des années n’ont jamais été contrôlés par un auditeur indépendant.

Un engagement volontaire ou… forcé ?

Alors qu’en théorie, la certification est une démarche volontaire des propriétaires forestiers, en pratique, les exploitants forestiers et les coopératives exercent sur eux une pression très forte. Certaines coopératives envoient même des courriers à leurs adhérents en considérant que l’absence de réponse est un accord tacite pour être certifié.

Des cahiers des charges minimalistes

Dans la plupart des régions, le cahier des charges de PEFC ne va pas plus loin que la stricte application des lois existantes. Les préconisations environnementales sont floues et peu contraignantes car décrites avec des termes comme « s’efforcer de » ou « prendre des dispositions pour ». Sur le terrain, comme le montre le documentaire, c’est ce qui permet à de nombreuses coupes rases d’être éco-certifiées.

Un label international qui « verdit » le bois issu du pillage des forêts primaires

En 2003, PEFC est devenu un système international et constitue aujourd’hui une certification parapluie qui abrite les pires dérives. En Tasmanie, les forêts primaires sont rasées, incendiées au napalm et écocertifiées PEFC. Sylvain Angerand, chargé de campagne pour la protection des forêts aux Amis de la Terre France explique : « Le label PEFC est devenu incontournable dans les magasins et trompe de nombreux consommateurs qui croient acheter un produit écologique ; c’est pour cela que nous avons décidé de saisir la DGCCRF. »

Plus de dix ans après la création de PEFC en France, et alors que la plupart des forêts exploitées sont écocertifiées, les Amis de la Terre constatent que l’érosion de la biodiversité n’a pas pour autant été enrayée : « Le label PEFC est censé garantir une gestion durable des forêts françaises. Or, plus d’une centaine d’espèces animales et végétales qui dépendent des forêts restent menacées d’extinction. La réalité est que les pratiques forestières ont très peu évolué et que les pouvoirs publics ont préféré miser sur la certification plutôt que de renforcer la loi forestière » conclut Sylvain Angerand.
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Liens à visiter…

Vidéo sur la déforestation en Tasmanie par Yann Arthus-Bertrand à voir sur le blog, par ici.

Un documentaire sur la sylviculture durable et le label PEFC au Congo, à voir ici.
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Forêts certifiées durables… seulement sur papier !

Au début de cette année 2011, Friends of the Earth Vlaanderen & Brussel (FOE VL) a mené une campagne pour dénoncer les fraudes à la certification FSC (Forest Stewardship Council) par la société papetière brésilienne Veracel (voir Saluterre 111). Le FSC certifie une gestion forestière responsable ce qui n’est pas le cas de Veracel avec ses monocultures d’eucalyptus en forêt pluviale. Plusieurs centaines de milliers de tonnes de papier certifié abusivement FSC ont ainsi été écoulées. Pour illustrer ce cas, FOE VL a diffusé le documentaire de Leopold Broers et An-Katrien Lecluyse, Duurzaam op papier, en Flandre et à Bruxelles.

Avec l’aide de la Casa America latina d’Ixelles, nous espérons lancer une campagne francophone équivalente à la campagne néerlandophone au début 2012. De plus, sur proposition de Jacques, nous mettrons en avant l’alternative du papier recyclé car malgré sa popularisation, la consommation de papier issu de bois ne cesse d’augmenter. Autre fait préoccupant : une partie importante du papier récupéré en Belgique n’est plus recyclé localement et prend la voie maritime de la Chine.

16 réflexions sur “L’imposture du label PEFC ?

  1. Tout l’Art en Faits au Fil des Bois ,
    De donner le Cochon à l’Autre ,
    Le Laisser Fers en Belle Forêt devient Rasant au Fil du Temps ,
    L’Eco n’est Plus une Voie en Soie ,
    Mais un Bouchon Contenant la Faute ,
    Un bon Prétexte pour Faire de l’Argent .
    NéO~
    Une Fois en Corps , Raison est d’Ans ,
    A Faire Commerce d’un Bien Vivant ,
    Aucun Label ne peut à l’Hors .
    Etre Garant aux Mains des Forts.

  2. Super article, merci !

    Je peux y rajouter un truc qui m’agace au plus au point : dans une enseigne où je trouvais habituellement des enveloppes administratives en papier recyclé, celles-ci se sont substituées… à des enveloppes en papier PEFC !!!
    Petit logo vert, rassurant, sympa… L’acheteur soucieux d’environnement qui n’a pas (le cas de quasi-tous les acheteurs) le temps de courir le net pour découvrir les réalités cachées derrière chaque label n’y voit que du feu !

  3. Damien

    PEFC ?
    Quand on a vu ça, on est tenté de croire que ça veut dire :
    « Pour un Écosystème Futur Condamné » ou « Pour Étriper les Forêts Complètement » !

    Merci de balancer des horreurs pareilles, c’est honteux !
    Et dire que c’est un motif pour les magasins pour augmenter leurs marges, bah bravo !

    A quand un label créé par nos industries, le CREA-OSEF ? Coupe Rase Et Alors ? On S’En Fout !
    Ou le label financier TUNE : Très Usant pour Nos Écosystèmes !

    C’est vraiment affligeant !
    Bon courage aux personnes du reportage pour leur forêt gérée durablement, un exemple à suivre, LUI.

  4. Eviter l’usage de papier le + possible (on peut de + en + avoir nombre de documents administratif, de factures etc… par mail où sur espace web…) … c’est encore çà le + écologique ! A défaut, papier recyclé, à condition qu’il ne vienne pas de l’autre bout du monde parce que les conditions dans lesquelles sont réalisées le désencrage du papier dans certains pays est abominable (comme en Inde où l’on peut voir les enfants jouer dans les boues et la mousses pleine de produits chimiques, issues du désencrage du papier. etc….). Ecrire au crayon à papier plutôt qu’au stylo bille, chez soi, si l’on prends des notes etc… toujours en pensant au jour où ce papier sera jeté et/ou recyclé….

    Merci pour cet article.

  5. Gat

    Merci de mettre en péril le seul outil qui nous permet à l’heure actuel de « forcer » les propriétaires privés à mettre en place une véritable gestion dans leur forêt.
    La chose n’est pas aisé, je travail dans le domaine depuis plusieurs années et je peux tout à fait en témoigner.
    Néanmoins, je ne peux qu’être affligé par ce reportage (d’autant que l’on y voit intervenir l’un de mes anciens professeurs de l’école forestière !!)voir insulté par les propos qui y sont tenus.
    Les intervenenant de se films ont oublié une chose : les pratiques de certains ne reflette pas nécessairement celles de la majorité. Quand je propose une certification à un propriétaire c’est en lui expliquant clairement ce que cela implique ! A savoir :
    1) Une analyse complète de sa propriété
    2) La définition des objectifs qu’il souhaite y alloué
    3) la mise en forme et la validation d’un DOCUMENT DE GESTION DURABLE, car on est pas labelisé sur simple envoye d’un chèque comme voudrais le faire croire ce reportage (les mots simple d’une secrétaire, sans doute, Mr Angerand aurait du par courage s’adresser à minima à un technicien qui travail sur le domaine, mais la peur à du le saisir et l’empêcher de composé le bon numéro…)
    4) Enfin on obtient la certification après ces trois étapes
    Malgré tout comme chaque système il n’est pas parfait (il faudrait être fou pour prétendre le contraire …). Je reconnais que le système de « portage » devrait disparaitre car il fausse le jeu dans la démarche de certification.
    A l’heure actuelle iol convient de comprendre que PEFC est le seul outil qui nous permet de « vendre » de la gestion durable à des propriétaire : vous vous plaignez de ce système alors essayez sans parce que je vous assure que des centaines de personnes attende fermement qu’il disparaisse, afin que la forêt francaise soit à nouveau en « open-bar ».
    Maintenant on peut croire que l’intervention des ONG peut être lié au refus de la forêt privée francais d’adhérer au concurent FSC (qui soit dit en passant autorise les mélange de bois certifié et non certifié, car comme je le disait aucun système n’est parfait), mais ce n’est qu’une supposition … Après tout les marchés sont les marchés et il en va de même pour les produits bois c’est a celui qui gagnera des parts quitte à flinguer l’autre sur la place publique !!!

    1. Imaginer que juste avec un petit chèque on vous donne directement votre permis de conduire, simplement vous prenez l’engagement moral de respecter le code de la route et vous avez 3 ans pour vous mettre en règle ! c’est le système PEFC….
      Pendant ces 3 ans (5 ans à l’époque) tous les bois que vous allez sortir de la forêt sont certifiés PEFC sans validation d’un document de gestion durable et sans aucune des 3 étapes dont vous parlez… et ensuite, la prochaine coupe aura lieu dans 30 ans (majorité des petites forêts privées) et tout s’arrête, point final. Exemples vécus.

    1. Rediffusé jeudi 3 novembre à 10h, suivi à 10h55 de « Gorilles du Congo, sauvetage à la tronçonneuse » et à 14h « Natures fortes: Namibie, un parc en devenir » (avec sûrement des baobabs).

  6. Ping : Pillage des frênes têtards de l’ouest de la France. | Les têtards arboricoles

  7. https://www.francetvinfo.fr/monde/environnement/pesticides/glyphosate/plus-de-70-pesticides-et-herbicides-sont-toleres-dans-les-forets-deplore-l-association-les-amis-de-la-terre_2919341.html

    « Plus de 70 pesticides et herbicides sont tolérés dans les forêts », déplore l’association Les Amis de la Terre

    Des sylviculteurs de la forêt des Landes de Gascogne utilisent du glyphosate pour accélérer la pousse de leurs pins, a révélé jeudi 30 août France Bleu Gironde, alertée par des apiculteurs et des écologistes du département.

    L’utilisation d’herbicides en forêt n’étonne toutefois pas Sylvain Angerand, le coordinateur des campagnes de l’association Les Amis de la Terre. Elle est même, selon lui, assez répandue, y compris dans les forêts publiques. »L’ONF [l’Office national des forêts] utilise également du glyphosate, cela fait plusieurs années qu’on tire la sonnette d’alarme », a-t-il expliqué sur franceinfo vendredi 31 août. « Il y a plus de 70 pesticides et herbicides qui sont aujourd’hui acceptés dans les forêts françaises », a dénoncé Sylvain Angerand, tout en regrettant que la forêt soit un sujet « dont on parle peu ».

    franceinfo : Dans les Landes, des propriétaires privés utilisent du glyphosate sur leurs parcelles. Cela veut dire que quelqu’un peut posséder un morceau de forêt et le traiter comme il le souhaite ?

    Sylvain Angerand : Oui, bien sûr. Là, on parle de propriétés privées. Il serait d’ailleurs plus juste de parler de plantations, parce qu’on est très éloignés d’une forêt naturelle. Et l’utilisation massive d’herbicides est associée à un système où on a complètement dénaturé les forêts pour en faire des plantations que l’on exploite sous forme de coupes rases. Et c’est à ce moment-là qu’il faut « nettoyer » la forêt, c’est l’expression qui est malheureusement utilisée, et qu’on a recours à des quantités massives d’herbicides. Mais il n’y a pas que dans les Landes ou en forêt privée que cela se passe. L’ONF utilise également du glyphosate, cela fait plusieurs années qu’on tire la sonnette d’alarme.

    L’ONF utilise du glyphosate ?

    Bien sûr. Il y a plus de de 70 pesticides et herbicides qui sont aujourd’hui acceptés dans les forêts françaises. C’est un sujet dont on parle peu. Il faut même savoir, et cela nous scandalise encore plus, que l’utilisation de ces pesticides est aujourd’hui reconnue comme une pratique durable, certifiée notamment par le label PEFC [Programme for the endorsement of forest certification], qui certifie la plupart des forêts françaises. Ce label continue de tolérer l’utilisation de pesticides et de glyphosate !

    Comment est-ce possible ?

    Tout simplement parce que c’est un sujet dont on parle peu. La forêt, malheureusement, intéresse peu. On a l’impression que ce qui s’y passe fait partie soit des forêts privées et relève de la responsabilité privée, soit il est très difficile de dialoguer avec l’ONF. C’est tout le travail qu’on essaie de faire avec des collectifs citoyens qui s’organisent, au sein de SOS Forêt, où on veut pouvoir débattre de ces sujets de société (…) Il n’y a aucun système centralisé qui permette de se rendre compte de l’ampleur du problème. Les seuls éléments d’informations qu’on a c’est la liste des pesticides homologués qui sont tolérés dans les forêts. Et encore une fois, il y en a plus de 70.

  8. Le label PEFC autorisé l’usage de pesticides.

    Règles de la gestion forestière durable – PEFC
    https://www.google.fr/url?sa=t&source=web&rct=j&url=https://www.pefc-france.org/media/2017/09/03-PEFC-FR-ST-1003-1-2016-regles-de-la-gestion-forestiere-durable-exigences-pour-la-france-metropolitaine.pdf&ved=2ahUKEwiakoDI4rfeAhVEgM4BHWLuC9IQFjACegQIBxAB&usg=AOvVaw2LKCnIyYCZmfJaU5Qo9b3s

    3.7
    – Proscrire l’utilisation de tout produit phytopharmaceutique (herbicides, insecticides,…) : à moins de 6 mètres des cours d’eau et plans d’eau permanents ; dans le périmètre immédiat et rapproché d’un captage d’eau potable ; ou lorsqu’il est susceptible de porter atteinte à un habitat remarquable identifié.

    Note : Cette restriction sera levée en cas de traitement collectif consécutif à une infestation déclarée par les Autorités et réalisées par des entreprises homologuées.

    – Utiliser ces produits en limitant leur utilisation :
    lorsque la vitalité et l’avenir des essences-objectifs sont compromis et qu’il n’existe pas d’alternative efficace à un coût raisonnable ; à des fins de débroussaillement et de DFCI ; pour éviter le tassement des sols fragiles par le passage répété d’engins lourds.

    – Proscrire l’utilisation de produits phytopharmaceutiques sur les grumes en forêt, sauf en cas de nécessité avérée lorsque la préservation et la conservation des grumes et/ou du peuplement sont menacés et qu’il n’existe pas d’alternative efficace à un coût raisonnable.

    – Etre détenteur du certificat individuel de produits phytopharmaceutiques (CIPP, catégorie décideur) ou faire appel à une entreprise agréée pour l’application de produits phytopharmaceutiques, laquelle devra se conformer aux instructions du fabricant du produit (notamment concernant les zones non traitées).

    – Seuls les produits homologués pour un usage forestier et listés sur le site internet de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail, peuvent faire l’objet d’une utilisation.

  9. Cash Investigation
    Razzia sur le bois, les promesses en kit des géants du meuble (2017)

    Comme le montre le reportage, le label PEFC présente de nombreuses failles, et les contraintes à respecter pour obtenir ce label sont bien trop faibles. Il s’apparente beaucoup trop à une auto-certification où seuls les intérêts de l’industrie seraient pris en compte.

    Greenpeace estime que le label FSC présente davantage de garanties, même s’il n’est pas exempt de reproches et pose de réels problèmes dans certains pays, notamment en Afrique. Greenpeace fait partie des membres fondateurs qui ont contribué à la mise en place de ce label depuis 1993, et s’applique à y être une partie prenante constructive mais critique. La principale originalité de ce label est sa gouvernance tripartite, intégrant des acteurs de l’environnement, de la défense des droits sociaux des employés (syndicats) et de l’industrie du bois. Il tente ainsi de concilier des objectifs de préservation de l’environnement, et des droits sociaux (populations forestières, salariés des exploitations du bois) avec des intérêts économiques.

    https://www.greenpeace.fr/special-cash-investigation-les-forets-menacees-par-une-razzia-sur-le-bois/

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