Chêne de Montaloyer, forêt de Tronçais (Allier)

Gilles n’a pas pu résister, et une nouvelle fois il s’est rendu au cœur de la forêt de Tronçais afin de saluer ces vieux chênes forestiers devenus si familiers pour lui au fil des années.

« C’est presque une nécrologie, car cet arbre est clairement en fin de vie. »

« De portrait en portrait sur le net, on voit la détérioration de son état avancer à vue d’œil, voir l’article de Han van Meegeren [1] ou celui de Laurent [2]. C’est aussi le seul chêne de la forêt de Tronçais dont on peut constater une diminution – mais oui ! – de la circonférence à 1m30 [3]. Car, cet automne 2010, j’ai bel et bien trouvé 5m35 de circonférence. »

« L’explication : son bois presque entièrement mort est en train de sécher sur pied et donc de diminuer en volume. Sur la totalité de sa périphérie, à peine 1m30 d’écorce semble encore protéger de la matière vivante. Son houppier n’est plus constitué que de deux branches vivantes qui restent bien fournies en feuillage malgré tout. »

« Pour autant, je trouve le spectacle de ce vieux tronc, tout de même le deuxième plus gros de la forêt après La Sentinelle [4], particulièrement saisissant parmi les jeunes baliveaux. »

« A l’instar de ce chêne, rares seront les remarquables de Tronçais à être encore présents au siècle prochain, mais la forêt est grande et la relève est là. Il faudra simplement attendre de nombreux siècles avant de voir réapparaître un chêne de 8 mètres en ce lieu [6]. »

« Je l’avais déjà vu il y a 10 ans, il n’en a plus que pour 10-15 ans à mon avis. »

« Cela me fait penser à un article sur les arbres morts remarquables [7]. »

« C’est une belle illustration du cycle de la vie. »

Merci pour le reportage Gilles, dommage que ce soit quasiment une notice chronologique, un chêne patriarche qui a fait son temps, mais qui malgré garde encore une certaine prestance. De vieux quercus disparaissent mais d’autres prendront assurément la relève (chêne de la Lande Blanche, chêne de la Goutte de Meslier, chêne de Morat..). Souhaitons que les gestionnaires de la forêt de Tronçais préservent et entretiennent ce formidable patrimoine sylvestre pendant encore de nombreuses décennies.
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Emprunté un cliché du chêne à Laurent pour mieux percevoir son évolution :


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Sur le blog, un documentaire raconte la vie et la mort d’un grand arbre de la forêt primaire. Le film montre comment la mort de l’arbre est un évènement indispensable à la vie de tout l’écosystème forestier. « Mémoires d’un arbre mort » à visionner par ici.

17 réflexions sur “Chêne de Montaloyer, forêt de Tronçais (Allier)

  1. Sisley

    En effet le compte à rebours est déclenché !!
    Mais comme dit un arbre compte pas en seconde, ni en minutes, mais plutôt en années ou décennies, donc si sa vitalité baisse ou n’est plus c’est la vie de la micro-faune relayeuse qui animera ce futur volis de Tronçais.

    Le plus dommage, comme le signal Gilles, réside dans le fait que c’est le troisième plus gros chêne du massif et qu’après la Sentinelle et le Carré, la barre des 5,35 m sera la plus haute.
    J’espère que Tronçais ne va pas être immergé dans la filière bois, car ce domaine est un bijou des siècles passés.

    Pour en apprendre davantage,
    Les amis de Tronçais :
    http://www.amis-troncais.org/

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     » Un hêtre centenaire d’un bois bruxellois a été équipé d’appareils qui mesurent le son, la quantité de pluie, la pollution et la lumière et traduisent ces relevés en vraies phrases pour les réseaux sociaux sur Internet, ont rapporté vendredi des journaux belges.

    Cet arbre vénérable, dont la localisation exacte dans le bois de la Cambre, dans le sud de Bruxelles, est tenue secrète pour des raisons de sécurité, est flanqué de panneaux solaires, d’une station météo, d’une webcam, de détecteurs d’humidité et de lumière.

    Le but de cette expérience présentée comme une première mondiale, selon les quotidiens du groupe Sud Presse, est de faire « parler » l’arbre pendant un an, au moyen de 5.000 phrases préenregistrées.

    Cela permet de transmettre de manière ludique des informations scientifiques qui peuvent être suivies sur Facebook, Twitter ou sur le site :  »

    http://www.talking-tree.com

  2. Yanick

    Le portrait d’un ancêtre résistant tant bien que mal à l’usure du temps.
    Merci Gilles de nous l’avoir présenté avant qu’il ne soit complétement mort.
    Je me souviens que j’avais été très déçu de ne pas l’avoir fait plus tôt pour le chêne de l’assiette. Il est vrai que je ne pensais pas alors qu’il se retrouverait à terre si rapidement.

  3. – Évènements astronomique à ne pas rater –

    Le 12 décembre, débutera la pluie d’étoiles filantes des Géminides. La période du maximum de cet essaim qui semble jaillir de la constellation des Gémeaux est prévue le 14 au matin. On pourrait observer jusqu’à 60 météores à l’heure, précise Le Soir. Le 22 décembre, à 0h38, le soleil atteindra sa déclinaison maximale (-23°26’24 ») avec le solstice d’hiver, marquant le début de l’hiver astronomique

    Le 21 décembre prochain au matin, aura lieu une éclipse totale de Lune. Lors de l’éclipse, le premier contact de la Lune avec l’ombre de la Terre aura lieu à 7h33 et l’éclipse sera totale à 8h40.

    http://www.rtlinfo.be/info/magazine/sciences_et_sante/756717/a-vos-agendas-eclipse-totale-et-pluie-d-etoiles-filantes-en-vue

  4. Sisley

    Cet arbre aurait dans les « 330 » ans et 20 m de hauteur, mais vous verrez que la fouille d’archives forestière remet en cause certains points :

     » Ce chêne compterait parmi les plus vieux de la forêt. Il a été classé en 1903, à l’âge de 220 ans, et faisait alors 4,4 m de circonférence soit 140 cm de diamètre. son accroissement moyen sur le rayon serait donc de 1,8 mm par an depuis cette date.

    ..On peut penser penser que le chêne de Montloyer a de longue date servi de point de repère ou de halte le long de cet itinéraire. C’est sans doute à ce titre qu’il aurait accueilli un temps dans son tronc une statue de la Vierge, ainsi que l’évoque Jacques Chevalier..
    ..Un chêne pied-cornier de deux mètres de circonférence est figuré sur le plan d’arpentage de la coupe. Si sa position coincide bien avec l’emplacement de notre arbre, les mesures sont incohérentes, car entre 1817 et 1903, il aurait poussé de près de 5mm par an sur le rayon; prouesse impensable pour un chêne sessile.
    Par ailleurs si un chêne plus gros existait à l’époque, il aurait très certainement servi de repère lors de la délimitation de la coupe. Cette contradiction a motivé une étude plus attentive en 2006; il est apparu que cet arbre, pris depuis son classement pour un chêne sessile, est en définitive un chêne pédonculé, fait qui s’accorde mieux avec sa vigueur de croissance. L’ordre des choses est retrouvé, mais notre chêne de Montloyer serait beaucoup plus jeune que prévu, et pourrait n’avoir que 250 ans.
    Le cas est relativement fréquent de ces arbres dont l’âge est sur-évalué. On accorde le bénéfice de l’âge à un sujet ayant simplement poussé très vite, la soif de légende fait le reste. »
    – Un tour de Tronçais en 40 arbres remarquables – Société des amis de la forêt de Tronçais.

    1. Très instructif Sisley! Et qui colle mieux avec ce que j’ai pu apprendre des chênes.
      En effet, le chêne de Montaloyer n’est pas un chêne de futaie comme sa conformation l’indique. Sa morphologie indique même qu’il a dû connaître une longue période en position plus ou moins isolée (sa grosse branche basse en atteste) : ceci favorise la croissance : CQFD.

    1. François desbois

      Décidément la France n’est vraiment pas un pays de protection de la nature, des arbres ni même des forêts.

      L’abattage du chêne de Morat est absolument scandaleuse, honte à la France, honte aux « gestionnaires » des forêts et du « bois ».

      On ne devrait pas applaudir lorsqu’un vénérable tombe abattu stupidement par les bûcheron, on devrait se révolter, se scandaliser, pleurer ou regretter mais pas applaudir, c’est un comportement irrespectueux et symbolique d’une population déraciné, urbanisé, matérialiste ne connaissant plus rien ni des arbres, ni des forêts, ni de la faune, ni de la flore, l’ignorance et la bêtise voilà ce que m’inspire cette vidéo.

      Les « Français » et les Européens d’aujourd’hui n’ont plus le respect qu’ils avaient autrefois pour les arbres, et c’est bien dommage.

      Je suis triste et révolté

      Bonne nuit cher(e)s ami(e)s arboricoles

      F.

  5. Sisley

    D’accord avec toi sur 90% des choses énumérées, seulement il faut savoir que le chêne était attaqué par le capricorne et qu’en quelques années toute sa valeur aurait chuté, il est dommage d’en arrivé là, mais des bois qui déprécient doivent être prélevés à temps, c’est une façon de penser qui semble contradictoire, mais avec l’Onf, l’objectif premier est le profit, espérons que l’argent perçu servira utilement pour la bonne cause mais ça c’est une autre histoire.
    Le sois disant évènement de l’abattage est je l’admet, assez inapproprié !
    De plus c’est le mode de gestion qui souvent fait que les vieux arbres sont mis en lumière, il en découle des tas de problèmes d’adaptation pour ces spécimens ayant toutes leur vie dans des biotopes fermés.

    Dans une autre forêt on l’aurait peut-être classé en remarquable et mis en sécurité si il mourrait, c’est à dire couper les grosses branches sèches qui pourraient tomber et le haubaner de façon à garder comme un volis.

    Mais à Tronçais les billes rectilignes, concentriques, d’un volume constant sur la hauteur et d’une densité élevée font que ces chênes sont un patrimoine forestier à la fois remarquable mais aussi d’une grande ressource financière.
    En générale cette forêt n’est plus ce qu’elle était, il reste certes des îlots de vieillissement mais la production va trop bon train.
    Il est prévu dans le plan de gestion 2001-2025, de garder un arbre dit remarquable par parcelle, soit à terme 442, mais est-ce que l’onf jouera le jeu ou est-ce que sera qu’une vitrine pour travailler derrière ces arbres qui cachent une forêt s’appauvrissant ?!!..

    Extrait de Jacques Chevalier sur le chêne Morat :
    « Vous pouvez contempler son fût, admirable de rectitude comme celui des chênes de notre forêt, dont les racines plongent et tracent dans la terre, et dont la cime s’épanouit et respire entre ciel et terre, liant d’un trait l’une à l’autre »

  6. D’accord avec toi Sisley.
    Je pense effectivement qu’il faut exploiter les arbres quand leur heure est venue. Il ne faut pas être trop « fleur bleue ». N’oublions pas que cet arbre fut planté par nos ancêtres dans ce seul et unique but. Ce qui me fait râler c’est quand les arbres sont exploités trop tôt ou quand les arbres qui n’ont déjà plus de valeur marchande sont coupés ou massacrés en oubliant ce qu’ils sont en réalité : un patrimoine vivant irremplaçable.

  7. François desbois

    Je lance un appel, cet appel est un appel spirituel, un appel aux consciences s’il en reste. Je serais peut être perçu comme un doux rêveur à la fleur bleue, mais aujourd’hui sachez que je parle en tant qu’ancien bûcheron. J’ai pratiqué ce métier et je peux vous dire que je ne l’aime pas. Les bûcherons sont comme les agriculteurs actuellement, leur métier est « exploité » comme son nom l’indique. L’Etat s’est désengagé divise les effectifs de l’ONF par 2, son budget est réduit de 50% et une prévision de surproduction de plus de 40% du bois est actuellement imposé aux forestiers tout à fait à l’encontre du travail effectué depuis des générations. Une pression énorme sur les êtres humains est exerçé pour accroître le PROFIT. Qu’est-ce que le profit…un accident vite arrivé, une inquiétude quotidienne, la peur permanente d’être remplaçé et de perdre son emploi…bref, l’ESCLAVAGE MODERNE…!!!

    La PRODUCTIVITE ne respecte pas le rythme du coeur des hommes, la productivité ne respecte pas la vie humaine, ni l’environnement dans lequel nous vivons et qui disparaît à cause de notre INCONSCIENCE.
    La « PRODUCTIVITE » fut inventé par des économistes froids, travaillant dans des bureaux au chaud loin du terrain, des problèmes et des réalités de la vie.

    Le PRODUCTIVISME se moque d’ailleurs de l’espèce humaine, de nos enfants, de notre santé, de notre bonheur car il y a eu un détournement, une inversion des valeurs. A l’université lors de mon 1er cours d’économie j’ai appris que « l’économie était au service de l’homme et non l’inverse ». Par la suite j’ai constaté que l’économie est devenu une machine folle que plus personne ne contrôle et qui finira par nous détruire tous…et ne souriez pas car nous finirons tous tôt ou tard par nous en apercevoir.

    Aujourd’hui, nous sommes allé trop loin, BEAUCOUP TROP LOIN, peu m’importe la CROISSANCE, je m’assois dessus. Nos ancêtres n’avaient pas cette mentalité vénale, matérialiste, consumériste minable, pitoyable de se repètre dans la matière, et l’argent. Aux yeux des anciens Celtes, Germains, Viking ou même Slaves l’or, l’argent les bijoux ne valaient rien en soit. Ils vénéraient la beauté, la nature, le vol d’un aigle ou d’un papillon, le rythme de la Terre mère, la douceur d’une forêt sacrée. Ils s’ennorgueillissaient de voir grandir leurs enfants et de contempler la beauté de leur femme.

    CESSONS CE MYTHE DE LA CROISSANCE, DE LA PRODUCTIVITE, DU PROGRES, ce n’est qu’un leurre, un fantôme, un attrape couillon, un ogre, une pieuvre qui nous étranglera.

    Vive la Décroissance, respectons le cycle naturel des bébés à naître, des arbres, des animaux, de la nature et de tous ce qui vit.
    Un arbre ancien ne devrait JAMAIS être abattu, car il n’y a encore pas si longtemps les arbres anciens étaient et sont vénérables, ils sont SACREES, ce mot n’est pas un mot mais la réalité. Le « Sacré » habite tout ce qui vit, mais par son ancienneté, sa beauté, sa magnificence, son énergie, sa mémoire, sa puissance, sa grandeur, sa symbolique et sa représentation de l’axe du monde « Axis Mundi » éternel, l’arbre vénérable aussi bien chez les Celtes, les Germains et tous les peuples d’Europe était protégé, respecté, entretenu, soigné, caché, valorisé, honoré.
    Ce n’est pas pour rien si la justice était rendu sous un vieux Chêne, un frêne ou un Tilleul et jamais personne n’aurait pensé couper les arbres sacrés même prit de folie. Ce sont les hommes qui avaient perdu le sens du sacré par la christianisation forcé ou la perte de sens et la vénalité comme César qui commençèrent à rompre le lien sacré que nous avions avec les éléments, avec la nature, avec nos forêts et avec nos arbres SACRES…!!!

    Une nouvelle page de l’histoire se tourne aujourd’hui si les hommes de mémoire et de conscience le veulent bien alors nous pourrons changer beaucoup de choses.

    Organisons des lieux de production de « bois » d’un côté dans certaines parcelles ou pseudo forêt et gardons de vrais forêts non « exploités » ou très peu « exploité ».
    Mais dans tous les cas ARRETONS LE MASSACRE, arrêtons de couper les arbres vénérables car c’est un CRIME contre la nature, contre l’esprit, contre la création, contre notre civilisation des forêts, et contre nous même.
    Les Dieux ne laissent pas impunis les crimes contre la nature perpétré par certains hommes…et la mort de nombreux bûcherons en atteste.

    Pensées d’un homme libre descendant des hommes des forêts.

    Bonne soirée Messieurs les arboricoles…

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