Cèdre du Liban, parc du château de Sassenage (Isère)

Suivons François à la découverte du cèdre du parc du château de Sassenage en Isère.

« Sassenage est une commune de l’agglomération de Grenoble, au pied du Vercors quand on part en direction de Lyon. Dans cette partie très plane de la vallée, les Béranger – Sassenage ont construit leur magnifique demeure dauphinoise, depuis avant le XVIème siècle. Les derniers réaménagements de ce parc datent de 1852, les arbres remarquables ne dépasseraient pas les 158 ans. Ce ne sont donc pas de vieux arbres, mais ils sont très beaux à voir, avec un port majestueux et des dimensions toutefois à ne pas négliger. »

« Équipé cette fois des outils indispensables à l’amateur d’arbres vénérables, je vous fais part de mon « coup de cœur » : le cèdre du Liban ! Placé à l’extrémité sud du grand pré, bien dégagé de toute concurrence végétale, ce cèdre a pu exprimer toute sa vigueur et son élégance. L’équilibre de la structure inspire le calme et la sérénité. »

« Pour la hauteur il dépasse probablement un peu les 20 mètres. Quant à la circonférence, nous l’avons mesurée de 7,70 m à 1.30 m du sol : cela en fait un arbre respectable ! »

« Une chose qui est intéressante, voire même très intéressante, est la grosse branche basse qui partait à ras le sol, mais qui a été coupée récemment (je me renseignerai plus sur l’année exacte et la raison de cet élagage). Ce qui est instructif c’est que les cernes peuvent se compter, et ce très aisément. J’en ai ainsi dénombré 130. Le décompte est d’ailleurs assez précis grâce à la qualité de la coupe,  et je ne crois pas m’être trompé de plus que 1 ou 2 unité près. Je joins la photo de cette coupe sur laquelle se voit tout le détail de la chose, et en particulier les petits traits de stylo bleu que j’ai faits pour marquer les dizaines. A vous de les retrouver : à partir du cœur de la branche, ils vont vers le bas et un peu vers la droite ! Les dimensions de cette branche, au niveau de la coupe sont : hauteur 0.94 m, largeur 0.85 m et circonférence 2.90 m. »

« Pour en revenir à l’âge de ce cèdre, que se soit par la date de conception du parc qui donne un maximum théorique de 158 ans, ou que se soit par le nombre des cernes de cette branche principale dont on peut légitimement penser qu’elle a commencé en même temps que le tronc proprement dit, ou très peu après lui.. Je m’avancerais à dire 140  ans… !? »

Merci pour cette balade en Isère François, encore une fois tu nous a déniché un très beau cèdre [1], celui-ci n’est pas sans me rappeler celui de Possé-sur-Cissé présenté par Christian [2] un port élégant et typique de l’espèce, fortement mis en valeur par la place de choix qu’il occupe dans ce parc. Quand à l’âge, ce n’est jamais facile d’estimer sans avoir été au pied de l’arbre, mais si on s’en tient aux données historiques du parc, et au comptage des cernes de cette branche, ton estimation ne doit pas être loin (surement à la création du parc).

Ci-dessous un extrait du site Internet concernant les jardins et le parc de ce château [3] :

« Le parc paysager actuel du Château de Sassenage fut aménagé à partir de 1852 par Tardy et Lecomte pour Raymond-Ismidon-Marie, Marquis de Bérenger. Antérieurement, trois autres jardins avaient été plantés à l’ouest du domaine, le long de l’axe principal. Une partition somme toute classique qui plaçait dans un même prolongement la cour d’honneur, le château lui-même et le jardin à l’arrière du bâtiment. »

« Soumis aux modes des époques, ces jardins furent tour à tour maniériste à la fin du 16ème siècle, à la française au 17ème siècle, puis à l’anglaise au 18ème siècle. »

« Au milieu du 19ème siècle, le dessin du parterre de l’ancien jardin anglais sera plus ou moins conservé.  Le nombre de bosquets sera augmenté et la prairie boisée sera étendue au haut du parc. Quelques arbres remarquables vinrent agrémenter l’ensemble du domaine clos de mur en embellissant notamment le grand pré. Ce dernier, fauché année après année depuis des siècles, 2 fois l’an seulement, constitue à présent un biotope rare dans notre environnement et que l’on se doit de préserver pour les générations futures ! »

« Héritier de ces aménagements de jardins irréguliers des 18ème et 19ème siècles, le parc du Château de Sassenage offre de nos jours le charme d’un espace romantique où fraîcheur et sérénité se goûtent à l’ombre d’arbres plus que centenaires. »

14 réflexions sur “Cèdre du Liban, parc du château de Sassenage (Isère)

  1. Yanick

    Salut François, Super reportage et la qualité des photos géniale.

    Mais dis moi Sassenage ça me dit quelque chose, notre chère Mélusine n’aurait pas fait un petit séjour dans le coin ? En cherchant bien tu pourrais peu être bien tomber sur une autre baignoire !!!!

  2. Yanick

    Mais je plaisante pas, je suis pratiquement sûr qu’il y a une légende entre Mélusine et les Comtes de Sassenages, j’ai lu ça quelque part, je sais plus où.
    Mais c’est peut-être un autre Sassenage ?

      1. Excellent !

        « Mélusine est une fée poitevine dont l’histoire a fait souche en terres sassenageoises. Comme dans d’autres légendes médiévales, il est question d’une fée qui s’unit à un chevalier et lui apporte abondance et prospérité, jusqu’au jour où, à la suite d’un événement provoqué par ce dernier, non-respect d’un interdit, elle disparaît à tout jamais. »

  3. François Lannes

    Merci bien des commentaires : cela donne de l’énergie pour aller faire d’autres reportages, ainsi qu’à m’appliquer encore plus sur leurs contenus !

    Pour ce qui est de la baignoire, il faudra que j’aille aux renseignements…
    Je vous tiendrai au courant !

    Et puis pour l’âge des arbres, j’ai croisé (grâce à un peu de chance) le responsable de l’entretien de ce parc. Il m’a bien confirmé que la grande majorité des arbres datait de 1854, soit de l’époque de la mise en place du jardin romantique. Donc : 156 ans pour ce cèdre depuis sa plantation + les éventuelles années qu’il pouvait avoir avant d’être planté.
    On peut constater que ces cèdres du Liban ont une pousse très rapide, vu la circonférence de 7.70 m mesurée ici, mais j’ai eu le loisir de constater par ailleurs que ce n’est pas une exception. Il m’a aussi été expliqué que dans ces années 1850-1860 un pépinièriste de Grenoble était allé au Liban, qu’il en avait ramené plusieurs plants de cèdre, plants qui ont ensuite été planté dans les jardins de belles propriétés alentour de la ville. Cela corrobore peut-être cette date de 1854 pour celui de Sassenage. Et leurs dimensions sont en général de 7.00 mètres et plus, pour ces arbres.

    Voilà, voilà…

  4. Merci de toutes ces précisions François, les arbres sont « les témoins silencieux » de l’histoire des hommes, et ça me plait quand on arrive à faire le lien en fouillant nos mémoires & archives.

    « De tout ce dont la Nature a orné la surface de la terre, rien n’éveille plus notre sympathie, ni ne s’adresse plus puissamment à notre imagination, que ces arbres vénérables qui ont résisté à l’usure du temps, témoins silencieux de la succession des générations de l’homme, avec le destin duquel leur propre destinée présente une ressemblance si touchante, par leur naissance, leur maturité et leur déclin. » (John Muir)

  5. Sisley

    Moi, il me botte bien ce cèdre.
    Allure fringante, port altier !
    Et par dessus le marché, un emplacement idyllique.

    C’est vrai que ces fameux cèdres ont des croissances défiant la concurrence.

    Merci d’avoir investigué et observer ce spécimen pour le dater.
    _ _ _ _
    Au vu de la coupe de la basse charpentière, je pense qu’elle a été ôté pour cause de soucis mécaniques. Soit elle commençait à céder ou elle a tout bonnement rompue.
    Le responsable a t-il dit ce qu’il en était ?

  6. le cèdre a été palnté en 1853-54. Sa branche, risquant de rompre, a été coupée à l’extrème fin du siècle dernier.
    Le commanditaire du parc est Raymond Ismidon Marie de Bérenger, avant dernier propriétaire
    du Château de Sassenage. Son parc paysager date du milieu du 19 e siècle.
    Depuis 1942, le parc, le château et l’allée sont sclassé MH
    Concernant Mélusine, les Bérenger-Sassenage étaient des descendant « légitimes » de la fée des eaux représentée dans sa cuvette sur le relief de la porte monumentale du château de Sassenage. Les Sassenage et les Bérenger se disent descendants des comtes de Lyon. Raymondin, époux légendaire de Mélusine est fils du comte de Lyon.
    Lusignan, Bérenger, Sassenage et Luxembourg ont tous un lien avec Mélusine…

    …et puis comme le souligne la devise des Sassenage « si c’est une fable, elle est noble ».

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