Le chêne rond, La Buxerette (Indre)

L’Indre fait partie de ces départements pour lesquels il m’est bien difficile de réunir des informations, et bien que la première année du blog j’ai présenté un chêne rendu célèbre par George Sand [1], il aura fallu attendre deux années de plus pour découvrir un chêne colosse à la limite Sud du département [2]. Et aujourd’hui, c’est encore grâce à Jean qu’un nouveau chêne remarquable se dévoile dans le même secteur :

« Un autre chêne remarquable dans l’Indre: près du hameau de La Buxerette, sur la D 74 qui va d’Aigurande à Neuvy St Sépulcre, le chêne rond est signalé sur la carte au 25000ème. Il occupe un carrefour, il est soigneusement entretenu. Il est remarquable non tant par sa taille (4,80m de circonférence) que par son houppier : une multitude de branches droites partent toutes ensemble d’un tronc assez court, un peu comme un palmier. »

N’ayant aucune informations sur cet arbre, j’ai pris la liberté de retranscrire un article de la Nouvelle République où Christophe Colinet nous conte l’histoire de ce chêne de carrefour.

« Sur une route ombragée qui, de Neuvy-Saint-Sépulchre, mène à La Buxerette, une grande surprise attend le voyageur : sitôt qu’il a gravi la côte de La Font-Gallois, il découvre soudain, au centre d’un beau carrefour où viennent aboutir les routes du Courtioux et du Gannet, le plus magnifique chêne sans doute que l’on puisse admirer dans tout le Bas-Berry. »

« Ces lignes ont la marque de fabrique d’un maître d’école de la troisième République. C’est l’un d’eux, M. Lorilloux, instituteur à La Buxerette près d’Aigurande, aux confins du sud de l’Indre, qui les a non pas écrites, mais tapées à la machine avec ses élèves, après-guerre. »

« Son jugement était sûr. Le chêne rond dont il parle est une splendeur. Sous ses branches, on se sent à l’abri de tout, protégé par une force rassérénante qui a vu naître deux siècles. L’instituteur savait tout de l’arbre et il a transmis ce savoir à des dizaines de générations. Il leur enseignait qui l’avait planté : Pierre Bichat, probablement avant 1880. »

« De même, il leur contait comment il a bien failli disparaître. Car le chêne rond devait être déraciné « lorsqu’un paisible vieillard habitant l’une des rares maisons construites dans le voisinage pour former un hameau appelé Le Pâtureau des Noyers, vint et dit : « Laissez-le donc, ce joli chêne, si je veux m’y mettre à l’ombre ! ». Si bien que le chêne rond put croître, survivre à trois guerres et donner son nom au hameau. Là, dans une jolie maison de ferme, Lucienne Darchis, 72 ans, entretient la mémoire de l’arbre et peste contre les machines agricoles qui viennent parfois lui casser une branche. Lucienne raconte qu’un jour, une fête fut donnée sous le chêne. Dans ses notes, l’instituteur a consigné l’événement : « Il put une autre fois goûter les saines joies d’une fête champêtre et, couvrant de ses larges branches l’éclat des rires et des chansons, contempler à son pied le tourbillon des valses et le pas des bourrées ». C’était le 10 août 1930. »

Un article de Christophe Colinet – La Nouvelle République, 10 août 2005.

Merci pour la découverte de ce joli chêne Jean, tu as raison il possède vraiment un houppier magnifique, tout en rondeur il déploie fièrement un bouquet de branches impressionnant qui me rappelle un peu le chêne parapluie de Villeperdue [3]. Ça me plait lorsque des arbres remarquables en un lieu finissent par donner leur nom à la localité. Installé ainsi au milieu du carrefour, ce doyen – gardien de l’histoire locale – est un véritable marqueur de paysage.

9 réflexions sur “Le chêne rond, La Buxerette (Indre)

  1. Sisley

    Gaillard et de forme semi-sphérique ce beau chêne doit donc son salut à l’habitante soucieuse de son voisin ligneux !

    Etonnant qu’il possède autant de branche, un résultat à mi-chemin entre la trogne et le fastigié ?!!

    – – – –
    Une info assez surprenante que je viens de découvrir :

    La parcelle forestière des Beaux-monts dans le massif de Compiègne abriterait 1000 chênes sur 100 ha, ayant au minimum 400 ans, des diamètres compris entre 1,30 et 2 m pour des hauteurs de 35 à 42 m !!

    Philippe Morize en a fait un article :

    http://www.philippemorize.com/frontoffice/index.asp?id=1005

    Mais 1000 chêne ça paraît dingue, moi qui en rencontre de temps en temps des quadricentenaires, je n’arrive pas du tout à me rendre compte de prodige !

  2. Une parcelle forestière à arpenter !

    Cliquer pour accéder à 100107Synthese_Beaux_Monts_CSRPN_RFJCH_cle595bcf.pdf

    « Ce contexte géographique, géomorphologique, méso-climatique très particulier confère au site des Beaux-Monts/Mont du Tremble une grande richesse/originalité/valeur floristique et faunistique.
    Mais, surtout, la très grande originalité et même unicité tient au contexte de vieille forêt avec plus de 120 ha de vieilles chênaies-hêtraies quadricentenaires bordées de chênaies-hêtraies de 150-200 ans, l’ensemble s’étalant sur environ 350 ha. »

  3. berrichon

    ……quand au Chêne du Not, il est la, splendide au beau milieux des pâtures, quel Arbre…….
    Un berrichon.

  4. Sylvie

    Bonjour,
    Le chêne rond est maintenant malheureusement malade et a été élagué à plusieurs de ses branches. Du coup, il a beaucoup perdu de sa superbe… Dommage.

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