Le platane d’orient du château le Kinnor, Fervaques (Calvados)

Suivons Yanick à Fervaques en Normandie pour découvrir le plus gros platane de France.

« Lors de mon court séjour en Normandie, je m’étais donné pour objectif de visiter certains des arbres les plus remarquables de cette région qui avaient déjà étés publiés sur le blog. Mais le hasard fit que ma première chambre d’hôte se trouva à une dizaine de kilomètre du plus gros Platane d’orient répertorié en France. »

« Je m’étais pourtant promis de ne pas empiéter sur les terres de mes collègues Damien et Sébastien, mais ma passion pour le genre « platanus orientalis » fut trop forte. »

« Pourtant, ce n’était pas forcément bien engagé, car mon hôte [1] m’apprit que le château ne se visitait pas, excepté pour les journées du patrimoine. C’était mal me connaître, car pour voir un tel arbre, j’aurai pu tenir un siège devant n’importe quelle forteresse. »

« Mais il n’en fut pas la peine car en arrivant devant le château [2], il m’a suffit de composer le numéro de téléphone inscrit sur la grille et le propriétaire, Mr Lhotel, me proposait de le rejoindre à la poterne de style renaissance. Quand ce charmant Monsieur nous ouvrit la porte je n’en crus pas mes yeux. Dans son encadrement [3], se dressait fier et splendide un platane tel que je rêvais d’en voir depuis mon article sur les platanes Turcs [4]. »

« Passé la poterne, on entre dans la cour d’honneur pour se rapprocher de ce colosse. Le lieu est vraiment magique les façades appareillées de briques et de pierres offrent aux arbres un décor de rêve. »

« Ayant demandé l’autorisation de monter sur la pelouse pour prendre des mesures, je déroulais donc mon double décamètre. Et là, grosse surprise… «

« Alors qu’un panneau de l’association A.R.B.R.E.S. annonçait une circonférence de 13,80m à 1,50m du sol [5], je trouvais 12,50m à 1,30m. J’ai vérifié à deux fois tant la différence me paraissait importante, mais rien n’y fit je retombais toujours sur 12,50m. Quoiqu’il en soit ce platane d’Orient tient bien le record sur le sol Français. »

« Ce magnifique platane s’épanouit dans la cour du château de Kinnor, où chateaubriand fit de fréquents séjours auprès de son admiratrice Delphine de Custines. Son gigantesque fût présente une embase conique, largement évasée, pourvue de nombreuses excroissances appelées broussins.
Cette forme étrange que l’on retrouve sur plusieurs de ses congénères est mal expliquée. Son caractère exceptionnel est renforcé par le fait qu’il s’agit d’un platane d’Orient, alors que la plupart des platanes de notre pays sont hybrides ».
(La France des arbres remarquables, Georges Feterman.)

« Toujours dans le parc devant la cour d’honneur, on peut découvrir 3 autres arbres qui méritent le détour. Un premier hêtre pourpre entre la poterne et le pigeonnier fait 3,50m à 1,30m. Un deuxième en limite de propriété au bord de la Touques (les hobbits me poursuivent) fait lui 3,95m à 1,50m (hauteur du grillage de clôture). »

« Plus loin un magnifique pin parfois donné comme un Laricio mais que je pense plutôt être un pin noir d’Autriche a une circonférence de 4,61 à 1,30m pour une hauteur d’environ 30m [6]. »

« Mais c’est à l’arrière du manoir, dans la cour des communs que se trouve le deuxième clou du spectacle. Car croyez moi, quand on en prend plein les yeux de cette façon, on a vraiment l’impression d’être à un spectacle aux premières loges. Et le bouquet final est un troisième hêtre pourpre dit « de Chateaubriand » labellisé lui aussi par l’association A.R.B.R.E.S. [7

« J’ai relevé deux circonférences sur ce magnifique tronc boursoufflé, une à 1,30m de 7,05m et une un peu plus bas à l’endroit le plus creux de 6,10m. »

« Les vacances commençaient bien, mais c’est vrai qu’en faisant étape par la Normandie, il n’y avait là rien de bien surprenant tant cette région regorge de trésors arboricoles. »

Merci pour ce reportage Yanick. Cela fait tellement longtemps que j’espérais pouvoir accueillir sur le blog ce platane fantastique découvert dans les livres. Un arbre magnifique, son tronc à embase conique me rappelle un peu celui du platane de Savennières [8], mais la comparaison s’arrête là, car ici ce tronc unique avec de forme conique frôle la démesure ! La place de choix qui lui est réservé dans la cour laisse penser que la plantation se situe à la création du château (1597-1602), cela confirmerait l’âge avancé de 500 ans. Superbe platane.

Les hêtre pourpres sont les cerises sur le gâteau, si les deux premiers exemplaires sont déjà de toute beauté, avec le troisième on est subjugué ! Encore un parc à aller visiter…

39 réflexions sur “Le platane d’orient du château le Kinnor, Fervaques (Calvados)

    1. Yanick

      En fait, Mr Lhotel ouvre son parc à la visite moyennant une somme de 6€ (avec laquelle vous aurez droit à un petit guide) pour ses bonnes œuvres.

  1. Ah ! Quel beau retour !
    Les photos sont nickel. Merci Yanick et Christophe !
    Ca fait plaisir de voir ces essences là qui sont éminemment décoratives et adaptées aux grands parcs.

    1. Salut Gilou, ça plaisir d’avoir de tes nouvelles. Pour les photos, j’ai changé d’appareil. Je suis passé du bridge au reflex, et là, y’a pas photo 😉

  2. Seb

    Merci Yanick pour ce superbe reportage avec des mesures précises ! Le pin aussi est magnifique.
    Jusqu’à aujourd’hui, je croyais qu’il était le deuxième plus gros arbre du pays. Néanmoins il rivalise toujours avec les plus gros de France
    Châtaignier de Kerseoc’h : 14,20 m
    Châtaignier de Zonza
    Tilleul de Grange Sauvaget : 13,20 à 1,30 m
    Séquoia géant de Chalus : 12,50 m à 1,50 m
    If millénaire du Ménil-Ciboult : 12,50 m
    Platane d’Orient du château le Kinnor : 12,50 m

  3. Sisley

    Un grand merci pour cet article !!

    Je rêverai d’avoir un tel platane dans mon jardin, mais il est vrai que la cour d’un château permet de lui laisser toute la place requise et l’endroit s’en voit d’autant plus embelli.

    Un arbre qui a le pied sur terre, je n’ai jamais rien vu de tel, un cône parfait !

    Les hêtres sont tout aussi distingués, et avec plus de 6 m pour le 3e, on se balade dans les hautes sphères du remarquable en franchissant les portes de parc……

    ( je dois à nouveau m’étonner des erreurs à répétition de l’assoc arbres, c’est assez bizarre ces fautes de mesures qui de plus se voit inchangées pour un bout de temps…)

  4. Damien

    Magnifique, merci Yanick de nous faire partager un si bel arbre (et reportage !)
    Il va falloir que j’aille le voir ce platane au pied géant (ça me fait penser à la plante d’intérieur Beaucarnea ou pied d’éléphant) ; ça ne se rate pas une visite pareille !

    Les autres arbres valent le détour aussi, un beau parc boisé et rempli de surprises, un peu comme celui d’Acquigny 🙂

    Les erreurs de mesures de l’association me paraissent énormes, qui donc les a faites ?
    Une différence de quelques centimètres, voire quelques dizaines selon l’année de la mesure soit, mais là c’est carrément en mètres !

    Qu’importe, quel arbre superbe.
    Je reste baba devant les photos !

    1. Salut Damien,

      Pour les erreurs de mesures d’A.R.B.R.E., je crois que c’est du au fait que quand ils se déplacent pour labelliser un arbre, ils arrivent avec une pancarte où sont déjà inscrites les indications qu’on leur a données. Donc il se pourrait que les mesures soient un peu gonflées pour les faire venir. Je ne vois pas d’autres explications. Mais c’est sûr que cette fois, plus d’un mètre ça parait beaucoup.

  5. Damien

    Salut Yanick,
    Merci de ta réponse, en fait j’avais pensé qu’un minimum de professionnalisme consistait à mesurer au moins une fois soi-même l’arbre visé.
    Bien qu’ici une erreur de plus d’un mètre ne saute pas à l’oeil, se référer à une pancarte et ne rien faire de plus que de la recopier ressemble à un gag…
    Dommage !

  6. François Lannes

    Je reviens un moment sur cette remarque concernant la mesure de circonférence faite par l’association ARBRES, de 13.80 m, et qui ne correspond pas avec la mesure faite par Yanick, de 12.50 m. A priori, les uns comme les autres, c’est à dire Yanick comme ARRBES, sont des personnes intéressés au plus au point par les arbres remarquables et, de ce fait même, sont des personnes qui sont dignes de confiance pour ce qu’elles mesurent. Donc, à priori, je me suis dis que les deux mesures étaient justes.
    Mais alors, pourquoi ce décallage ??
    J’ai mené une petite enquête.

    La particularité de cet arbre est que son tronc est d’une conicité très très forte, à l’endroit de la mesure. Et du coup, j’ai voulu savoir la distance séparant le plan horizontal de la mesure des 12.50 m et le plan horizontal de la mesure des 13.80 m. Vu la conicité, cela ne devait pas faire un gros écart entre ces deux plans.
    Partant de l’hypothèse d’un angle de 60° pour ce tronc, et avec un petit peu de géomètrie simple, je calculais cette distance entre les 2 plans comme étant de 35 centimètres.
    Toutefois, quand on observe bien la photo n°2 de Yanick (celle où on le voit tenant le ruban), les 35 cm en-dessous du ruban se trouvent sur une conicité plus forte que seulement 60°. J’ai donc considéré une conicité de 90°, ce qui a pour conséquence de réduire l’écart entre ces fameux deux plans. Le calcul donne alors seulement 20 centimètres d’écart de hauteur.
    Bien !

    A ces 20 cm il faut ajouter la différence entre les 1.50 m lors de la mesure de ARBRES et les 1.30 m de la mesure de Yanick. Le décallage entre les 2 mesures devient donc : 20 + 20 = 40 cm. Cela signifie ainsi que les pieds de Yanick se seraient trouvés 40 cm plus haut que les pieds de « ARBRES » lors de leur mesure en 2002.

    Pourquoi le sol aurait-il changé ??

    J’ai été regarder une photo de cet arbre, photo qui aurait été faite en 2002, et en particulier la photo qui se trouve sur le site de l’association ARBRES. Sur cette photo, on peut voir que les racines du platane sont beaucoup plus à nu qu’on ne le voit sur les photos de Yanick. De plus, toujours sur les photos de Yanick on voit des planches qui semblent servir à retenir le sol autour du tronc, comme si de la terre avait été apportée au pied du platane…
    C’est là, peut-être, l’explication de cette « apparente incohérence » de mesures ??
    Il aurait suffit que le propriètaire de l’arbre, à un moment donné entre 2002 et 2011, ait mis de la terre au pied de l’arbre, pour le protéger mieux du piétinement, ou pour toute autre raison, et qu’il y en ait eu environ 40 cm de hauteur (ce qui ne paraît pas déraisonnable, à première vue) pour que s’éclaire et s’explique notre problème…

    Cette dernière confirmation, d’un éventuel apport de terre n »est plus de mon ressort, et je laisse à qui possède les bons contacts avec le propriètaire, le soin de vérifier si les événements se sont passés ainsi… ou non.

    1. Salut François,
      J’ai lu ta thèse avec attention et ton explication semble possible. Par contre je ne suis pas convaincu par le fait que l’on ai pu rajouter 40cm de terre. Peut être 20 tout au plus et encore.
      J’ai donc récupérer la photo d’A.R.B.R.E et la mienne, j’ai corrigé les déformations et mis tout cela à l’échelle sur un logiciel spécial. Tes chiffres concordent. Mais si l’on regarde bien en détail à la base de l’arbre, on voit nettement qu’il y a eu très peu de terre de rajoutée:

  7. Intéressant ce décorticage !

    Même si il y a une marge de différence de l’ordre de 40 cm, ceci n’explique pas le fait que sur plusieurs spécimens labellisés un peu partout en France on trouve des erreurs de musique allant de 0,5 à plus de 1,5 m ??!

    Exemple : 9,80 m donné pour le tilleul de Samoens, et en 2010 on trouve 6 m à 1 m du sol et 7,60 m au sol….
    Pour le chêne de Nerthe on parle de 8 m alors qu’il est à 6,4 voir 6,7…

  8. Damien

    Idem que Sisley et Yanick, un trou de 40cm ça fait beaucoup…
    Et en effet ça n’est pas la première fois que ça arrive, il y aurait donc tant de trous au pied de nos anciens ? ^^

    1. Alexis

      Toutes mes condoléances, je n’étais pas au courant.
      Il me semblait aussi en bon état et je n’aurais pas pensé qu’on l’abatte si rapidement.
      Il me faisait penser à celui qui pousse en face de la préfecture de Rouen

      1. Damien

        Salut Krapo,
        Et oui je te l’avais proposé au tout début, quand je voyais encore en lui le géant qui me faisait de l’ombre depuis mes tout premiers pas sur cette terre…
        C’en est fini pour lui, il a été abattu car il représentait un danger potentiel pour les riverains (peut-être qu’un autre décembre 99 lui aurait été fatal cette fois-ci) ; mais je continue de croire qu’il aurait pu, s’il avait été plus isolé, vieillir encore au moins quelques années.
        Le pire est qu’il a chopé ces champignons lors de travaux sur la place il y a de cela une vingtaine d’années, il y avait été blessé par un engin de chantier semble t-il.
        Une autre victime de l’urbanisation croissante de nos villes qui se veulent « vertes ».

        1. Salut Damien,

          lors de l’établissement des plans d’urbanisme, il faudrait que les élus prennent en compte que les arbres sont des êtres vivants à part entière avec une espérance de vie largement supérieure aux travaux publics…

    2. yannick

      La fin d’un géant! Les gestionnaires ont peut-être été un peu vite en besogne, sauf en cas de présence de champignons lignivores particulièrement virulents…

  9. François Lannes

    Yanick,

    Bravo pour ta photo, qui explique bien mieux qu’un long discours la situation que j’évoquais, et qui permet d’aller plus loin dans cette discussion.
    Je me posais donc une question supplémentaire : comment as-tu mesuré les 1.30 m ?? L’as-tu fais en suivant la conicité du tronc, c’est à dire en biais (environ 45° d’angle) ??
    Ou bien as-tu mesuré 1.30 m à la verticale, puis reporté horizontalement sur le tronc le niveau ainsi défini ??

    Ne crois pas que je te cherche des poux, en continuant ainsi ce sujet.
    Simplement, cette forme de tronc est tellement exceptionnelle que je suis tenté de fouiller toutes les idées qui me viennent.
    Et par ailleurs, je ne prends pas non plus parti pour ARBRES, dont les informations que donne Sisley amènent quand même à se poser des questions….

    1. Salut Yanick,

      elle est géniale cette histoire ! Je n’en avais jamais entendu parler, et pourtant j’étais un lecteur assidu de Pif Gadget… Quelle bonne idée d’offrir des arbres à planter aux enfants, et en parcourant les articles on se rend compte que l’évocation de ces sapins déclenche de l’émotion chez ces enfants aujourd’hui devenus adultes…

      1. Salut Tof,

        Toi, tu lisais Pif Gadget en 75 ? Quel enfant précoce !!! 😉
        Le gadget, trop géniale cette idée, si quelqu’un retrouve mon coutelas de Rahan en plastique véritable, qu’il me fasse signe. Ça fait des années que j’arrive plus à mettre la main dessus. 😥

  10. Si vous êtes de passage en Poitou Charente, ne loupez pas le 27e Festival International du Film Ornithologique de Ménigoute du 27 octobre au 1er novembre 2011.
    http://www.menigoute-festival.org/
    J’y suis allé vendredi et hier je suis passé à l’IFFCAM
    http://www.iffcam.net/
    voir l’expo « Forêt ancienne : trésor biologique, le privilège de l’âge »

    Vous aimez les oiseaux, les arbres,….. c’est à ne surtout pas manquer. Après ça je vous conseille d’aller faire une petite ballade autour de l’étang du Bois Pouvreau. Un lieu enchanteur et enchanté, une sorte de pays des elfes.
    http://www.panoramio.com/photo/61341130

  11. En France, le plus gros platane serait celui du Château de fervaques dont la circonférence à 1m50 du sol serait de plus de 12 mètres.
    Un autre platane remarquable est le « Géant de Provence », un arbre tricentenaire dont on dit qu’il a été planté par Catherine de Médicis.
    Dans l’Est de la France et plus particulièrement dans les Vosges, un autre platane âgé de 200 à 250 ans, est classé parmi les arbres remarquables, il s’agit du Platane de Lutterbach.

    http://notrejardin.skynetblogs.be/archive/2012/01/11/platanes-remarquables.html

  12. GATINEAU

    oui un très gros platane autour duquel j’ai joué quand j’avais 8 ans dans cet établissement agrée par la s.s. (sécurité sociale) dont je garde un souvenir de « maltraitance » en tout genre !!! mais c’est un bel arbre qui reste dans ma mémoire et tout le reste !!!

  13. Un petit mot sur l’âge de ce magnifique monument végétal. Sil a été planté à l’époque de la construction du château (1597-1602), il a donc environ 400 ans, et non 500, comme on peut le lire souvent!
    François Bonnet

Laissez vos mots...