Platane de l’île Saint-Aubin, Angers (Maine-et-Loire)

Aujourd’hui, partons avec Gilles en direction d’Angers, et plus précisément sur l’île Saint-Aubin, biotope humide d’importance internationale de 600 ha.

“Cette grande île triangulaire se situe au milieu du système particulier de confluence que forment la Mayenne et la Sarthe qui deviennent en aval la Maine. Pour s’y rendre, il n’y a pas de pont mais il convient d’emprunter le bac de port champs bas ou celui du port de l’île. C’est ce deuxième qui nous intéresse. Car après avoir tiré manuellement la corde pour traverser la Mayenne, on arrive directement au niveau du platane resplendissant qui trône derrière une guinguette au bord de l’eau.” (clic pour agrandir)

“Voyez plutôt le géant : 25 mètres de haut pour un ombrage portant sur 40 mètres de diamètre, le tout sortant d’un tronc asymétrique de 7 mètres 30 de circonférence. Un spécimen magnifique en dessous duquel il fait bon s’abriter du soleil et dont les charpentières monstrueuses vous écrasent par leur présence tant elles sont démesurées.”

“Je n’ai pas d’indication sur son âge mais il ne doit pas avoir plus de 250 ans étant donné que ses racines puisent en abondance l’eau de la rivière tout au long de l’année.”

“L’exploration du Maine-et-Loire guidée depuis le Lot continue … ! “

Merci pour la découverte de ce platane géant Gilles, et dire qu’avant je ne connaissais que les platanes taillés au bord des routes ou des boulevards. Mais un jour la rencontre a eu lieu avec un platane qui avait pu s’exprimer librement comme celui-là. Ce sont vraiment des arbres fantastiques, ils deviennent vite très imposants, et comme tu le rappelles, les charpentières sont “démesurées” avec une forte “présence”. Bien aimé la photo de ton p’tit bout assis sur les racines…

L’envergure et l’ombre de ce platane m’ont rappelé les écrits de Pline l’ancien sur l’histoire de cet arbre originaire de contrées lointaines, apprécié pour son ombre fraiche ; d’ailleurs tellement admiré qu’ils lui donnaient du vin à boire…

III. [1] Mais qui ne s’étonnera à juste titre qu’on fasse venir d’un Inonde étranger un arbre, uniquement pour son ombrage ? Je parle du platane (platanus orientalis, L.), qui, apporté d’abord à travers la mer Ionienne (III, 14) dans l’île de Diomède (III, 30; X, 61 ) pour le tombeau de ce héros, passa de là en Sicile : c’est un des premiers arbres exotiques qui ait été donné à l’Italie ; déjà il est arrivé jusque chez les Morins (Artois); (IV.) et le sol qu’il occupe est même sujet à tribut, de sorte que les nations payent pour avoir de l’ombre. Denys l’ancien, tyran de Sicile, transporta le platane dans sa capitale ; ce fut la merveille de son palais, transformé depuis en gymnase; ces arbres ne purent prendre une grande croissance. Au reste, des auteurs disent qu’il y avait alors d’autres individus de cette espèce en Italie, et nommément en Espagne.

IV. [1] Cela se passait vers l’époque de la prise de Rome (an de Rome 364). Depuis, cet arbre est devenu dans une telle estime, qu’on le nourrit en l’arrosant de vin pur. On a reconnu que cet armement faisait beaucoup de bien aux racines. Ainsi, nous avons appris même à des arbres à boire du vin.

V. [1] On vanta d’abord les platanes de la promenade de l’Académie (XXXI, 3) à Athènes : un de ces arbres avait une racine, de trente-trois coudées, plus longue que les branches. Il existe aujourd’hui en Lycie un platane célèbre associé aux agréments d’une fraîche fontaine. Placé près du chemin, il présente en forme de maison une cavité de 81 pieds; le sommet est une forêt; entouré de vastes branches comme d’autant d’arbres, il prolonge son ombrage sur les champs avoisinants. Pour qu’il ne manque rien à la ressemblance d’une grotte, l’intérieur est garni d’un rang de pierres ponces couvertes de mousses. La chose est si merveilleuse, que Licinius Mucianus trois fois consul, et qui a été récemment légat de cette province, a cru devoir transmettre à la postérité qu’il y avait dîné lui dix-huitième, et qu’il y coucha sur un lit fourni abondamment par le feuillage de l’arbre, à l’abri de tous les vents, désirant entendre le pétillement de la pluie sur les feuilles, plus content qu’au milieu de l’éclat des marbres, de la variété des peintures et de l’or des lambris.

Pline l’ancien, L’Histoire naturelle, livre XII, traitant des arbres.

17 réflexions sur “Platane de l’île Saint-Aubin, Angers (Maine-et-Loire)

  1. Sisley

     » il y coucha sur un lit fourni abondamment par le feuillage de l’arbre, à l’abri de tous les vents, désirant entendre le pétillement de la pluie sur les feuilles, plus content qu’au milieu de l’éclat des marbres, de la variété des peintures et de l’or des lambris  »

    il avait déjà tout compris !!

    Magnifique platane, j’ai remarqué qu’il apprécie vraiment les bords de rivières ou les lieux où l’eau n’est pas trop loin. Il m’est aussi arrivé d’en apercevoir un en foret où il rivalisait avec le chêne et le pin.

    Les écrits sur le platane d’Hippocrate et certains spécimens grecs et turques sont assez intéressants.

  2. Salut Sisley,

    j’aime bien l’histoire de Licinius Mucianus, l’évocation de la taille de ce platane laisse rêveur… moi aussi je dormirais bien sur un lit de feuilles, bercé par les gouttes de pluies, sous la ramure protectrice d’un vieux millénaire…

    Fais-moi passer les écrits sur le platane d’Hippocrate, ainsi que ceux sur sur les spécimens turques.

  3. un très bel arbre que voila
    au moins il a une place de choix lui
    pas comme ceux qui sont au bord des routes
    et qu’on accuse de tout accident
    (à croire qu’ils se déplacent la nuit lol)
    bonne journée, merci pour ce partage

  4. Bonjour booguie,

    oui un très bel arbre, mais il faut aller rencontrer de tels platanes pour se rendre compte du gigantisme des charpentières ; et puis on sent qu’ils peuvent s’exprimer librement, et il n’y a pas de cicatrices béantes comme on en voit souvent sur les platanes urbains – trop taillés.

  5. gilougarou

    « Mais un jour la rencontre a eu lieu avec un platane qui avait pu s’exprimer librement comme celui-là. » : doit-on comprendre que c’est le platane de Lamanon qui t’as poussé à créer ce blog ?

  6. Salut gilougarou,

    non ce n’est pas celui de Lamanon, mais un autre dans un parc de château, leur croissance rapide, les fait devenir géants avec une envergure démesurée, qu’ils sont beaux lorsqu’ils poussent en liberté sans trop de tailles…

  7. Sisley

    Salut,

    En fait j’ai des infos sur des vieux platanes, par le biais de livres, tels Les  » arbres remarquables d’Europe « ,  » Le platane, édition Actes sud  » et des fichiers où j’ai essayé de me renseigner sur le platane dans sa répartition d’origine.

    Celui-ci est grec, il est appelé platane de Geroplatanos, 15,5 m de C et probablement plus de 1000 ans :

    Si j’ai du neuf, je te tiendrais au courant.

  8. gael56

    Ce platane a eu la chance d’avoir un beau développement, épargné des tempêtes, de l’homme pour des raisons de sécurité ! Content de voir que celui-ci a pu s’exprimer. En Maine et Loire, il y a celui de Savennières qui est encore plus gros mais il part en 3, difficile a expliquer. plus surprenant celui-ci apparemment est sur le domaine public comme celui de Savennieres car malheureusement les plus beau sont privés. Merci pour les photos, elles sont belles.

  9. Bonjour Gaël,

    content de te relire par ici, oui il s’agit vraiment d’un très beau platane, et son ombre doit vraiment être agréable par ces grosses chaleur. Apparemment cette ile semble être un havre de paix où la nature peut s’exprimer librement, un biotope unique à visiter, parait-il…

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  12. barreau

    bonjour,
    j’y suis passé ce week-end. Ce platane trône toujours, à côté de la guinguette, à l’entrée de cette l’île charmante.
    Le chemin qui mène à la ferme de l’île a été détourné en 2012 afin que les quelques tracteurs et véhicules allant à la ferme de l’île, ne roulent plus sur ses racines.

    Depuis plus de 1000 ans, l’île Saint-Aubin est le fruit de l’action de l’Homme, et accueille aujourd’hui une importante diversité d’espèces végétales et animales. Cette zone de 600 hectares, au sein des basses vallées angevines, bénéficie d’une biodiversité remarquable. Allez découvrir et respecter cet espace de nature préservé à 15 mn en vélo du centre d’Angers (depuis la rive droite) en suivant le chemin de halage.

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