Mûrier de Sully, Villes-sur-Auzon (Vaucluse)

Au début de l’été, j’avais publié un avis de recherche pour le département du Vaucluse [1] en espérant que des reporters se manifesteraient avec l’envie de nous faire découvrir leur patrimoine arboricole. Finalement c’est Anaïs [2] qui s’est lancée depuis le département voisin à la rencontre du mûrier de Sully du Villes-sur-Auzon.

« Voici quelques photos du murier de Sully à Villes-sur-Auzon. Je te laisse en faire bon usage. Une belle bête qui ne risque pas de s’échapper dans tout ce béton ! »

Un mûrier noir datant de l’époque de Sully, un patriarche qui aurait donc quatre siècles !

Une circonférence de 6,46 m (source : Olivier Bricaud – Arbres remarquables en Vaucluse)

Merci pour les photos Anaïs ! Quel bonheur d’accueillir une nouvel arbre pour le département du Vaucluse (peu représenté jusqu’à présent sur le blog), et dans le même temps c’est une nouvelle essence qui se dévoile et de belle façon ! Usé par les ans et fortement élagué, cet ancêtre vieux de plusieurs siècles apparait comme un des doyens de l’espèce et mériterait certainement un peu d’espace sans bitume autours de lui…

Bien avant le Mûrier blanc, on avait cultivé, mais pour ses fruits, le Mûrier noir (Morus nigra L.) ainsi nommé car ses feuilles et ses fruits sont beaucoup plus sombres. La Grèce connaissait déjà la mûre d’un violet noirâtre à maturité que l’on appelait sykaminon, nom dérivé de sukè, la « figue », ou plus couramment moron ou môron, mot qui désignait aussi, comme en français, le fruit de la ronce. Selon Pline et Dioscoride, le Mûrier constituait une sorte de panacée. Le jus des fruits cueillis avant maturité et alors astringent et très acidulé enrayait les diarrhées, combattait les parasites intestinaux et aussi les crachements de sang, les règles trop abondantes ; l’écorce broyée avait les mêmes effets ; de celle des racines on extrayait un suc, souverain, paraît-il, contre les scorpions ; les feuilles « pilées et appliquées avec de l’huile » guérissaient les brûlures ; enfin les boutons des futurs fruits, « cueillis de la main gauche » et n’ayant pas touché terre, « portés en amulette » arrêtaient toute hémorragie. Aussi Pline conclut « les merveilles… concernant cet arbre… semblent le fait d’un être animé». Le Mûrier ne faisait-il pas d’ailleurs preuve d’intelligence en retardant l’éclosion de ses bourgeons jusqu’à ce que les froids fussent passés ? « Mais, une fois commencé, son bourgeonnement se déploie tout entier, au point de s’accomplir en une seule nuit et même avec bruit. » Cette conduite du Mûrier l’avait fait surnommer «le plus sage des arbres ».
(Jacques Brosse, Dictionnaire des arbres de France, pp.116-117)

8 réflexions sur “Mûrier de Sully, Villes-sur-Auzon (Vaucluse)

  1. Yannick

    Le goudron ne nuit pas qu’aux fumeurs! Je suis toujours très étonné de voir survivre des arbres dans ce genre de conditions, l’eau et l’air doivent se faire rares pour les racines!

  2. Que Dire à l’Hors à Fleur des Sens ,
    Quand le Reflet nous donne à Voir ,
    Un Arbre Mûr au Regard d’Ans ,
    Portant l’Ecorce comme Vie Dense.
    ~
    L’Homme au Long Cours a Donner Chance ,
    En Quatre Siècle , au Coeur d’Histoires ,
    Il en à Vu de son Vivant ,
    Passer du Monde sous sa Portance.
    ~
    Tant de Visages affleurent l’Aubier ,
    Ses Veines emportent aux Traits de l’Onde ,
    D’Etranges sillons allant Relier ,
    Le Temps d’Hier en Mère Profonde.
    ~
    Sceller au Sol de la Cité ,
    Seules ses Racines peuvent s’Echapper ,
    Sage Prisonnier longuement Tailler ,
    Rêve d’Espaces en Terre d’Orées.
    ~
    NéO~
    ~
    Bel Ancien .

  3. Bel arbre !!
    En effet ce sera difficile de trouver d’aussi gros exemplaires..

    C’est vrai que ça ne manque pas de bitume et pour ces arbres qui ont maintes fois changé d’environnements, l’adaptation ne doit pas toujours être aisée.

    De voir une telle chose, ça me fait une impression de blocage, un peu comme si on cousait la bouche à quelque qu’un avant de vouloir lui faire prendre un repas ?!……

  4. Salut Sisley,

    et hop un très beau mûrier, j’espère bientôt ouvrir une nouvelle catégorie, un bel exemplaire est arrivé dans ma boite et on m’en a signalé un dans le Lot…

    J’aime bien ta dernière phrase…

  5. Damien

    C’est peu courant le mûrier, jamais vu je crois moi !
    Ou alors ça n’existe pas dans le Nord de la France ?

    En tout cas celui-ci est splendide, un authentique vénérable 🙂

  6. Salut Damien,

    par ici il y en a pas mal, mais aucun trouvé de cet âge !
    Les fruits sont assez savoureux, mais comme ses feuilles sont loin d’avoir la valeur de celle du mûrier blanc (pour le vers à soie), il semble que le mûrier noir ait peu à peu été délaissé. Assez rustique, il résiste bien au froid et peu se retrouver plus au Nord, qui sait ce qui t’attend en Normandie…

  7. Ping : Le Mûrier du Chevalier à Aubusson-d’Auvergne, Puy-de-Dôme | Les têtards arboricoles

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