Le vieux hêtre de Sainte-Angèle-de-Monnoir (Québec)

Quotidiennement des dizaines de lecteurs québécois viennent se perdre sur le blog, cela fait longtemps que je voulais leur faire un clin d’œil en présentant un vieil arbre de chez eux. Pas facile d’y dénicher un reporter, mais au fil du temps des rencontre ont eu lieu grâce à internet, et des amis d’outre-Atlantique m’ont fait entrevoir leur magnifique patrimoine arboré.

« Ce hêtre à grande feuilles a reçu le titre de champion du Québec des Hêtres en 1994. »

« Comme tu le sais les hêtres sont des arbres de la forêt… donc ce spécimen est sûrement un vestige de la forêt et a donc vu le jour avant la fondation de ce village, Sainte-Angèle-de-Monnoir qui se situe à quelques 40 min au sud de Montréal. »

« Il dépasse sûrement les 300 ans et sa circonférence était de 415 cm en 1994. »

« La tempête de verglas de 1998 [1] lui a fait perdre quelques plumes comme chez tant d’autres arbres ! Il est creux en plusieurs endroits,  ses années de vie sont donc comptées. »

« C’est de loin le hêtre le plus fabuleux que j’ai eu la chance de voir à ce jour au Québec. À Laval au nord de Montréal il y a un boisé reconnu pour sa hêtraie avec des spécimens de plus de 200 ans. Il s’agit du boisé Papineau qui fut épargné du défrichage. En effet le sol y est sablonneux et non propice à l’agriculture… le hêtre américain aime ce genre de sol… il s’agit là d’un dépôt de sable remontant à la mer de Champlain il y a plusieurs milliers d’années. Sainte-Angèle-de-Monnoir se situe en plein cœur de la vallée du Fleuve Saint-Laurent, laquelle fut aussi sous cette mer ! »

Merci d’avoir accepté de nous faire découvrir ce hêtre vétéran Charles ! C’est un vieil arbre fatigué, on voit qu’il a lourdement subit les outrages du temps au fil des siècles, un ancien forestier devenu solitaire avec l’avancée de la « civilisation », néanmoins il porte en lui la mémoire de l’ancienne forêt disparue, et veille sur les âmes des morts de ce village.

Charles tient un blog où il expose aquarelles et dessins « d’un pèlerin pour qui les arbres sont des balises d’éternité ! », faites donc un tour c’est par ici.

Charles collabore à une page Facebook sur les arbres remarquables du Québec, à voir ici.
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Hêtre et ne plus hêtre…

S’il pouvait se confier, le hêtre à grandes feuilles (Fagus grandifolia) qui exhibe son tronc en page couverture nous crierait : pourquoi moi ?

Au lendemain du célèbre verglas de janvier dernier, sans doute aurait-il préféré qu’on l’oublie, le temps de panser ses plaies. Mais voilà que cet arbre imposant, qui règne au cimetière de Sainte-Angèle-de-Monnoir depuis 200 ans, doit affronter le plus grand défi de son existence : se rétablir du traitement-choc que lui a fait subir l’humain. Celui-ci, sans soute dépassé par l’ampleur des dommages qui défiguraient notre arbre champion, lui a infligé une coupe sans appel, nommée rabattage. L’arbre a été amputé d’au moins 40% de ses branches et de ses rameaux, porteurs d’innombrables bourgeons de feuilles. Le géant aurait pourtant eu besoin de ce feuillage, cette année, pour se fabriquer de la nourriture et se refaire une santé…

Qui remplacera ce vieil amputé au palmarès québécois des plus gros hêtres à grandes feuilles ? Peut-être ce spécimen qui se dresse à Roxton Pond, tout près du parc de la Yamaska, au carrefour des chemins Maxime et Carey. Comme celui de Sainte-Angèle-de-Monnoir, il présente un court tronc sinueux et déploie sa cime très évasée, caractéristique des hêtres qui croissent en milieu ouvert qu’on surnomme « hêtres de champ ». De grâce, ne nous en approchons pas ; respectons la propriété héritée des premiers colons du secteur qui l’ont vu naître et grandir, il y a plus de 130 ans !

De toute façon, même à distance, nous repérons facilement les caractéristiques de cette espèce autochtone, favorite des aménagistes : écorce lisse, tout au plus gravée de faux plis d’un gris bleuté; pittoresque ramure échafaudée par des branches principales horizontales qui balaient presque le sol, des rameaux ondulés retombants et de fines ramilles zigzagantes, de couleurs gris argent. En été, cette structure densément couverte de feuillage laisse très peu filtrer la lumière.

Magasine Franc Vert, volume 15 numéro 3, Juin-Juillet 1998.

15 réflexions sur “Le vieux hêtre de Sainte-Angèle-de-Monnoir (Québec)

  1. charles L'Heureux

    Merci pour ton beau boulot Christophe ,

    il me fera plaisir de partager d’autres remarquables du Québec éventuellement !

  2. Par hasard je viens justement de publier ce billet portant sur cet orme rouge remarquable à Montréal découvert par… Charles L’Heureux! Et les lecteurs québécois ne viennent pas se perdent ici, ils y viennent avec intérêt! Vous avez un site remarquable.

  3. Bonjour et bienvenu dans la forêt Roger,

    ça alors le hasard fait bien les choses !
    Grâce à Charles j’ai aussi découvert des arbres magnifiques…

    Bien content de lire que tu te plais à arpenter le blog, à bientôt.

  4. Sisley

    Merci le Québec !

    Un bien cher hêtre qui vient compléter nos rayons en se plaçant premier figurant par cette espèce nord américaine.

    Un spécimen au lourd passé et aux traits insolites, c’est juste dommage qu’on l’ai réduit dans son houppier, car comme c’est noté dans le document, pour un si vieil arbre, la moindre feuille n’est pas de trop.

    – – –

    Bien sympa, les dessins et aquarelles !!

  5. Salut Sisley,

    oui c’est bien dommage que le houppier ait ainsi été réduit, cependant la tempête de verglas fut terrible : entre 7 et 11 cm de verglas !! Ça a été très dur pour les infrastructures du pays et forcément pour les arbres… Il y a eu 1,7 millions d’hectares de forêts endommagées !!


    1. Yanick

      Après avoir vu ces images, on comprend mieux que cet hêtre cher soit un rescapé.
      En tout cas bienvenue aux cousins Québecois.
      J’en profite pour leur lancer un SOS, je recherche des images du plus vieil érable à sucre du Canada qui se trouve à North Pelham à quelques 14 miles des célèbres chutes du Niagara.
      Si un de nos lecteur d’outre Atlantique pouvait nous envoyer un petit reportage sur cet arbre ce serait chouette.

  6. charles L'Heureux

    Merci Sisley ,

    Salut Yanik . Quel âge a ce vieil érable dont tu parles ?

    On m’a fait savoir qu’il y aurait un érable à sucre âgé de 600 ans dans la région de Lacolle près de la frontière américaine .

    Je ne connais pas plus vieux en notre chère province .

    Je compte aller à sa rencontre cet été .

  7. Sisley

    Au fait, qu’en est-il de la situation hydrique dans le Lot et les Deux-sèvres ? Chez moi, on est vraiment sur la corde raide, un gros pourcentage des plantes sont sur les réserves et ceci malgré quelques averses ça et là, j’espère que ça ne va pas durer des plombes.. Ce n’est vraiment pas un début de saison très encourageant !

  8. On est déjà en restriction totale sur le Lot, j’ai une copine qui bosse dans l’eau et l’assainissement, et c’est vraiment pas fameux : à la fin du mois d’avril on était déjà au niveau extrême d’une fin de mois de juillet…

  9. Damien

    Merci le Quebec pour cette belle découverte 🙂
    Un rescapé des hivers rigoureux du Canada et de la sauvagerie des hommes, peut être que le fait qu’il soit implanté dans un cimetière l’a aidé aussi ?…

    En Normandie nos forêts d’ifs ont disparues, mais les spécimens de cimetières ont survécu, car l’endroit est sacré pour la majorité d’entres nous heureusement…

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