Poiriers forestiers Neufgrange, Woustviller (Moselle)

Retournons en Moselle, et avec Sisley découvrons des poiriers forestiers.

• “Alors que j’arpentais le milieu en quête d’alisiers, j’ai fait une singulière découverte : un poirier sauvage au centre de pins, chênes et hêtres. De par sa hauteur, il rivalise presque avec ses voisins, je dirai qu’il à dans les 15-17 m, ce qui est presque un maximum en futaie et pour sa circonférence le ruban m’indiqua 1,35 m. Une lecture sur tronc d’aliser torminal, présent dans la même forêt et ayant un diamètre de 10 cm inférieure m’a indiquée 80 ans.”

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“Ces deux espèces on pas de caractéristiques en commun et ayant évoluées dans le même biotope, il me semble juste d’estimer son âge entre 85 et 105. Je suis revenu, le voir en fleur, c’est toujours assez impressionnant, cette explosion florale à l’ éclat blanchâtre au milieu de toute cette palette de vert !” (clic les photos)

• “Direction une autre forêt à 15 minutes de marche vers le Village de Remelfing. C’est alors qu’après une douzaine d’année, que j’ai re-découvert ce poirier du sentier botanique. Un arbre somptueux, tant par sa droiture, que par son port épuré. D’une taille, d’environ 16,5 m et un tour de 1,35 m, il vient se classer premier dans mon mini concours.”

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“Poussant en concurrence avec de vieux chênes et charmes, il à réussi au fil des décennies à se frayer une belle ouverture à la lumière, si utile pour cette espèce héliophile. Un fait, me pose toutefois problème, au début de l’automne, j’ai remarqué que son tronc était marqué pour l’abattage, j’ai alors effacé au mieux les traces, encerclé l’aire à la base de son tronc avec des branches, et comme un panneau identifiant est cloué dessus depuis 16 ans, j’espère qu’il sera épargné. (j’essayerai d’en faire plus, car on ne sait jamais).

p3a.jpg• “Poursuivons à Woustviller, village éloigné d’à peine 6 km à vol d’oiseaux, et plus particulièrement en lisière de ses faubourgs, dans le bois du Maertzwald. En prospectant dans ces parcelles, j’ai remarqué deux sujets, peu anodins. Il s’en est fallu de peu, pour que je les loupe ce jour là, mais le hasard en a voulu autrement. Abouti à la limite de la forêt, et n’ayant qu’un seul choix de direction, j’ai immédiatement vu ce joli fruitier regardant vers l’extérieur. Bien plus petit que ses frères, celui-ci atteint les 9-10 m et de par sa position bien exposée, arrive aussi à un tour plus long : 1,60 m.
Plus trapu, il ressemble beaucoup plus aux poiriers de verger, qui peuplent les alentours. Et de ce fait, j’ai pensé que bon nombre de pieds présent en forêt, pourraient être issus de ces vergers de par la voie des airs. Il est extrêmement difficile de déterminer pyrus pyraster (le sauvage de pyrus communis) car à force de côtoiement, les espèces ont dues partager un certains nombre de points communs, les siècles passant. Un critère permet cependant de pencher vers le sauvage, quand sur certaines branches, on peut trouver des épines, mais cela n’est pas une certitude.”

“Et le dernier du quatuor, est à peine distant de 40 m du précédent, un arbre élancé, proche des 17-18 m de hauteur, et affichant une circonférence de 1,38 m.

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“D’une forme bien plus tourmentée que les autres, on suppose, qu’il a dû plus laborieusement  gravir les échelons vers la clarté pour ainsi arriver à cette respectable hauteur. Dans le Jura, on parle d’un poirier de futaie, de 20 m pour 2 m de périphérie ! Ceux-là n’y sont pas, mais leur passé à peut-être était plus difficile et espérons qu’un jour ils puissent en terminer de par leur mort naturelle.”

“Les endroits, où ils sont potentiellement observable, peuvent être, les lisières de feuillus avec des arbres moyennement haut, les abords de clairières, les trouées quand un grand arbre tombe ou les haies champêtres. Les sols, seront d’assez sec à légèrement humide, à tendance calcaire. Des forêts où les prélèvements en sylviculture se font raisonnés, utilisent de plus en plus les fruitiers précieux type poirier, pommier, alisiers, cormiers, noyers,.. dans les taillis sous futaie mixte, car avec de faible densité d’individus par ha, cela apporte de bon apports à l’économie forestière tout en servant de garde manger pour la faune, tout au long de leur vie.”

“Voici, un excellent lien vers une description complète de ce fameux fruitier sauvage, qui explique les différences morphologiques, les conditions de croissance, les différentes menaces qui pèsent sur lui… [1] un autre lien concernant le bois de poirier [2].”

“Tous ceux que j’ai dévoilé, ne sont pas forcement des sauvages et, avec le temps et les croisements, d’autres peuvent être un hybride des deux, bien que l’interrogation est profonde (on n’a plus vraiment de spécimens types pour témoigner). En espérant, que ça vous incite à regarder par chez vous, dans des lieux où vous n’auriez cru en voir.”

Merci pour ces découvertes Sisley, les poiriers forestiers se font rares, et j’imagine le plaisir que tu as eu en dénichant des individus centenaires. Ma préférence va au premier découvert, mais je dois avouer que la photo en fleurs influence grandement mon jugement… J’espère que tu as raison, et que les exploitants forestiers réintroduisent ces essences précieuses dans leurs exploitations ; c’est un sacré enjeux pour le patrimoine génétique du poirier sauvage, pour la biodiversité en forêt, et cela augmente la qualité de l’écosystème.
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Mise à jour par Sisley – juin 2010 :

« Comme je l’avais écrit dans l’article, j’avais quelques craintes quand à l’avenir incertain du poirier de Remelfing. La foresterie à tranché et c’est une triste nouvelle que de devoir inscrire ‘R.I.P’ devant son nom sur la liste. »

A tout jamais tu demeureras,
Inscrit dans nos mémoires,
Des générations d’animaux,
Tu as nourri et abrité.
En huit décennies, tu as réussi,
A te faire une place dans la chênaie.
On peut remercier les forestiers regardant
Qui durant cette période, t’ont épargné,
Mais les décideurs d’aujourd’hui,
Avec des euros pour seules orbites.
N’auront donc pas compris,
La richesse botanique et patrimoniale,
Que toi et tes semblables représentent.
Espérons que dans un beau meuble,
Tu continueras ton immuable cycle.

Ps: ce genre d’évènement, me motive deux fois plus à continuer l’inventaire, car sans des photos, descriptions et mesures, que restent-ils d’eux, dans ces cas là !

« Je suis aller récupérer un demi cercle de la souche du poirier forestier abattu cet hiver de manière à lire les cernes et avoir une trace archivée. Il a effectivement une centaine d’années, à 15 cernes près, car certaines parties sont peu lisibles. »

7 réflexions sur “Poiriers forestiers Neufgrange, Woustviller (Moselle)

  1. Je n’imaginais pas observer des poiriers de futaie !
    Faudra que je fasse gaffe, ds fois que… J’ai plus l’habitude de voir des merisiers de futaie, mais il est vrai qu’il est beaucoup plus facile de les reconnatre. Le bon plan serait de se balader au tout dbut du printemps : les fleurs ne trompent pas !

  2. Francis

    Belle pioche Sisley. C’est pas toujours commun de voir de beaux poiriers forestiers comme sa, les jeunes arbres sont souvent recherchs comme porte greffe.

  3. Yanick

    Alors l Sisley, tu m’impressionnes,

    Comment fais-tu pour nous trouver des poiriers en pleine fort.
    Il faut vraiment avoir l’oeil. Et j’aurai jamais pens qu’ils puissent pousser
    si haut !!!
    En tout cas une bien belle et surprenante dcouverte.

    Je sais pas mais dans mon coin, on utilise surtout le cognassier comme porte greffe.
    a a du les pargner en fort. Je ferais plus attention lors de mes prochaines ballades.

  4. Ping : Merci à vous tous ! « Krapo arboricole

  5. Vraiment dommage cet abattage ! D’autant qu’il ne semblait pas encore déclinant.
    Du coup, pour un profit faible et immédiat on perd un investissement en temps qui aurait permis un profit bien plus important plus tard.
    On est toujours trop pressé.

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