Orne, Camp des Monges, Cahors (Lot)

Au hasard d’une promenade l’hiver dernier, découverte d’un orne (frêne à fleurs) solidement accroché à flanc de causse. Le terrain est pentu, caillouteux et aride ; y poussent avec difficulté des genévriers, des chênes pubescents, des érables et quelques pins ; mais tous ont un petit développement. (clic les photos)

Un arbre qui m’a tout de suite interpelé : un joli port, une belle écorce grise et très lisse au toucher, de grosses racines rampantes qui l’accrochent solidement sur le roc ; mais surtout un tronc court de 50 cm de haut d’où s’échappent de belles charpentières.

Mensurations : 1,60 mètres de circonférence pour 10 mètres de hauteur.

Un jeune compagnon que je visite régulièrement, au printemps j’ai construit un cercle de pierre autour de lui, ça le met joliment en valeur, mais surtout j’espère que cet anneau le protégera d’une coupe éventuelle. Ceci dit, l’endroit étant bien difficile d’accès, son pire ennemi dans les décennies à venir sera surement la sècheresse ou les incendies…

« Les mentions grecques du Frêne en tant qu’arbre de Poséidon posent un petit problème botanique. En effet, Fraxinus excelsiorest rare en Grèce, il y est bien remplacé par deux autres espèces, Fraxinus oxyphylla Bieb. et Fraxinus angustifolia Lamk., mais celles-ci sont plus petites, moins majestueuses. Il se peut donc que le culte du Frêne élevé ait été importé par les anciens Hellènes des régions plus septentrionales d’où ils venaient. En grec, pour désigner le Frêne, il existe deux mots : boumelia, où le préfixe augmentatif bou- indique qu’il s’agit d’un grand arbre, mais peut également signifier que son feuillage était donné en nourriture aux bovins (Jyous, le «bœuf»), ce qui se pratique encore dans nos campagnes. Melia s’applique à une espèce tout à fait différente, le Frêne à fleurs (Fraxinus Ornus LJ, lequel, de taille moindre, se plaît dans les stations sèches et chaudes, et est commun en Grèce. À la différence de celle du Frêne élevé, sa floraison en mai est très fournie et répand une odeur de miel. Un liquide sucré exsude naturellement de son tronc. En août, on pratique dans l’écorce une incision afin de recueillir ce suc qui, coagulé, forme la « manne », ainsi nommée en souvenir de la mystérieuse «gelée blanche» qui nourrit les Israélites lors de la traversée du désert et que le peuple, étonné de ce prodige, appela mân hu, «qu’est-ce que cela ?» la manne était considérée par les Anciens comme un miel, le « miel de l’air » ou « miel de rosée » ; le nom de l’arbre, melia, et celui des nymphes qui l’habitaient, les Meliai, était proche de melis, le « miel ». Dioscoride atteste que la manne était en usage en Grèce, mais on la récoltait surtout dans le sud de l’Italie et en Sicile. Au xvie siècle, l’illustre médecin Matthioli la considérait comme la salive ou l’excrément d’un astre. La «manne en larmes » était vendue par les apothicaires et prescrite comme purgatif doux, recommandé particulièrement aux enfants et aux vieillards. »
(Jacques Brosse, Dictionnaire des arbres de France, pp.86-87.

5 réflexions sur “Orne, Camp des Monges, Cahors (Lot)

  1. Pas mal de difficulté pour le déterminer
    feuilles de 15cm, opposées formées de 7 folioles ovales (5cm)
    écorce grise et très lisse / bourgeons bruns pâles
    sol calcaire / très faible pluviomètrie

    Par élimination ce n’est ni fraxinus excelsior, ni oxyphylle
    malheureusement je n’ai pu être là pour la floraison
    on ne sera définitivement fixé qu’au printemps prochain !

    Frêne à fleurs ?

  2. Francis

    Hé bé ! qu’est-ce que ce fraxinus fait là ? en plein coteau aride ! Il doit lutter pour survivre dans une telle situation. Sympa le cercle de pierre, ça sacralise l’arbre et le met bien en valeur.

  3. Salut Francis,

    étonnant de trouver un frêne ici, je pense que c’est un orne (frêne à fleurs)
    C’est un arbre que j’aime bien, il fait bon se tenir collé contre son tronc et ses racines, du coup j’ai eu envie de le remercier avec ce cercle de pierre…

  4. Ping : La suite de l’index… « Krapo arboricole

Laissez vos mots...