Le chagrin du saule pleureur

Le Saule, à l’heure de sa prime jeunesse sur notre monde, s’enorgueillissait de la robustesse de son tronc, fermement ancré dans la terre.

Mais, s’il se satisfaisait pleinement de sa condition terrestre, le saule avait pour malédiction de ne jamais pouvoir approcher le ciel d’aussi près que son voisin le chêne, ou que son cousin éloigné le pin ; il avait beau étirer ses branches d’autant qu’il le pouvait, celles-ci n’en devenaient pas plus robustes, et plus il s’efforçait de les affermir, plus il en poussaient d’autres, toutes aussi fines, tombantes, désespérément tombantes.

C’est au comble de son désespoir, sentant jusqu’à la pointe de ses racines l’intense tristesse de ne pouvoir espérer un jour toucher le ciel, que le Saule eut une révélation, aux abords d’une rivière. En observant le doux miroitement des eaux qui s’écoulaient lentement, quelle ne fut pas son étonnement d’y voir le ciel ! Là, à portée de ses branches ! Le saule plongea ses branches dans l’eau, et comprit bien sur qu’il ne s’agissait là que du reflet du ciel ; mais il comprit aussi que jamais il n’en serait plus près.

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Il choisit par conséquent de s’établir là, près de la rivière, contemplant chaque jour l’image de ce qu’il ne pourrait atteindre, et laissant couler ses larmes le long de ses longues et fines branches, abreuvant nos rivières, triste mais obstiné.
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Un texte de mon ami Dovitch,
l’illustration provient de la State Library of Tasmania, ici.

7 réflexions sur “Le chagrin du saule pleureur

  1. Ping : La suite de l’index… « Krapo arboricole

  2. Bonjour, je suis un jeune écrivain et je travail actuellement sur le thème du saule pleureur, dans l’objectif d’un mini recueil de poésie.
    Et j’aimerai beaucoup emprunter ce texte qui pourrai servir d’intro au projet (allégorie de l’Homme et de la mélancolie grâce à l’arbre, pour les grandes lignes.
    Je viens donc demander à l’auteur son accord, je ne m’approprierai pas le texte bien sur, les références seront données. Voilà merci d’avance !

    1. david ilic

      Bonjour Peter Pan,
      Cela fait des années que je ne m’étais pas rendu sur ce blog et je ne vois ton commentaire qu’à l’instant.
      Il y a peu de chances que ça soit le cas, mais si jamais ton projet était toujours d’actualité je serais heureux d’en discuter avec toi (j’ai un projet assez similaire de recueil de poèmes, les thèmes de mon côté étant plutôt liés à l’enfance…)
      Je te laisse donc mon adresse mail, si jamais tu vois ce message :
      davil[☆]hotmail.fr
      A bientôt peut-être.
      David.

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