Aux origines de la pomme ou le jardin d’Éden retrouvé

Un film documentaire réalisé par Catherine Peix (43 mn).
Produit par Kri-Kror Films / Seppia (2010).

Soutiens : CNC, Région Alsace, CUS, Media Developpement.
Diffuseurs : ARTE, France 3 Alsace, MDR, RTBF, RAI, YLE Teema.

Une enquête scientifique internationale à la recherche des origines de la pomme.

Comment un antique pommier sauvage kazakh pourrait nous sauver des pesticides. Mais d’où vient la pomme du jardin d’Éden ? Réalisé par Catherine Peix, « Aux origines de la pomme » nous emmène dans les montagnes du Tian Shan, au Kazakhstan où les premiers pommiers seraient nés, il y a 165 millions d’années. On trouve dans ces forêts épaisses d’arbres qui peuvent atteindre plus de trente mètres de haut et vivre plus de trois cents ans, des pommiers sauvages : les Malus sieversii. Leurs pommes sont non seulement comestibles et savoureuses, aux couleurs et aux goûts variés, mais elles ont su développer des résistances exceptionnelles aux maladies et, en particulier, au fléau numéro un du pommier : la tavelure. Quel est donc le secret de la résistance de Malus sieversii ?

https://vimeo.com/112089524

Avec le film de Catherine Peix, on découvre que la pomme des origines possède un ensemble de gènes de résistance qui s’est perdu au cours du long processus de domestication des pommes, lors de leur voyage depuis l’Asie jusqu’à l’Europe. Cette enquête scientifique et historique relate le parcours d’un savant kazakh, Aymak Djangaliev, qui se consacra toute sa vie à l’étude et à la protection de Malus sieversii. Mais il souligne aussi les enjeux contemporains essentiels de la découverte de cette pomme. À l’instar de la pomme Ariane conçue par l’INRA à Angers, Malus sieversii n’offre t-elle pas la possibilité d’une nouvelle arboriculture qui, par hybridation naturelle avec des espèces sauvages résistantes, pourrait créer des pommes domestiquées « bio », cultivées sans pesticide ?

Extrait du documentaire et interview avec Catherine Peix trouvé sur TerreTv.


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« Une cinéaste aux origines de la pomme » © fldweb / Anne-Solveig Malmasson 11 mai 2010.

Scientifique, réalisatrice, militante de la nature, Catherine Peix a traqué l’origine du fruit défendu : la pomme. C’est aux confins du Kazakhstan, dans la forêt du Tian Shan et autour d’Almaty (qui signifie pomme en kazakh) qu’elle a filmé cet « Éden » retrouvé.

Sauvegarder, préserver la pomme “originelle”, plus précisément les forêts de pommiers historiques du Tian Shan à l’Est du Kazakhstan, tels sont les maîtres mots du travail de Catherine Peix, fascinée par les origines de quelque nature qu’elles soient. « J’aime savoir pourquoi une chose existe. J’ai voulu par ce reportage sensibiliser le public sur quelque chose auquel il ne pense jamais : pourquoi y a-t-il des plantes cultivées ? A cela je répondrais, il y a des plantes cultivées parce qu’il y a eu des plantes sauvages ! Aujourd’hui, on ne se pose plus la question des plantes sauvages… Or, si le cultivé dégénère, où trouvera-t-on les ressources permettant de continuer à cultiver ? Prendre conscience de ce patrimoine arboricole, c’est en quelque sorte m’intéresser au problème entier de la diversité agricole et alimentaire. » Mais la biodiversité comme elle l’entend n’a rien à voir avec le discours actuel. « La sortie de mon film “Aux origines de la pomme” n’est pas liée à l’année de la biodiversité ! J’ai commencé à le tourner en 2005 ! On devrait plutôt décréter un siècle de la biodiversité et non pas juste une année. Cela n’a pas de sens. Le futur de l’arboriculture, sera dans l’analyse des origines des plantes… Si on regarde bien comment c’était à l’origine, on comprend mieux le futur. Le futur est toujours dans les origines. »

Pour comprendre le travail de Catherine Peix, il faut la voir comme une militante de la nature. « Je suis une vraie résistante », se qualifie-t-elle en martelant qu’elle n’a rien de commun avec l’homme du moment Yann Arthus Bertrand. « J’ai dormi à même le sol, traversé ces forêts à cheval, rechargé mes batteries de caméra par des groupes électrogènes parce qu’il n’y avait pas d’électricité, c’est le seul moyen pour découvrir ce patrimoine extraordinaire. » C’est dans ce sens que le film est plutôt singulier parce qu’il balaie à la fois de l’histoire, de la génétique, du “road movie”, de l’histoire des hommes et puis de la génétique contemporaine puisque s’intéresser aux gènes de la résistance c’est avoir accès à des notions de marqueur moléculaire, des histoires de datation aussi.

Des forêts contenant plus de cinq millions de variétés de pommes différentes

Son documentaire retrace aussi bien le contexte géographique, les enjeux politiques et scientifiques en se fondant sur la vie de ceux qui se sont battus pour préserver l’histoire même des origines de la pomme du Tian Shan. Se retrouve ainsi remémoré le négationnisme scientifique stalinien, qui a envoyé au goulag nombre de scientifiques et particulièrement de généticiens tels que Nicolaï Vavilov, le premier à être convaincu d’avoir trouvé dans les pommiers du Kazakhstan l’origine même de la pomme. « Après avoir eu vent de l’existence de ces forêts vieilles de plusieurs milliers d’années, il m’a fallu retrouver Aymak Djangaliev. Ce chercheur kazakh, disciple de Vavilov, a voué sa vie aux origines de la pomme, à Malus Sieversii, cette forêt de plus de cinq millions de variétés de pommes différentes. C’est un homme brillant totalement incorruptible qui s’est mis en marge parce qu’il a voulu sauvegarder quelque chose qui était interdit. » Pour ce faire, elle s’est rapprochée de François Laurens, ingénieur de recherche à l’Inra d’Angers qui l’a d’ailleurs fortement conseillée pour le film. En remontant l’histoire, elle constate que deux chercheurs américains ont déjà eu vent des travaux d’Aymak Djangaliev et rapporté des scions aux États-Unis de ses forêts exceptionnelles nichées à plus de 2 000 m d’altitude. L’un généticien, l’autre agronome ont ainsi conforté le chercheur kazakh dans ses travaux en apportant la preuve que ces pommes des montagnes alentour d’Almaty présentaient pour certaines des résistances à plusieurs maladies dont le feu bactérien et la tavelure pour ne citer qu’elles. Et pourtant comme elle aime le rappeler : « Il n’y a jamais eu de feu bactérien au Kazakhstan. Et ces pommiers ont des gênes de résistance au feu bactérien. C’est incroyable. »

Une forêt ancestrale unique au monde donnant de gros fruits comestibles

Plus encore que les gênes de résistance, Catherine Peix s’émerveille de la diversité des essences présentes dans ces forêts. Certaines pommes ont des saveurs de rose, de fraise, de banane, d’autres ont la chair totalement rouge. « C’est l’unique endroit dans le monde où il existe des forêts comme celles-là donnant de gros fruits. Elles débordent un peu en Chine et un tout petit peu au Tadjikistan mais c’est dans la région du Tian Shan, dans ces montagnes, qu’on les trouve. Après, il existe des vergers sauvages ailleurs. A l’image de Malus Floribunda originaire du Japon, Malus Siberica de Sibérie, Malus Orientalis du Caucase, Malus Fusca de Turquie et Malus Silvestri d’Europe de l’Ouest. Mais leurs fruits sont gros comme des cerises. » Avec ce patrimoine, Catherine Peix se plaît à soulever : « Si on était malin, on proposerait aux arboriculteurs du monde entier d’acheter des “élites” des forêts du Tian Shan. Les résultats seraient immédiats, il ne serait plus nécessaire d’attendre près de trente ans pour obtenir une nouvelle variété. »

À la recherche de mécènes pour sauvegarder ce patrimoine kazakh

C’est donc pour sauvegarder et protéger ce trésor de biodiversité qu’elle recherche des mécènes, afin d’encadrer un possible “pillage” de patrimoine génétique. Déjà, Aymak Djangaliev a réussi à ce que certaines variétés de pommes sélectionnées par ses soins soient protégées par une patente d’Etat. Mais comment protéger l’ensemble ? Catherine Peix rappelle que certaines régions forestières kazakhes ont été transformées en réserves d’État, ou appartiennent à des instituts de recherche nationaux. Mais elle s’inquiète car il ne reste plus qu’un cinquième de la surface des forêts sauvages de pommiers existantes en 1929. « Aujourd’hui, mon équipe est toute petite. Je suis actuellement à la recherche de soutiens pour pouvoir en tout premier lieu éduquer les Kazakhs leur faire comprendre qu’ils sont à la tête d’un trésor qu’il faut préserver. Car plus ce patrimoine sera connu, plus on pourra le sauver. Reconnaître que ce patrimoine vient du Kazakhstan, plus cela donne la chance à ce pays de prendre soin de son patrimoine. » Elle se remémore d’ailleurs qu’à chaque voyage dans la région d’Almaty où elle a interrogé les Kazakhs à propos de ces pommiers historiques de plus de 30 m de haut, ils réagissaient tous en indiquant qu’ils en possédaient forcément quelques-uns dans leurs datchas, mais sans avoir conscience de cet héritage extraordinaire. « C’est une véritable éducation qu’il est nécessaire d’entreprendre auprès du pays tout entier et même dans les grands pays producteurs de pommes à travers le monde. C’est en ce sens que nous avons aussi pris des photos et que nous souhaitons éditer un livre à ce sujet car cette histoire est presque rocambolesque. Il est nécessaire de faire circuler cette information capitale. Avec tout ce matériel, il serait ainsi possible d’entamer un véritable travail éducatif. Mais pour cela nous avons besoin de soutiens qu’ils soient politiques ou financiers. » Elle se plaît même à rêver d’un mécénat colossal d’Apple. « Il prendrait alors le rôle de gardien de patrimoine sauvage et si Apple se met dans le coup, on fait un énorme chantier au Kazakhstan, on fait de la reforestation en utilisant des populations différentes. On fait de la formation auprès des Kazakhs… »

Pour l’heure, son film a fait l’objet d’une projection en avant-première à l’Unesco le 3 mai dernier en présence de l’ambassadeur du Kazakhstan en France, Nourlan Danenov, et de l’ambassadeur du Kazakhstan auprès de l’Unesco, Olzhas Suleimenov, la projection devant se poursuivre par un débat autour de la biodiversité. Il sera ensuite diffusé le 10 mai sur la chaîne Arte avant d’être reprogrammé, dès le mois de septembre, sur plusieurs chaînes régionales de France 3. Parallèlement à ce travail sur les forêts de pommiers du Tian Shan, Catherine Peix a jeté son dévolu sur d’autres origines de plantes importantes pour l’alimentation humaine. « Ce film sur la pomme est plutôt singulier parce qu’il balaie nombre de sujets différents. Car, nous n’avons jamais traité le problème des origines de ce que l’on mange. Or, l’alimentation industrielle a conduit à de multiples exclusions. A l’inverse de la culture agricole qui réduit la biodiversité le fait de produire par exemple le même blé partout dans le monde nous rend vulnérables. »
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Le dossier de presse du documentaire est téléchargeable par ici.

29 réflexions sur “Aux origines de la pomme ou le jardin d’Éden retrouvé

  1. Bonjour Christophe 😉

    Retour aux Sources vers l’Essentiel ,
    Un Brin d’Argent pour Sauver l’Hors ,
    Quand label Pomme existe en Ciel ,
    Son Patrimoine est bien de Tous ,
    Hélas la Belle demande Accords ,
    Un Grand Pont d’Hors du Big Maousse?
    Si Eve était bonne à Croquer ,
    Ses Descendants s’arrache l’Eden ,
    Son Héritage plein d’Héritiers ,
    Provoque une Réaction en Chêne.
    NéO~
    Belle Journée , te voilà de Retour 🙂
    J’ai vu que tu as essayer de te réabonner ,
    As tu reçu les Mises à Jour ?
    L’Apparition d’un Neuf Billet .

  2. Karambolage – Arte – La pomme par Hinrich Schmidt-Henkel

    « Ceci est une pomme » – « das hier ist ein Apfel » – « questo è una mela ». « Pomme » – « Apfel » – « mela »; trois mots qui ne semblent ne rien avoir à faire l’un avec l’autre. Mais attendez!

    Commençons par le mot germanique. « Apfel », très proche de l’anglais « apple » ou du norvégien « eple », ce sont des mots très anciens d’origine indo-germanique ou même encore plus vieux.

    Certains dictionnaires suggèrent d’ailleurs qu’un ancien nom français caractérisant une espèce de pomme serait apparenté à « Apfel » : « pomme d’api ». « api » aurait donc la même racine que « Apfel ». Ce n’est pas invraisemblable.

    Un autre mot allemand contient le mot « Apfel », c’est le nom de l’orange: « Apfelsine », formé d’après le mot néerlandais « Sinaasappel », lui-même calqué sur un mot français du 16e siècle inventé pour désigner ce fruit qui venait d’être importé : « Pomme de Sine ».

    Importée d’où? Eh bien, de la Chine qu’on appelait à l’époque également « Sine » ou bien « Sina » – ce que vous retrouvez aujourd’hui encore dans le nom de la discipline universitaire : la « sinologie ».

    Soit. Mais la « pomme » française et la « mela » italienne : vous allez me dire que ces deux mots-là ne peuvent pas avoir la même origine. Eh bien si ! Ils remontent tous les deux au latin où l’arbre, le pommier, s’appelle « pomum malum », « pomum » désignant « arbre à fruit comestible » et « malum » indiquant justement l’espèce, donc la pomme. « pomum malum » – la première partie est à l’origine du mot français: « pomum » – « pomme », la deuxième a donné l’italien: « malum » – « mela ».

    Bon appétit !

    http://www.arte.tv/fr/2992688,CmC=2992696.html

  3. Et bien, tout ça nous en apprend des choses !!

    Ce qui m’a le plus parler c’est la diversité de variétés et le potentiel de ces pommiers à résisté à nombre de maladies. Un vrai domaine à exploiter dans nos vergers actuels et qui pourrait mettre fin à l’utilisation prononcée de pesticides et renforcer la richesse des variétés de nos terroirs !

    J’espère sincèrement que ces zones montagneuses resteront le plus longtemps protégées et je suis reconnaissant du travail réalisé par ce scientifique ainsi que tous les gens ayant participer de près ou de loin à la préservation et à l’étude de cette fabuleuse espèce..

    1. Merci Sisley, un doc magnifique,
      Depuis le temps que je cherchais à le voir en entier celui-là.
      Et n’oublions pas de remercier les ours des montagnes Kazakh.
      J’aimerai bien pouvoir en planter dans mon jardin de ces Malus sieversii. Quelqu’un sait-il où on peut en trouver ?

  4. martine

    Un grand merci pour ce documentaire.

    Vraiment triste de voir que bon nombre de variétés ont complètement disparu des étals.

    « Der Apfel fällt nicht weit vom Stamm » : la pomme ne tombe pas loin du tronc! Pour expliquer qu´un gosse ressemble fort à ses parents (souvent au sens péjoratif, dommage pour la pomme qui n´y peut vraiment rien 🙂 )

    1. En fait certaines en France en possèdent déjà et il y a même plusieurs pommiers poussant à droite et à gauche, principalement dans des jardins botaniques, chez des particuliers collectionneurs et à l’inra.

      Pour l’instant je sais qu’il y a une étude en cours sur la viabilité de cette espèce une fois introduite en France, ceci consiste à déterminer sa prolifération et à veiller qu’elle ne supplante pas d’autres espèces fruitières indigènes, cela s’est déjà vu par le passé et c’est pourquoi on ne veut pas faire les mêmes erreurs, en somme un genre de quarantaine.

      Il y a aussi la détermination des bactéries, virus, insectes,… vivant sur ces pommiers qui est étudiée, cela dans le sens où l’on veut éviter de disséminer des pathogènes invasifs.

      Voilà.

  5. Phil

    Dommage. Je souhaitais juste avoir quelques graines pour les faire pousser.
    Il faudra peut-être que je me rende au Kazakhstan…

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