« Le site de Laish, renommé plus tard Tel Dan, constitue l’ancienne limite septentrionale de la Terre Sainte. »
« À la source la plus occidentale du Jourdain, cet endroit est maintenant connu sous le nom de Tell el Kady (la colline des Juges), et il y a un chêne sacré auquel sont accrochés des offrandes votives, sur une tombe dédiée à Sheikh Merzûk. »
Charles Wilson, Picturesque Palestine : Sinai and Egypt, 1881, p. 343.
« Le makam est la place d’un saint. Il est de préférence sur une colline, mais peut être simplement une tombe d’un saint dans une enceinte grossière sous les cieux ouverts, ou la tombe peut être un petit bâtiment, généralement avec un dôme, appelé un kubbeh. Une telle tombe peut être dans une ville ou un village, ou même sur un terrain bas, comme le makam d’Abu Zenimeh, de la péninsule Sinaïtique, qui est une hutte frêle au bord de la mer Rouge. »
« Il ne fait aucun doute que les bosquets sacrés et les arbres sacrés ont essentiellement les mêmes caractères que ceux mentionnés dans l’Ancien Testament, et qu’ils existent à peu près au même endroit qu’avant, partout où les arbres peuvent pousser ; au moins un arbre pousse près d’un makam. Il existe un tel arbre à Tell el-Kadi sur la tombe d’un weli. »
« Le seul arbre que j’ai vu dans un trajet de neuf heures entre Beersheba et Gaza était un arbre sacré. Les arbres eux-mêmes, comme nous l’avons observé, sont parfois l’objet d’un culte. Bien que le nom de Baal ait péri en rapport avec ces lieux, leur culte est encore observé. »
Samuel Ives Curtis, Primitive Semitic Religion Today : a record of researches, discoveries and studies in Syria, Palestine and the Sinaitic Peninsula, 1902, p. 143.
Le chêne décrit il y a plus d’un siècle semble avoir disparu, ainsi que les autres vestiges cananéens. Les fouiles archeologiques sur le site se concentrent aujourd’hui sur l’histoire du peuple juif.
Cependant, on peut y admirer un vénérable chêne (Quercus Ithaburensis) :
https://biblewalks.com/Sites/TellDan.html#History
https://biblewalks.com/Sites/DanHighPlace.html
Sur le blog, un vieil article coup-de-gueule sur la Palestine :
https://krapooarboricole.wordpress.com/2010/05/14/le-terrorisme-continue-en-palestine/
The Sacred Tree or the tree in religion and myth – J. H. Philpot, 1897
https://archive.org/details/sacredtreeortre00philgoog
But however much their attitude towards the sacred tree may have been modified under Accadian influence, the Chaldaeans in their worship of the tree only followed the rule of their Semitic kindred, for “the conception of trees as demoniac beings was familiar to all the Semites, and the tree was adored as divine in every part of the Semitic area.”[7] Even that stationary Semite, the modern Arab, holds certain trees inviolable as being inhabited by spirits, and honours them with sacrifices and decorations, and to this day the traveller in Palestine sometimes lights upon holy trees hung with tokens of homage.
This strange persistence of a primitive religion in the very birthplace of a most exalted spiritual worship is an additional evidence of its remarkable vitality. For there is no country in the world where the tree was ever more ardently worshipped than it was in ancient Palestine. Amongst the Canaanites every altar to the god had its sacred tree beside it, and when the Israelites established local sanctuaries under their influence, they set up their altar under a green tree, and planted beside it as its indispensable accompaniment an ashêra, which was either a living tree or a tree-like post, and not a “grove,” as rendered in the Authorised Version. This ashêra was undoubtedly worshipped as a sacred symbol of the deity. Originally it appears to have been associated with Ashtoreth or Astarte, the Syrian Istar, the revolting character of whose worship perhaps explains the excessive bitterness of the biblical denunciations.[8] But the ashêra was also erected by the altars of other gods, and in pre-prophetic days even beside that of Jehovah Himself, whence it may be concluded that “in early times tree-worship had such a vogue in Canaan, that the sacred tree or the pole, its surrogate, had come to be viewed as a general symbol of deity.”[9] The great antiquity of the cult in Syria was recognised in the local traditions, for an old Phoenician cosmogony, quoted by Eusebius, states that “the first men consecrated the plants shooting out of the earth, and judged them gods, and worshipped them, and made meat and drink offerings to them.”[10] In addition to the ashêra, the Chaldaean symbol of the sacred tree between its 9 supporters was also familiar to the Phoenicians, and is found wherever their art penetrated, notably in Cyprus and on the archaic pottery of Corinth and Athens.[11] It is highly probable that both these sacred symbols had a common origin, but the connection must have been lost sight of in later times, for we find Ezekiel, to whom the prophetic denunciations of the ashêra must have been familiar, decorating the temple of his vision with designs evidently derived from the Chaldaean sacred tree, “a palm-tree between a cherub and a cherub.”[12] A similar ornamentation with palm-trees and cherubim, it will be remembered, had been used in the temple built by Solomon.[13]
Sir James G. Frazer — Le folklore dans l’Ancien Testament, 1924.
http://classiques.uqac.ca/classiques/frazer_james/folklore_ancient_testament/folklore_tdm.html
Parmi les arbres sacrés des Hébreux, les chênes et les térébinthes semblent avoir la première place. Ils sont encore communs en Palestine. Ce sont des arbres d’essences très différentes, mais qui se ressemblent en apparence, aussi paraissent-ils avoir été confondus ou tout au moins classés ensemble par les Hébreux, qui leur ont donné des noms presque semblables. Dans certains passages de la Bible il n’est pas toujours facile de déterminer s’il s’agit d’un chêne ou d’un térébinthe.
Les chênes qui abondent ainsi dans plusieurs parties de la Palestine sont encore l’objet d’une vénération superstitieuse. Voici une remarque que fait Thomson à propos d’un bosquet de chênes situé près du lac de Phiala, dans la Haute-Palestine : « On croit que les chênes sous lesquels nous sommes assis en ce moment sont habités par les Jan et d’autres esprits. Dans presque chaque village de ces oued et de ces montagnes, il se trouve un ou plusieurs de ces chênes, auxquels s’attache la même superstition. La croyance populaire veut qu’ils soient habités par des esprits appelés Benât Ya’kôb (filles de Jacob), notion étrange et obscure, dont je n’ai jamais pu obtenir une explication intelligible. C’est peut-être un vestige de l’antique idolâtrie que les lois rigoureuses de Mahomet ont bannie dans la forme, mais qu’elles n’ont pu entièrement déraciner de l’esprit de la multitude. En effet, les Musulmans sont aussi adonnés à cette superstition stupide que tous les autres croyants.
Il faut sans doute rattacher à cette idée la coutume d’enterrer les saints et les soi-disant prophètes sous ces arbres et de leur élever des muzâr. Toutes les sectes non-chrétiennes croient que les esprits de ces saints aiment à revenir ici-bas et à visiter l’emplacement de leur tombe.
C’est un témoignage analogue que nous apporte un autre écrivain qui a longtemps séjourné en Terre Sainte. « Le voyageur qui parcourt la Palestine aperçoit souvent un petit bosquet d’arbres d’où émerge un dôme blanc ; ce sont les Wély, ou saints, ou plutôt ce qui passe pour leurs tombes. Ces bâtiments sont généralement, mais pas toujours, sur le sommet d’une colline, et on les aperçoit de plusieurs lieues à la ronde. Qui étaient ces Ouliah ? On l’a généralement oublié ; on pense qu’ils marquent le site de quelques-uns de ces « hauts lieux » cananéens qui, d’après maint passage de la Bible, ne furent pas entièrement détruits par les Israélites lorsqu’ils conquirent le pays, et qui, par la suite, devinrent pour eux une fréquente cause de péché. Un bouquet d’arbres entoure presque toujours le Wély. Ce sont généralement des chênes et il devait en être de même du temps de la Bible, surtout dans les régions montagneuses. Outre le chêne, qui est toujours un chêne vert et non l’espèce à feuilles caduques de nos régions, se trouvent le térébinthe, le tamarin, sidr ou nubk (Ziziphus-spina-Christi, parfois appelé Dôm par les Européens), et d’autres arbres. Parfois le bosquet est réduit à un seul arbre qui ombrage le Wély.
On trouve la même association de tombes et d’arbres à Tell el Ka-di, « le tertre du juge », l’antique Dan où jaillissent les basses sources du Jourdain. C’est un tertre naturel de rocher calcaire, d’environ trente mètres de haut et six cents mètres de large. Il domine une vaste plaine et termine une longue suite de jardins d’oliviers et de bosquets de chênes qui partent de Banias, où sont les hautes sources du Jourdain. C’est un site tout à fait charmant. Sur le coteau ouest du tertre, un fourré presque impénétrable de roseaux, de chênes et de lauriers roses est baigné par la basse source du fleuve, fontaine merveilleuse semblable à un grand bassin bouillonnant qui passe pour être la plus grande fontaine non seulement de la Syrie, mais du monde. Sur le côté est, surplombant une autre source vive du Jourdain, se dressent côte à côte deux arbres, un chêne et un térébinthe, qui ombragent les tombes des saints musulmans. Dans leurs branches sont pendues des guenilles et d’autres offrandes.
Même quand les chênes sacrés n’existent pas auprès des tombeaux et des sanctuaires des saints, ils sont souvent décorés de guenilles par les paysans superstitieux. Ainsi, à Seiloun, dans l’antique Silo, « se trouve un grand et vénérable chêne appelé Balutât-Ibrahîm (chêne d’Abraham). C’est un de ces arbres habités, si fréquents dans ce pays ; les paysans pendent des guenilles aux branches pour se rendre propices les êtres mystérieux qui sont censés l’habiter. » « Nous avons passé près d’un bosquet de grands chênes dont l’un portait sur ses branches basses des guenilles de toutes sortes et de toutes couleurs. Pourquoi ces ornements ? C’était un des « arbres habités » que hantent les mauvais esprits ; ces guenilles y sont suspendues pour protéger les voyageurs de leur influence néfaste. On rencontre fréquemment des arbres semblables dans ce pays et les habitants superstitieux ont peur de dormir sous leurs branches. »
Un de ces arbres peut se voir sur le site du Vieux Beyrout. C’est un chêne vert qui pousse près du bord d’un précipice. Les gens y pendent des fragments de leurs habits, car ils croient que l’arbre a le pouvoir de guérir les maladies. Une de ses racines forme au-dessus du sol une arche sous laquelle se traînent ceux qui veulent se guérir des rhumatismes et du lumbago. La même opération assure aux femmes des couches faciles. Le vingt-et-un septembre, on y danse et on y chante toute la nuit, les hommes entre eux et les femmes entre elles. Ce chêne est tellement sacré qu’un sceptique ayant osé en couper un branche, vit son bras se dessécher.
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Les forêts, piliers de la colonisation en Palestine
« Si les forêts d’Israël cristallisent ainsi les tensions, c’est que l’afforestation a joué un rôle discret, mais important, dans l’histoire de l’appropriation des terres palestiniennes. »
https://orientxxi.info/magazine/les-forets-piliers-de-la-colonisation-en-palestine,2141
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Israël-Palestine, des arbres qui cachent la colonisation
https://orientxxi.info/magazine/israel-palestine-des-arbres-au-service-de-la-colonisation,2637
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Oil on canvas, 137 x 117 cm, 2009
Memory of Places – Suleiman Mansour – Country: Palestine
https://www.barjeelartfoundation.org/collection/memory-of-places/