Alors que je découvrais avec plaisir un gros châtaignier à Saint-Denis-Catus [1], dans la même journée Julien en trouvait un autre (plus gros) tout proche d’Issendolus.
« J’ai rencontré les parents du propriétaire de la châtaigneraie où il se situe, ils m’ont dit qu’il aurait été planté par les Templiers pour nourrir les pèlerins de passage. Car il faut savoir qu’un hôpital a été construit dans le coin au 13ème siècle pour nourrir et soigner les pèlerins, et il fut donné en 1259 à l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem, donc je pense que si ces dires sont vrais il aurait plutôt était planté par cet ordre que par les Templiers, mais je ne peux l’affirmer, en tout cas il n’est pas tout jeune. »
« Il fait 8,60 mètres de circonférence à 1m30. Son tronc est creux et on peut y pénétrer dedans et être à l’aise, il semble que l’intérieur du tronc ait brulé, le tronc a une forme de barrique, des rejets et quelques branches donnent encore des châtaignes. »
« J’en ai trouvé un autre dans le même secteur, il fait 5m53 de circonférence. »
« Sa partie supérieure est desséchée contrairement à la partie inférieure, il se situe en plein milieu d’un champs au niveau du Causse (pas fréquent, non ?). On peut nommer l’endroit l’Igue du châtaignier, car juste à côté un effondrement récent à révélé une cavité [2]. »
« Mes investigations sur la commune ne sont pas terminées… Si je n’avais pas trouvé ce site parlant des curiosités autour d’Issendolus, je ne l’aurai jamais découvert [3]. »
Merci pour cette belle trouvaille Julien, c’est quand même incroyable de découvrir deux châtaigniers de plus de 8 mètres le même week-end dans le Lot ! Ce tronc chargé d’ans que tu nous présentes est vraiment intrigant, une vieille barrique creuse et pourtant il y a encore de la vie ! Comme toi je ne pense pas que cet arbre soit contemporain des Templiers, et pourtant je suis certain de son âge très avancé. J’ai été explorer le site qui présente le patrimoine de la commune : le travail réalisé par Thierry est vraiment impressionnant, j’ai vu qu’il évoque un « gros chêne » et qu’il y aurait également un arbre qui pousse dans une voiture…
Beau tir groupé !
Un vestige de châtaignier, tel la mue d’un insecte évoluant d’un stade à un autre !
Fort étrange comme découverte et le deuxième n’est pas mal non plus, bien que dans une phase de déclin, encore que pour cette espèce la résistance au travers des siècles est plus que démontrée !
– – –
p.s : Salut Christophe, je voulais juste savoir si t’as bien reçu le mail concernant le complément Schoppenwihr (vernis, chênes,..) et le tronçon de poirier ?
Salut Sisley,
bien reçu ton mail, je mettrai à jour avant la fin de la semaine
(pris un peu de retard avec la migration des documents)
Superbe cette vieille barrique, mais comme doit je doute qu’elle ait « croisé »
les templiers.J’en suis même sûr, car comme j’ai déjà du l’écrire les châtaigniers poussent beaucoup plus vite que ce que l’on croit.Pour exemple, j’ai compté sur une souche fraîchement coupée à 1m de ht pour 6m de circonférence 137 cernes. Ce qui donnerait pour un arbre de 8,60m 200ans.
Je crains donc que même le plus vieux des châtaigniers de France ait pu un jour abriter le moindre Templier.
Sur celui de Saint-Denis-Catus, j’ai compté les cernes de la charpentière coupée (55 cm de diamètre) et on arrive à peu près à 180 cernes…
Le mien aurait-il été arrosé à la potion Normande?
une charpentière a certainement une croissance plus lente que le tronc principal. Tout ça reste a éclaircir.Je me penche sur le sujet.
On va y retourner avec une scie pour faire une coupe propre avec photo.
Je t’envoie la photo du mien de suite.
Une étude qui éclaire un peu notre lanterne sur la croissance radiale de certaines essences en station forestière:
Cliquer pour accéder à sylviculture_des_feuillus_a_croissance_rapide1.pdf
et hop chargé sur le blog :
Cliquer pour accéder à sylviculture_des_feuillus_a_croissance_rapide.pdf
Bonsoir.
Quelques précisions:
S’allonger ou se répéter
* La plupart des arbres résineux grandissent sans changer de forme. Cette stratégie de croissance s’appelle le Gigantisme.
Les branches se renouvellent en couronne, chaque année, avec la nouvelle pousse; les plus anciennes meurent et tombent…
De rares feuillus ont une telle stratégie (bouleau verruqueux, aulne glutineux, de Corse)…
* La Réitération concerne essentiellement les feuillus (caducs et persistants) et de rares résineux.
Les arbres dupliquent plusieurs fois leur propre architecture. A chaque répétition, les unités réitérées sont de plus en plus nombreuses, mais de plus en plus petites. Les branches maitresses ont le même aspect que le tronc.
L’influence de la lumière:
Afin de capter le maximum de lumière, l’arbre aura une attitude différente selon sa situation:
* Incliné sur les lisières.
* très large en isolé.
* Montant le plus haut possible, en resserrant son houppier pour dominer les autres en forêt.
L’influence de l’âge:
Un arbre qui réitère, se modifie avec l’âge. Dans un premier temps, ses branches ne seront pas très grosses.
Ensuite, avec les réitérations successives, elles se renforceront pour soutenir un poids assez conséquent de jeunes branches, qui réitèreront elles aussi et se renforceront.
C’est l’aspect des arbres isolés, aux énormes maitresses branches et à l’ample frondaison.
La localisation des racines
Les racines ne sont jamais disposées de façon symétrique autour de l’arbre, elle couvre une surface plus ou moins importante en fonction de la nature du sol, de son inclinaison et du vent dominant.
Les grosses racines d’ancrage ne pénètrent que très rarement à plus de 1,50 mètres de profondeur, qu’elles soient traçantes ou pivotantes.
Certaines racines plongent jusqu’à 3-4 mètres, mais leur diamètre varie de 1 à 5 millimètres.
Les racines d’un diamètre inférieur à un millimètre sont concentrées dans les premiers 30 centimètres du sol.
Réagir face aux agressions
Les suppléants:
Des arbres stressés ou blessés développent de jeunes pousses afin d’augmenter la photosynthèse.
Ce sont des bourgeons latents (en attente) qui donnent ces nouvelles branches suppléantes.
Ces nouvelles branches n’auront pas le même aspect que le tronc ou les branches réitérées.
L’état d’urgence:
A -Restaurer son architecture:
Lors de trop fortes agressions (tailles intempestives, travaux coupant les racines), l’arbre, en urgence, doit parer au plus pressé et restaure sa surface chlorophyllienne en émettant de nouvelles pousses aux larges feuilles.
Ensuite, certaines de ces jeunes pousses se développeront pour donner un nouvel houppier.
C’est le cas des arbres de villes, des arbres têtards, etc.
Lors de stress hydrique, dû à d’importantes variations climatiques, l’arbre choisit de sacrifier les branches sommitales et de faire pousser des branches suppléantes, plus bas en zone ombrée, afin de limiter la déperdition d’eau par évaporation, augmentant ainsi ses chances de survie.
Ces nouvelles branches vont se structurer en un nouvel houppier, laissant apparaître le sommet mort.
C’est le cas, aussi, pour les arbres brisés.
B – Connaître ses limites:
Un arbre blessé ou élagué cicatrise ses blessures, mais les tissus exposés à l’air et aux maladies sont bien morts.
Peu à peu, la partie morte va se décomposer, mais l’arbre, lors de sa croissance va l’enfermer.
Ce qui n’empêchera pas les champignons et maladies de se propager et, avec le temps, d’entraîner le pourrissement du cœur de l’arbre.
Les arbres sénescents
Ce sont les arbres arrivés au terme de leur développement.
La longévité des arbres est extrêmement variable en fonction des essences: de un siècle à plus de 20 siècles.
Un arbre sénescent va fractionner sa mort.
Il est incapable de remplacer ce qu’il perd, les plaies ne sont plus recouvertes, les racines ne se renouvellent plus, les attaques des parasites se multiplient, les pics et insectes xylophages fores des trous dans ses parties mortes, le cœur pourrissant s’évide.
C’est la mort fractionnée… Avant de devenir un chronoxyle.
Les arbres en réseau
Ce sont des arbres qui se connectent entre eux par les troncs, branches ou racines.
Dans les anciennes haies en plessis, les branches, pliées et entrecroisées afin de faire une clôture, ont fini, avec le temps par fusionner, créant ainsi des anastomoses.
Les racines, en se superposant et s’entrecroisant, fusionnent aussi, on parle alors d’arbres en réseaux.
Après une éclaircie, dans les Douglas, il arrive que des souches soient encore alimentées en sève par le réseau racinaire fusionnel.
Dans un premier temps, il se forme un bourrelet qui, peu à peu, recouvre la totalité de la coupe, la renfermant.
Cette souche, toujours vivante et refermée, est un sarcophage.
Les arbres « colonies »
Les marcotteurs:
Les arbres dit « colonies » sont des arbres qui marcottent tel le cyprès de Nieul (entre plan d’eau et cour de l’école) .
Leur branches, après avoir marcotté, donnent de nouvelles tiges porteuses de branches qui croissent et marcottent à leur tour, etc…
Ils restent toujours solidaire de l’arbre mère.
Les drageonneurs:
D’autres arbres drageonnent: les racines proches du sol émettent de jeunes pousses qui, à leur tour, deviennent des arbres toujours solidaires de l’arbre mère.
L’arbre colonie:
très fréquents chez les vieux châtaigniers, l’arbre a une forêt de suppléants verticaux, dont certains s’enracinent dans le cœur du tronc.
Racines dans le tronc:
Dans les vieux arbres au cœur décomposé, les jeunes résilients ou certaines branches partants assez haut, peuvent se marcotter dans le cœur de l’arbre devenu, après décomposition, de l’humus, ou même y drageonner. Les racines plongent alors jusque dans le sol, et deviennent apparentes avec le délabrement du vieux tronc.
C’est le cas de beaucoup d’arbres têtards.
Les records de longévité
Souffrir pour être immortel: C’est ainsi que l’on pourrait définir les conditions pour qu’un arbre devienne extrêmement âgé.
Lorsque l’on étudie les arbres les plus âgés, deux points communs émergent:
1 – Les conditions environnementales sont très défavorables (sècheresse, froid, feux, inondations, sol pauvre, etc…) .
2 – Ils ont tous une taille ridiculement petite par rapport à leurs congénères de la même essence.
En haut, les pins « dunaires » vers la dune du Pilat et le Chêne à Guillotin (Morbihan); ci dessus, le châtaignier des Pérettes (La Jonchère) a vu passé les troupes anglaises en 1371, lors du sac de La Jonchère. Des suppléants sont encore racinés dans le tronc.
J’ai des photos et illustrations illustrant ces divers sujets… « Poids » 26950 ko
Voir les arbres sénéscents…
Amicalement
Marc Desage dit Saint Loup
J’oubliais, voir aussi « racines dans le tronc » qui concerne essentiellement les vieux châtaigniers…
Amicalement…
Allo ???
Pourquoi ce cours « copié-collé » sur les arbres ??
Les souches « enveloppées » des sapins Douglas :
https://krapooarboricole.wordpress.com/2009/05/14/sapins-de-douglas-ribeauville-haut-rhin/
Les racines dans le tronc :
https://krapooarboricole.wordpress.com/2010/09/14/visite-au-jardin-dhorticulture-de-chartres-eure-et-loir/
https://krapooarboricole.wordpress.com/2010/03/05/vieux-cormier-sarre-union-bas-rhin/
… etc…
J’ai regardé de plus près ma photo et tout remis à l’échelle. En fait j’arrive à 3.90m de circonférence pour 137 cernes. Errare humanum est, ça nous laisse encore loin des templiers, mais nous rapproche d’un accroissement radial minimum de 4,2 d’après le tableau de D.Duick. Et environ 330 ans pour cette belle barrique.
Ça reste à pondérer, les arbres poussent plus lentement par ici (pour celui de Saint-Denis-Catus on a 180/200 cernes pour 1,80m de circonférence)
le châtaignier découvert par Julien pourrait être bien plus vieux…
Je pense surtout à des exemples tels que celui de Julien, cet arbre à perdu une énorme partie de son tronc et n’a quasiment plus de branches et cela depuis on ne sait combien d’années. Le tout additionné au fait qu’il est fortement creux, à subit un incendie, nous laisses à penser que une phase de sa vie il ne sait pas développé avec beaucoup de vigueur, ce qui rajoute des décennies au compteur, car pendant ces moments de disettes et troubles il vit quasiment plus que de ses recherches et sa croissance se trouve bien diminuée.
Un peu comme les trognes, arbres sénéscents en dernière phase et ceux qui vivent en milieu pauvre.
Dans les terres fertiles, il n’est pas rare de voir des châtaigniers de 5 à 8 m de circonférence qui n’ont guère plus de 500 ans !
Mais en changeant de sol et climat, les données diffèrent aussi et il faut suivre le profil d’un individu en particulier avec ses antécédents.
Pas toujours évident !…
Et bien je ne pensai pas que la question de son âge déclencherait un si vif engouement.
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