Les arbres du Soleil et de la Lune

« Tu verras, roi, qui que tu sois, les deux arbres du soleil et de la lune, qui parlent en indien et en grec ; celui du soleil est mâle, l’autre, celui de la lune, femelle, et tu pourras apprendre d’eux ce qui va t’arriver en fait de bonheurs ou de malheurs. »

Pseudo-Callisthène (entre les IIe-Ie siècles avant J.-C. et les IIe-IIIe siècles après), Le Roman d’Alexandre, II, 39, 11-12, Les Belles Lettres, 1992, Lettre d’Alexandre de Macédoine à Aristote son maître sur son expédition et la description de l’Inde, 48, Appendice I, p. 138.

Les arbres du Soleil et de la Lune - Bruges, 1448-1449 - Jean Wauquelin  - Paris, BNF, Manuscrits, français 9342, f. 164

Les arbres du Soleil et de la Lune – Chroniques d’Alexandre – Bruges, 1448-1449 – Jean Wauquelin (Paris, BNF, Manuscrits, français 9342, f. 164)

Réalisées à la demande du duc de Bourgogne Philippe le Bon et somptueusement enluminées, les Chroniques d’Alexandre offrent une représentation de la célèbre scène de la rencontre du roi avec les arbres du Soleil et de la Lune, lors de ses fabuleuses aventures indiennes. Doués du pouvoir de lui révéler l’avenir, les arbres annoncent au conquérant sa fin prochaine. Si, à l’intérieur du récit, la scène s’inscrit dans la volonté souveraine de domination de l’espace et du temps, elle relève également, de façon plus générale, du genre littéraire foisonnant des merveilles de l’Orient, dont le charme était de révéler à l’Occident un univers onirique.
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L’épopée d’Alexandre fut revue et corrigée dans le monde arabo-persan qui ne conserva du conquérant que le souvenir laissé par deux écrits apocryphes, celui du pseudo-Callisthène et celui de la Lettre d’Aristote à Alexandre. Le Roman d’Alexandre dont l’Occident hérita, est en effet une oeuvre orientale, mais la version arabe égarée n’est connue qu’au travers de versions syriaques ou coptes ; elle inspira cependant les poètes persans du XIIè siècle, tels Nizâmî ou Firdawî qui en firent un véritable roi de Perse, digne de figurer dans l’épopée nationale, Le Shâh NamehLe Livre des rois, aux côté des plus grands souverains de l’Iran ancien.

Firdawî fait le récit de la rencontre entre Alexandre et l’arbre devin :

Il y a ici une merveille telle que personne n’en a jamais vu de pareille en public ou en secret : c’est un arbre composé de deux troncs qui se sont joints en croissant, et une pareille merveille ne doit pas rester inconnue ; un des troncs est femelle et l’autre est mâle, cet arbre parle, a de larges branches et est beau et odorant. La nuit c’est la femme qui parle et émet son parfum, et quand le jour parait c’est le mâle qui parle.

Alexandre le Grand près de l'arbre qui parle - manuscrit Shah Nameh - Firdawsi 1330-1340 AIl-Khanid dynasty

Alexandre le Grand près de l’arbre qui parle – l’arbre du Soleil et de la Lune.
Manuscrit Shah Namêh – Firdawsi 1330-1340 (Iran médiéval)

22 réflexions sur “Les arbres du Soleil et de la Lune

  1. Yvon

    Si on me le demandait je dirais que ces arbres qui tirent l’avenir sont, à n’en pas douter: le chêne et … j’attends la réponse.

  2. C’est amusant, je crois me souvenir que chez Tolkien c’est la lune qui est mâle et le soleil femelle. Mais bon il était Anglais…
    Pour ce qui est de l’illustration (superbe) il est clair que nous avons affaire là à deux chênes, par contre je ne suis pas du tout certains que ce soient les essences qu’Alexandre ait rencontrées en Inde.

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