Le chêne du Hibou, dit « de Robert », Saint-Pardoux (Deux-Sèvres)

Dans les Deux-Sèvres, au cœur d’un triangle Parthenay, Azay-sur-Thouet, Saint-Pardoux – et sur cette dernière commune – s’élève un chêne énorme, ample, majestueux, généreux…
Au tout début du blog  j’avais contacté la mairie afin d’en savoir plus et qui sait, obtenir des photos ? Et très rapidement ils m’avaient envoyé des clichés de l’ancêtre et quelques données sur son histoire. Et comme le hasard fait bien les choses, l’auteur des photos m’a contacté par la suite pour me présenter d’autres vieux arbres. Et ce fut le début d’une longue collaboration, car depuis plus d’un an, Yanick nous régale de ses photos [1][2][3].

La semaine dernière, Yanick m’a fait passer toute une nouvelle série de photos afin de réaliser un nouvel article, car ce majestueux chêne mérite un véritable reportage !

« Ici s’étend, né des pratiques agricoles, un paysage particulier : le bocage. Une image forte, mais difficile à appréhender dans son ensemble, un paysage fermé où joue l’imaginaire : Pays de secrets, de mystères et de cachettes qui se livre par minuscules unités […].  Territoire marqué par les événements de la chouannerie, dont le paysage lui-même demeure une effigie très importante. Le « maquis » dans lequel il était possible de se cacher, les routes tracées ensuite par le pouvoir pour le mater, restent associées à une période de l’histoire de France encore très présente dans la mémoire collective. Un pays dont les haies aux vieux arbres têtards abritaient la chouette hulotte ou chat huant dont le hululement fit… le chouan. » [4]

Relevé en 2007 : 8,26 m au plus étroit (si l’on peut dire) / 8,50 m à 1,30 m

En juin 2010 : 8,30 m au plus étroit / 8,65 m à 1,30 m / 11,20 m à la base / hauteur 27 m.

« Que dire de plus sinon que Yann et moi sommes toujours autant en admiration chaque fois qu’on lui rend visite. Et on se gêne pas, il est à un quart d’heure de la maison !  Sur les photos, il parait encore + imposant. C’est un peu dû au fait qu’il est de section ovale. »

Le chêne du Hibou, aussi appelé « chêne de La Cigogne » (nom du lieu-dit), mais également « chêne de Robert » rappelant à tous que son tronc creux permit en 1832, au célèbre François-Augustin Robert dit Robert le Chouan de s’y réfugier durant l’insurrection royaliste.
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Le caractère apparemment réel de ces anciennes caches semble conforté par un rapprochement possible avec une lettre adressée par le maréchal de Saint-Arnaud à son frère, en octobre 1832, et dans laquelle il raconte la découverte d’un refuge d’anti-philippistes sous un vieux chêne de huit mètres trente de circonférence à un mètre du sol, et se dressant dans un champ proche de la ferme de La Cigogne, en Saint-Pardoux (Deux-Sèvres) :

« Figure-toi au milieu des terres, dans une palisse d’entre deux champs, un énorme chêne dont le tronc, d’à-peu-près huit pieds d’élévation, est creusé jusqu’au-dessous du sol. Imagine-loi un trou si large et si étroit qu’un homme aussi maigre que moi est obligé pour y pénétrer de se raidir et d’entrer en rampant, de se laisser glisser sur une pente conduisant à un souterrain long de six pieds, large de cinq et trois de haut, creusé sous terre. Des planches posées en long et soutenues par deux fortes solives empêchent la terre de s’écrouler sur leur tête et forment un plafond. Six pouces de paille hachée par un long service, voilà leur lil. Cinq hum mes peuvent vivre là, couchés, étendus, car même à genoux il faut baisser la tête ».

Saint-Arnaud, « le pistolet entre les dents », descend dans cette cache, mais en vain:

« Malheureusement, les chouans n’y étaient pas. Je n’ai trouvé qu’un soulier, un chandelier en bois grossièrement taillé, une pipe, des verres cassés, de vieux chiffons servant au nettoyage des fusils, un jeu de cartes. J’ai laissé le tout dans le même état pour me réserver la chance de me saisir de ses occupants. J’y suis revenu le soir même. J’ai embusqué mes hommes et j’ai passé la nuit dans le trou. Quelle nuit ! Quelle horreur ! Une odeur méphitique, le manque d’air, des mouches qui piquent. J’y aurais malgré tout passé dix nuits si j’avais été sûr d’en capturer les occupants. J ‘y suis revenu à diverses heures du jour et de la nuit, toujours sans succès. Les paysans des alentours nous auront aperçus rodant autour de l’arbre et les auront prévenus de la découverte de leur cache. Ils n’y retourneront plus. J’avais cependant pris toutes les précautions que peuvent suggérer !a prudence et la ruse … ».

Bien sür, ce récit ne se rapporte pas à la même époque que les précédents, mais il concerne toujours le même type de cache, ici quelque peu aménagée, et dont les occupants sont également des « Chouans », terme dont l’ambiguïté et l’usage immodéré prêtent souvent à des confusions géographiques ou chronologiques. Du reste, la toponymie locale désigne cc chêne, encore debout de nos jours, sous le nom de « Chêne de Robert le Chouan ».

Source : Arbres creux et guerres de Vendée (Dossier 20 pages en .pdf)
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Merci pour toutes ces nouvelles photos Yanick, et également pour les mesures actualisées. Quel quercus robur exceptionnel ! Car s’il n’est pas le plus gros recensé en France, il est, à n’en pas douter, un des plus majestueux. Une ramure royale qui respire la santé, et ce tronc… colossal et magnifique ! J’ai hâte de monter pour le festival Téciverdi, car je te soupçonne de vouloir nous faire rencontrer ce vaillant gardien légendaire, témoin de l’histoire de ce pays.

Ce chêne est sur une propriété privée, alors comme d’habitude respectez les lieux…
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Ce vénérable ancêtre nous a accueilli pour notre première rencontre arboricole,
alors si vous voulez voir nos trombines (Krapo, Sisley, Gilles et Yanick), c’est par .
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Un article paru dans la Nouvelle République 18 juillet 2005 [5] :

« Le chêne à Robert le Chouan a vu arriver le premier comte de La Salinière en 1560. Il était déjà là, dressé dans ce coin de champ sur la commune de Saint-Pardoux (Deux-Sèvres) et n »a cessé, tout comme la famille dont les descendants s »occupent des 220 ha de terres, fruitières, bois et étangs, de prospérer depuis 1.100 ans. »

« Jugez-en : tour de taille 8,10 m, tour de tête 25 m, ramure 379 m2, hauteur 25 m, fertilité en dizaines de kilos de glands. Et le vieil arbre « cabourne », creux en patois, pète toujours le feu et a même peuplé le Canada de rejetons vigoureux il y a une quinzaine d »années. »

« Chêne têtard le plus gros de France parait-il – ce qui signifie en droit ancestral : au propriétaire le tronc, aux fermiers les branches pour le bois de feu – il tient son nom de François Robert, fidèle à Charles X qui, en 1832, partit en guerre contre Louis-Philippe et devient chef de bande, dépouillant le percepteur et narguant la maréchaussée. »

« Cette époque, que l »histoire appelle la Petite Chouannerie, a vu le fameux Robert prendre la tête d »une poignée de déserteurs, réfractaires et journaliers agricoles. Et se cacher à plusieurs reprises dans l »arbre pour échapper aux gendarmes. Car suite à un orage il y a des siècles, le chêne bée d »une ouverture de 3,20 m de haut sur une largeur de 2,10 m. De quoi s »installer confortablement autour d »une table ronde de bistrot avec deux chaises pour déguster un coup de jus de pomme de Gâtine, si l »arbre à Robert n »était sur une propriété privée. »

O. M.

45 réflexions sur “Le chêne du Hibou, dit « de Robert », Saint-Pardoux (Deux-Sèvres)

  1. Il a vraiment l’air gigantesque ! Un jour, j’irai le voir car j’aimerais bien savoir sa circonférence à 1m30 pour pouvoir réellement comparer avec les autres chênes géants. De plus, ses premières branches paraissent accessibles et ce serait une super expérience que de grimper dans sa ramure. 🙂

  2. Ping : Les arbres de Niort (Deux-Sèvres) « Krapo arboricole

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  5. Ping : Index pour les chênes « Krapo arboricole

  6. Ping : Le chêne du Hibou « Krapo arboricole

  7. Yanick

    Superbe, la façon dont tu as réussis à remanier cet article.
    Les informations sur la toponymie et sur les chênes creux de Vendée vont en passionner plus d’un.
    Bien sûr qu’une visite s’impose, on en profitera pour reprendre des mesures.
    Quelquefois j’ai l’impression qu’il respire.

  8. Content que le résultat te plaise ! C’est grâce à toute la doc que tu m’as fourni, et puis encore une fois tu m’as passé de super photos ! J’ai lui donné un nouveau titre, car le Hibou résonne mieux à mon oreille, et puis je ne voulais pas relire de « querelle » linguistique sur la chouannerie…

    Je verrais bien une photo de nous quatre devant ce vénérable, et puis j’ai vraiment hâte de le rencontrer et d’essayer de grimper dans ses branches…

  9. Yanick

    Moi aussi le Hibou ça me convient et je pense que ça plaira aussi à Pdero.
    J’espère qu’il appréciera aussi le dossier PDF sur les chênes creux et les guerres de Vendée.J’avoue que j’ai pensé à lui quand j’ai trouvé ce document.
    Comme quoi, comme dans les vieux couple une petite « querelle » ça rapproche.
    Pas vrai Pdro.
    En tout cas j’attends ton analyse sur ce dossier avec impatience, et je suis sûr que l’on trouvera un terrain (arboré) d’entente.

    Pour la photo des 4 j’ai déjà appuyé sur le retardateur !!!

    T’as des nouvelles de Gilou ? Faudrait peu-être que Sisley aille le dépendre de cet arbre !!!!

  10. Yanick

    Salut Gilles,

    Y’a pas de Cathédrale à Niort, mais on va s’arranger pour fixer un pont de RDV.
    Je t’envoie un mail.
    Et tu le trouves comment l’article remanié sur ce chêne ?

  11. Sisley

    Yanick :
    Hé Sisley, t’es de la partie toi aussi ?

    Oui, mais je risque d’arriver quand même un peu plus tard que 10h, le cheval de fer ne va pas plus vite.
    Je vous avertirai quelques jours avant, afin de faire un petit briefing.

    Au fait superbe arbre, un chêne bouteille qui en épatera plus d’un !!

  12. Le stand c’était pour rire !
    Quoique j’y ai déjà pensé mais pour le Lot, mini stand krapo arboricole sur des marchés des zones inexplorées, je m’étais dit que ce serait un bon moyen pour récupérer de l’info, et qui sait recruter des reporters ?

    Tenir une buvette… j’suis pas assez sérieux pour ça ! (lol)

  13. Yanick

    Bon OK, par contre pour ta princesse j’ai trouvé une solution.
    Avec Gilou et Sisley on t’a inscrit à la nouvelle émission de M6
    « Le bonheur est au coin du bois » qui va bientôt remplacer « Le bonheur est dans le pré » pour cause de chute d’audience.
    Nul doute que ça va remonter en flêche avec une telle tête d’affiche !!!

  14. pfff, je viens de vérifier sur le net si ça existait… 😉
    Tu m’as foutu la trouille avec cette inscription ! Je crois que je préfère rester célibataire plutôt que de passer pour un idiot en prime-time ! Ou encore tenter ma chance avec ma drague à deux francs, c’est l’été tout est possible !

    De toute façon, à ce qu’il parait c’est quand on s’y attend le moins que ça vous tombe dessus, alors je cherche pas trop !

    Je suis en train de faire le tri dans les brouillons, c’est la raison de tous les textes ces jours-ci ; j’aimerai bien ranger mon « bureau » avant de partir en vacances. Demain un cèdre par François, et une star belge par Sisley, aussi quelques vieux clichés du chêne vert de Poulx.

  15. Sisley

    « Le bonheur est au coin du bois » ?!! (lol)
    Il fallait la trouver celle là.

    …………..
    Punaise c’est vrai qu’elle est chargée la prog.
    Je vous en dirai plus quand j’aurai une confirmation pour l’arrivée le 09.

    Par contre j’ai pas encore trop d’idées par rapport à un hébergement, je serai à pied et je compte rester jusqu’au dimanche vers midi, voire plus..

  16. Ola,

    un pote me dépose à Bordeaux mercredi soir, donc je serais sur Niort jeudi en fin de matinée (le stop est facile sur cet axe fréquenté), le hic c’est que j’ai un entretien pour du boulot en début de semaine… j’espère que ça ne m’empêchera pas de monter ; des mois que je cherche et c’est maintenant que ça se débloque !

  17. Ping : L’érable champêtre de la Bonninière, Saint-Pardoux (Deux-Sèvres) « Krapo arboricole

  18. Ping : Chênes du domaine de la Chapelle, La Chapelle-Montlinard (Cher) « Krapo arboricole

  19. c.fillon

    joliment commenté, merci de faire vivre cet arbre ou un de mes ancetre, y a parait-il trouvé refuge dans un autre temps!!!

    1. claudine JOVELIN

      je me penche aussi sur cet arbre que je découvre et qui a aussi protégé un de mes ancêtres nommé Robert le Chouan. Aurions-nous le même ancêtres ?

      Merci.

      Claudine.

  20. Franck G.

    je tombe par hasard sur cet article, ces images me rappelle ma jeunesse. Il y a bien longtemps que je n’ai pas vu ce vénérable. Dès que je le peux j’y emmènerai mes filles pour leur montrer ou je trainais mes souliers à leur âge.
    Je suis ravis de savoir qu’il fasse partie des arbres remarquable de la région. C’est une petite fierté pour ma commune d’origine.

  21. Ping : Le gros tilleul de Chez Jamy* à Jouhé commune de Pioussay (Deux-Sèvres). | Les têtards arboricoles

  22. Ping : Le Chêne du logis du Theil, Saint-Aubin-le-Cloud (Deux-Sèvres). | Les têtards arboricoles

  23. camille

    J’ai eu le bonheur de le visiter aujourd’hui, un vrai colosse, ça vaut le détour!
    Il parait encore très vigoureux, vraiment impressionnant pour un arbre de cet age, même si il est creux il semble pouvoir continuer a grandir encore un bon moment 🙂

  24. Ping : Comment mesurer un arbre ? – Krapo arboricole

  25. Clémence Couppé

    Ce jour je me suis rendu avec mes filles au pied de l’arbre… que nous avons cherché. Ma fois ce fût une belle découverte à côté du champ de tournesol! L’une des branches est cassée et a fait une entrée à mi hauteur. A l’intérieur du chêne creux comme un plancher de terre, que je ne me suis pas risqué à traverser.

    1. Bonjour Clémence,

      merci de nous donner des nouvelles de ce vieux chêne, quel dommage qu’il ait perdu une charpentière… J’espère malgré tout que cela ne l’affaiblira pas trop.

      Si jamais tu veux me faire passer des photos, tu es la bienvenue !

      A bientôt

  26. jean pierre MORTAUD

    Madame monsieur
    Descendant des Fouchereau de Boismé j’ai le frère d’un ancêtre qui participa aux aventures des bandes entre 1832 et 1836 avec Robert le chouan et bien d’autres.Pouvez – vous me dire si ce chêne existe encore ( 01/10/2020) car il me fait rêver et je veux aller le voir !!!!
    Cordialement

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